samedi 30 juillet 2011

Ferveur populaire à Huamachuco!

Arrivé à proximité de la Plaza de Armas, je constate que les rues sont bloquées à cause d’un rassemblement. Un homme vient à ma rencontre, fasciné par ¡Caramba! Je lui demande s’il ne connaît pas un mécano qui pourrait m’aider. Il me dit de le suivre. José est journaliste à la chaîne de télé locale et semble très populaire ici. Il me presente à un de ses amis garagiste qui règle mon problème – gratuitement - en dix minutes. J’obeserve attentivement ses gestes afin de ne pas me faire piéger une nouvelle fois par ce problème dans le futur.
Puis il me présente à un autre de ses amis, journaliste vivant aux Etats-Unis et en vacances pour rendre visite à sa famille. Tous deux me proposent de les suivre et m’invitent à boire un verre d’Inca Kola dans un bar de la Plaza de Armas. Au passage, je crois que je commence à aimer cette boisson infecte qui n’à absolument rien à voir avec du Coca-Cola (mais qui fait partie du giron Coca-Cola), très populaire ici. Ils m’expliquent que débute aujourd’hui quinze jours de festivités, avec corridas, bals et messes. En milieu d’après-midi commence un incroyable défilé d’hommes tirant à l’aide de cordes un immense tronc d’arbre mesurant trente ou quarante mètres de long.


Après une heure de manoeuvres effectuées dans un vacarme assourdissant, le tronc est amené à une extrêmité de la place.  Puis, ces mêmes hommes font le tour de la place avec un immense drapeau péruvien.

Alors que j’admire la scène depuis le trottoir, deux jeunes m’invitent à leur balcon pour mieux profiter du spectacle.

Nous discutons autour d’une bière, encore une fois généreusement offerte, et ils me convainquent de rester en ville cette nuit mais n’ont malheureusment pas la place de m’héberger. Je les quitte donc pour trouver un hôtel, mission difficile car la fête attire des touristes de tout le pays. Après plusieurs tentatives, j’en trouve un mais lorsque je reviens sur la place, imposible de retrouver mes amis  du jour. Cependant, j’arrive juste à temps pour profiter du temps fort de la journée : des dizaines d’hommes s’emploient, non sans mal, à dresser à la verticale ce mat gigantesque et à hisser le drapeau. Après deux heures d’effort, dans une grande ferveur populaire et au rythme de nombreuses fanfares, le mât et le drapeau péruvien dominennt fièrement la Plaza de Armas.
La fête bat alors son plein. Elle me rappelle les fêtes de Bayonne, avec malheureusement les mêmes excès. Les festivités n’ont pas commencé depuis deux heures que déjà de nombreux hommes sont complètement saouls et que les premières bagarres éclatent. D’ordinaire, je ne suis pas vraiment fan de ce genre de rassemblement mais ici, les tenues colorées et la musique typique me dépaysent totalement. De plus, je n’éprouve pas le sentiment habituel d’étouffement. Les péruviens n’étant pas très grand, je domine en effet toute la foule du haut de mon mètre quatre-vingt.

Alors que je me promène au milieu de la foule, l’un des hommes rencontré le matin à MarkaHuamachuco le matin me reconnaît et vient à ma rencontre.  Il m’invite dans sa maison, à proximité de la place, où a lieu une fête de famille. L’accueil est chaleureux. Je suis l’invité d’honneur de la famille ce soir et on m’offre largement à boire. Au passage, les péruviens ont une façon spéciale de trinquer : on trinque mais avec un seul verre pour un groupe de personnes. Ainsi, une personne remplit son verre de bière, puis  passe la bouteille à son voisin : on trinque verre contre bouteille, mais seule la personne ayant le verre boit, car il n’est pas question de boire à la bouteille. Puis la personne ayant bu passe le verre à son voisin qui, lui, passe la bouteille à son autre voisin! Cela fait plusieurs fois que cela se produit donc j’imagine que c’est une coutume! L’alcool aidant, je ressens vite la fatigue et quitte mes convives à 21 heures pour rejoindre mon hôtel. Mais je suis vraiement heureux d’avoir pu vivre un authentique moment populaire de l'intérieur. D'autnt plus authnetique que je n’ai pas vu un “gringo” dans la foule.

vendredi 29 juillet 2011

De Cajamarca à Huamachuco

Après un nouveau savoureux petit-déjeuner – les jus de fruits frais en particulier sont fabuleux ici - pris au marché, il est temps de reprendre la route. A la sortie de la ville, un cycliste vient à ma rencontre. Il connaît très bien les routes de la région qu’il parcourt régulièrement et me dresse donc avec précision le profil de l'étape. Il prévoit d’ailleurs de faire mon trajet demain avec quelques amis et me propose de me joindre à eux, mais je suis parti et j’ai vraiment envie de reprendre aujourd’hui le cours de mon voyage. Après une belle ascension, je découvre une grande vallée fertile et au fond, la Cordillère qui commence à s’élever sérieusement. La descente dans la vallée m’offre un panorama splendide.

La traversée de la vallée est plus longue que prévue car la route est un long faux plat montant. En fin de journée, je commence l’ascension pour rentrer dans la Cordillère et me mets en quête d’un campement. Alors qu’une famille m’arrête pour prendre une photo, des villageois me proposent de planter ma tente sur le terrain de l’école du village. Très vite, un attroupement fort sympathique se forme autour de moi. Au moment de préparer mon repas, je constate que mon réchaud fonctionne mal. Le carburant que j’ai acheté le matin même ne s’enflamme pas. Cela n’est pas grave, j’ai de quoi me faire un repas froid. Mais l’une des femmes du hameau me prend en pitié et m’apporte une délicieuse soupe de quinoa : un vrai régal!

Le lendemain, je poursuis l’ascension. Lors d’une pause, un homme surgit de nulle part avec son caméscope et me pose des questions sur mon voyage. Il me fait faire plusieurs prises et lorsque je repars, il court à côté de moi pendant une centaine de mètres en commentant la scène. Ça lui fera certainement un beau film! Après 10 km d’acension, j’arrive à Cajabamba où je me ravitaille avant de reprendre mon ascension en direction de Huamachuco. Une famille vient à ma rencontre et me donne des conseils sur mon itinéraire. Ils me conseillent notamment de visiter les ruines de MarkaWamachuko, à 10 km environ de la ville actuelle de Huamachuco. Elles sont visiblement beaucoup plus imposantes que celles de Kuélap et la route pour s’y rendre est asphaltée. C’est un détour mais qui vaut visiblement la peine. La route pour Huamachuco est difficile puisque je grimpe pendant près de cinquante kilomètres. Mais la récompense est au bout avec une superbe descente sur le lac Sausacocha, avant une remontée brutale sur Huamachuco qui fait très mal aux cuisses.

Entré dans la ville, je me fais arrêter par trois pilliers de comptoirs en train de boire de la bière sur le trottoir d'un café. Ils veulent me montrer l’hospitalité péruvienne et me paient donc des verres de bière.

Impossible de m’échapper pendant près de deux heures. Mais en revenant des toilettes, je m’aperçcois qu’ils se sont volatilisés! Je ne sais pas où ils sont touts passés mais j’en profite pour partir. Il fait nuit désormais mais je ne veux pas dormir à l’hôtel. Je prends la direction des ruines de Marka en espérant pouvoir rapidement m’installer. Mais la route est à flanc de falaise. Finalement, je trouve, un mètre en contrebas de la route, une plateforme naturelle suffisamment grande pour m’accueillir. Cela fera l’affaire popur ce soir car il y a très peu de trafic, la route étant un cul-de-sac vers les ruines et j'en ai plein les pattes.

Je me réveille à l’aube et profite d’un superbe lever de soleil. Je constate effectivement que j’ai vraiment dormi au bord d’un precipice d’une centaine de mètres au moins et le spectacle n’en ai que plus beau!

Je me mets en route tôt car je prévois de visiter les ruines le matin avant de poursuivre mon chemin l’après-midi. La route est pentue mais effecitvement en bon état … pendant cinq kilomètres. Malheureusement, cela devient rapidement une piste, puis un chemin sur lequel je progresse avec beaucoup de difficultés et où, par endroits, je dois pousser le vélo. Tout à  coup, nouvel incident, mon dérailleur se bloque. Une des roulettes du dérailleur a pris la poudre d’escampette. Heureusement je la retrouve mais mes  compétences en mécanique montrent ici leur limite. Je supute que la réparation n’est pas difficile mais je ne sais tout simplement pas comment faire. Je ne suis cependant pas plus inquiet que ça car la ville est proche et je pourrai facilement la rejoindre, le chemin étant en descente. En attendant, je n’ai pas produit tous ces efforts pour rien et décide donc de pousser ¡Caramba! pendant encore deux kilomètres pour rejoindre le site archéologique.  J’espère vraiment que cela en vallait la peine!
Et bien la réponse est non! Certes, le site offre une vue remarquable à 360 degrés sur Huamachuco et ses evirons mais les ruines en elles-mêmes sont très décevantes. Le site est grand puisqu’il s’étend sur plusieurs kilomètres mais il très mal conservé. Je n’y vois que quelques tas de pierres très espacés les uns des autres. Autant il était facile d’imaginer la vie à Kuélap, autant ici je ne ressens rien. Seules les ruines du chateau circulaire, doté d’un double mur d’enceinte, sont impressionnantes.

En revanche en me promenant sur le site, j’ai l’impression d’être une rockstar. Tous les gens que je croise sur le site me demandent de poser avec eux en photo. La plupart m’ont doublé en voiture pendant l’ascension et sont visiblement admiratifs. D’habitude, c’est davantage ¡Caramba! que moi que l’on prend en photo, mais là c’est bien moi la star!
Puis je rejoins Huamachuco sans donner un coup de pédale …

mardi 26 juillet 2011

Mise à jour du blog

Silencieux depuis mon entrée au Pérou, et pour cause j’ai été bien occupé, j’ai enfin rattrappé mon retard. Le blog est donc à jour au 26 juillet.
J’ai de plus recommencé a mettre des photos car j’ai finalement réussi  à faire repartir ma batterie de panneau solaire (je vivais encore sur la charge effectuée à Partis avant mon départ!) . Cependant, la connexion était tellement lente que je n’ai pas pu en ajouter beaucoup. J’ai comencé par compléter Baños et Puyo. J’ajouterai les autres dès que je le pourrai.
Nico, merci de ton aide! Tu trouveras la réponse à ta question concernant ma carte bancaire dans un de mes billets. Merci aussi à mes parents qui, à ce sujet, m’ont bien aidé.
Etienne, concernant mon niveau d’espagnol, il progresse en effet, meme si en fin de journée, après mes 8 heures d’effort, c’est parfois un peu difficile de comprendre ce qu’on me dit. Mais après une bonne bière, ça repart!  Un mot sur mes journées  à ce propos. Je me lève généralement vers 6 heures pour un départ vers 7h-7h30. Je pédale généralement entre 6 et 8 heures par jour, ce qui avec les pauses, représente une journée de 10 heures environ. Le nombre de pauses pendant la journée varie considérablement selon la difficulté de l’étape. Mais globalement je fais une pause toute les heures pour grignoter du sucré et du salé. Je ne prends généralement que deux repas par jour : le matin et le soir. Mais avec toutes les barres et le coca que je m’enfile, je dois bien tourner à 4.000 calories par jour. Je m’arrête aux alentours de 18h00-18h30, lorsque le soleil se couche et me couche entre 20 et 21h.
Enfin si vous voulez m’envoyer des messages plus personnels, je vous redonne mon mail : dmoucheroud@yahoo.fr

Charmante Cajamarca

Dès ma sortie du bus, l’accueil de la population à la Gare routière est très sympathique et je sens que je vais me plaire ici. C’est en poussant ¡Caramba!, sur 1,5 kilomètre que je rejoins la Plaza de Armas aux abords de laquelle se trouvent la plupart des hôtels. En ce dimanche soir, les rues sont bondées, ce qui me change. En marchant, je discute avec un groupe de jeunes sortant d’un bar où ils viennent d’assister à la victoire de l’Uruguay en finale de la Copa America. Ils m’indiquent qu’il y a plusieurs magasins de vélo et que je pourrai sans problème remettre sur roues ¡Caramba!
Au fur et à mesure que je me dirige vers le centre ville, je découvre une très belle ville, dont quelques monuments sont magnifiquement illuminés. Arrivé à la Plaza de Armas, deux vieux monsieurs m’aident à trouver un hôtel, ce qui n’est pas une mince affaire, car beaucoup affichent complet. J’en trouve finalement un dans une rue adjacente et sort découvrir cette très belle ville chargée d’histoire. C’est en effet à Cajamarca, en 1532, que Francisco Pizarro captura, emprisonna et finalement exécuta Atahualpa, le dernier Empereur Inca - malgré le versement d’une rançon colossale -, mettant ainsi un terme à l’un des plus grands empires de l´histoire.

Il ne subsiste presque aucune trace des Incas à Cajamarca, mais on peut toutefois admirer les sublimes édifices laissés par les conquistadors, notamment la cathédrale et l’Eglise San Francisco.


Après un bon petit-déjeuner pris accoudé à une échoppe du - coloré - marché, je m’attelle à la recherche d’un magasin de vélo, ce qui s’avère plus compliqué que prévu. A la simple vue de ¡Caramba!, deux vélocistes me disent qu’ils ne peuvent rien faire pour moi alors que les pièces dont j’ai besoin sont classiques. Ils m’indiquent un magasin que je n’ai jamais trouvé. Dépité, je demande à des cyclistes dans la ville. Car pour la premère fois, je vois de nombreuses personnes se déplaçant en vélo, et parfois sur de beaux vélos. Mais ils m’indiquent tous le magasin invisible. Finalement, un homme dans la rue me dit qu’ici, un pasionné de vélo peut m’aider. Mais je ne trouve qu’une imposante  porte en bois sans aucune indication laissant penser qu’il y a ici un commerce de vélos. Un vendeur de fruit, qui semble connaître mon hypothétique sauveur, me dit qu’il ne va pas tarder et que c’est effectivement l’homme de la situation. J’attends, donc, et au bout de quinze minutes arrive un vieux monsieur sur une bicyclette hors d’âge. Ses yeux se remplissent de joie quand il aperçoit ¡Caramba!.  Lorsqu’il ouvre la porte de son atelier, je découvre un vrai capharnaum que ne renierais pas mon père, bien au contraire!


La providence, je suis tombé sur un bricoleur de génie qui fabrique et répare tout ce qui est à pédales : bicyclette, tándem, triporteur, tricycles, quadricycles, …  C’est donc l’esprit tranquille et léger que je lui laisse ¡Caramba¡ que je récupère le lendemain. Entre temps, j’en ai profité pour coninuer à découvrir cette charmante ville où il semble faire bon vivre.

Ce matin, j’ai aussi assisté à un défilé civil et militaire célébrant deux jours en avance (ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée) la fête de l’indépendance (Fiestas Patrias).
Demain, je reprends enfin la route, en direction de Huaraz et de la Cordillère Blanche, ce qui devrait me prendre une petite semaine. J’ai hâte de découvrir de nouveaux paysages que l’on me promet superbes. Je pars dans d’excellentes conditions puisque le temps est au beau fixe depuis quelques jours, mon vélo est passé entre des mains expertes et ma batterie de panneau solaire marche à nouveau. Bref, c’est le Pérou!

dimanche 24 juillet 2011

Trésors de Chachapoyas

Une petite virée nocturne a confirmé ma première impression. Chachapoyas est très agréable, des rues priétonnes pleines de vie, des échoppes variées, de belles couleurs,…
Le lendemain matin, je prends un bon petit déjeuner sur la charmante Plaza de Armas baignée de soleil, puis me dirige vers l’agende voyage où j’ai réservé une excursion dans les environs de Chachapoyas. Accompagné d’une dizaine d’autre touristes, tous la trentaine, dont six français, je monte dans un minibus pour une heure de trajet. Puis nous entamons une magnifique marche de deux heures vers Gocta, la troisième plus haute cascade du monde, avec 771 mètres, derrière “Salto El Angel” au Vénézuela (972 mètres) et “Tugelafalls” en Afrique du Sud (948 mètres). La cascade est en deux parties, avec une première chute de 221 mètres puis une seconde de 550 mètres. Le cadre est impressionnant même si le débit est peu important (cela n’a rien à voir avec les chutes d’Iguazu, beaucoup moins hautes mais aussi beaucoup plus puissantes par exemple).

La beauté du site est renforcée par le peu de monde que ne croisons. Il faut dire que le site est peu connu car cela peut sembler incroyable mais il n’a été découvert qu’en 2006 par un explorateur allemand. On peut expliquer cette découverte tardive par le fait que la cascade est invisible depuis la route. De plus, les habitants du hameau où commence la marche ne s’y rendaient pas. Ils croyaient en effet en une légende prétendant que la cascade était occuppée par une mystérieuse sirène et un serpent géant prêts à attaquer quiconque tenterait de s’en approcher.
De retour à Chachapoyas, je me mets en quête d’un magasin de vélos. On m’indique une adresse et en m’y rendant, je tombe une nouvelle fois sur Alan et Erin. Eux aussi ont connu de gros problèmes mécaniques et ont pris un minibus après 30 kilomètres. Ils m’apprennent que le magasin de vélo ne répare en réalité que les motos. Nous allons dîner ensemble et me disent quíls ont décidé de prendre un bus pour Trujillo, grande ville de 800.000 habitants située sur la côte pacifique, où Allan a un contact. Pour ma part, je n’ai pas envie de me rendre à Trujillo car ça n’est pas sur ma route et surtout, je n’en ai pas eu de bons échos, de la part touristes comme de péruviens. Je dois donc trouver une autre solution. Nos routes se séparent mais nous nous échangeons nos coordonnées car nous serons certainement amené à nous revoir.

En attendant, le lendemain, nouvelle excursion, en compagnie de quatres touristes avec qui j’était la veille à Gocta : Marine, une française qui, après une mission de bénévolat de quatre mois dans un foyer catholique pour jeunes filles à Lima, fait un peu de tourisme avec  un couple d’amis péruviens, Guillermo et son amie, et enfin James, un anglais qui se promène quatre mois en Amérique du Sud.

La destination du jour est Kuélap, la plus grande forteresse de pierre d’Amérique du Sud. Un trésor méconnu de la civilisation Chachapoyas – des guerriers fiers et féroces qui exposaient les têtes de leurs ennemis et mangeaient leur coeur  qui ont régné sur la région de 800 à 1400 après J.C – détruite par les Incas.

Cettte forteresse, au sommet d’une montagne située à 3.100 mètres d’altitude, occupe toute la crête, soit 100 mètres de large sur 600 mètres de long. Elle est entourée d’un impresionnant mur d’enceinte de 20 mètres de haut et renferme près de 400 habitations : des maisons circulaires de cinq mètres de diamètre environ , avec des murs de 3 mètres et un toit en bois et feuillages. Le site est magique car il n’y a absolument personne (en trois heures de visite, j’ai du croirer dix touristes!) et les falaises entourant la forteresse sont vertigineuses. De plus, la faune et la flore qui ont envahies les ruines crée une atmosphère unique. A voir absolument si vous vous rendez dans le nord du Pérou, ce que je vous recommance d’ailleurs vivement.




Pour conclure cette belle journée, on se retrouve avec mes compagnons du jour dans un bar de Chachapoyas. Avant de nous quitter, Guillermo me donne ses coordoonnées pour le contacter une fois à Lima. Je n’avais pas prévu de m’y rendre mais comme c’est la deuxième fois en trois jour que je suis invité à Lima, je pense que je vais m’y arrêter.
Après une très courte nuit de sommeil, je pars, en ce dimanche matin à six heures en bus pour Cajamarca où je devrais pouvoir faire réparer ¡Caramba!. Cajamarca compte en effet une ville de plus de 160.000 habitants. Une seule compagnie déssert Cajamarca car la piste est étroite, à flanc de montagne avec des passages vertigineux. La route est sublime puisque après une ascension de 20 km jusqu’à un col à plus de 3.600 mètres, la piste descend pendant 60 kilomètres, jusqu’à 900 mètres d’altitude pour franchir un fleuve avant de remonter pendant 50 kilomètres jusqu’à 3.800 mètre avant d’atteindre Cajamarca , situé à 2.800 mètres d’altitude. Les paysages sont incroyablement variés, passant en quelques kilomètres d’une végétation dense à un désert où seuls quelques buissons et cactus arrivent à pousser.
Je suis cependant un peu frustré de ne pas pouvoir faire ce trajet en vélo, ce qui m’aurait pris cinq jours, contre douze heures en bus. Ce sentiment est renforcé lorsque nous croisons deux cyclotouristes en sens inverse. Il est 18h00 lorsque le bus arrive à Cajamarca.

jeudi 21 juillet 2011

Bris de chaine un jour, bris de chaine toujours!

Je commence par repartir en arrière sur une quinzaine de kilométres pour rejoindre Bellavista. A cet endroit, un bateau permet de traverser le fleuve, m’économisant plus de 40 kilomètres de route sans beaucoup d’intérêt. Les habitants de ce charmant village me disent que deux étrangers en tandem sont passés il y a vingt minutes. Il ne peut s’agir que d’Alan et Erin.
Arrivé au fleuve, je constate que la traversée s’effectue sur une minuscule barque sur laquelle nous hissons avec quelques difficultés ¡Caramba! La traversée dure moins d’une minute mais est pleine de charme.

Le charme continue d’opérer de l’autre côté de la rive car après deux kilomètres d’ascension, s’étend devant moi un désert rocailleux avec les Andes en fond : sublime!
Après une dizaine de kilomètres de pistes dans ce désert, je rejoins la TransAndina, grande route traversant le nord du Pérou d’Ouest en Est. Je progresse à bonne allure et au détour d’un virage, à l’ombre d’un arbre, j’aperçois Alan et Erin faisant la sieste. Alan souffre de diarhée, et ils on peu roulé ces deux derniers jours. C’est pourquoi,malgré mon jour de repos force à Jaén, nous retrouvons à cet endroit. Je m’accorde également un petit somme puis nous repartons ensemble. Nous roulons deux heures dans un paysage superbe puisqu’au desert, succède une vallée. La vallée se transforme en gorge, de plus en plus étroite. Le lieu est idéal pour camper et Alan nous trouve un bel endroit au bord de la rivière pour nous poser pour la nuit. J’en profite pour prendre un bain très rafraichissant ds la rivière!
Le lendemain, la journée s’annonce bien avec une belle ascension jusqu’à Chachapoyas, située à 2.300 mètres d’altitude alors que nous avons campé à 700 mètres. Mais après deux kilomètres, je casse ma chaine, une fois de plus. Je laisse partir Alan et Erin, je les rejoindrai plus tard dans la journée car ils prévoient de faire plusieurs pauses. Je répare et un kilomètre plus loin, un autre maillon casse, puis un autre et encore un autre. En tout, quatre bris de chaine en cinq kilomètres qui, à chaque fois me font perdre beaucoup de temps  car je dois enlever tout mon chargement pour réparer. De plus, la chaleur accablante n’arrange rien. Au total, je perds près de deux heures. J’en perds  davantage durant le reste de la journée car je roule prudemment en espérant atteindre Chachapoyas. J’arrive à parcourir 70 km, la distance indiquée sur ma carte jusqu’à Chachapoyas, mais je ne vous toujours pas la moindre et le soleil commence à se coucher et la chaine se met à sauter en permanence, rendant ma progression très difficile. Le problème ne provient pas en réalité de la chaine elle-même mais de la patte dérailleur qui est cette fois complètement usée. Je ne peux plus avancer du tout. Allan et Erin doivent eux être arrivés depuis longtemps.
A ce moment là, une famille de Lima en vacances à Chachapoyas s’arrête pour discuter avec moi et, constatant mes problèmes, me propose de me conduire à Chachapoyas, ce que j’accepte avec plaisir. Miguel et sa famille sont charmants. C’est une famille cultivée et très aisée. Ils ont voyagé de nombreuses fois en Europe, notamment en Provence où une de leurs amies réside (à Nyons précisément). Il propose un hôtel “sympathique” … à 100 soles “seulement ” la nuit. Voyant que ça n’est visiblement pas le genre d´hôtel que je fréquente, ils me déposent finalement devant un hôtel plus digne de mon standard à 15 soles la nuit!
Je prévois de rester plusieurs jours ici, d’abord pour réparer mon vélo, mais aussi pour faire un peu tourisme car les environs de Chachapoyas sont riches. De plus, la ville n’est pas grande mais semble pleine charme. Pour la première fois depuis mon arrivée au Pérou, je me sens bien dans une ville.

lundi 18 juillet 2011

Les emmerdes reprennent …

Je me mets en route tôt en ce lundi matin car je dois parcourir environ 120 km aujourd’hui. Le profil de l’étape est cependant facile et je dois retrouver pour la première fois de l’asphalte, et ce dès la sortie de San Ignacio. En réalité, la route est très mauvaise. Elle a été asphaltée mais certainement il y a très longtemps et n’a jamais été entretenue. Résultat, c’est encore pire qu’une piste car ça tape fort. Comme une libération, l’asphalte arrive après 55 km. Cela faisait cinq ou six jours que je n’avais plus roulé sur une bonne route et ça fait du bien. Je progresse rapidement malgré la chaleur et arrive à Jaén vers 16h00. La ville grouille de mototaxis et l’atmosphère est pesante. Je me faufile tant bien que mal dans ce traffic  infernal même si je ne me sens absolument pas en danger car ces mototaxis vont à peine plus vite que moi. Le plus difficile est peut être de répondre à leurs innombrables questions tout en manoeuvrant. Tout à coup, je m’aperçois que j’ai crevé à l’avant droit. Mais il m’est impossible de réparer dans ces conditions car 30 secondes après m’être arrêté, j’ai déjà une dizaine de personnes autour de moi qui m’assaillent de questions.
Je trouve un hotel à proximité dont l’un des employés me conduit dans le centre-ville en mototaxis – très fun au passage - pour y retirer de l’argent. Hélàs, après avoir essayer, sans succès dans quatre banques, je dois me rendre à l’évidence : ma carte ne fonctionne pas alors que j’avais prévenu ma banque de mon voyage. La gérante de l’hôtel, ayant déjà été confrontée à ce problème, accepte d’être payée plus tard et m’avance même un peu d’argent pour le repas du soir et appeler la banque. Ce que je m’empresse de faire le lendemain matin. Mais imposible de joindre ni le service carte, ni mon agence. Il me reste tout juste assez d’argent pour appeler mes parents. Ceux-ci tentent également de joindre la banque, mais sans succès. Je dois donc rester une journée de plus et attendre mais je n’ai plus du tout d’argent et plus de nourriture. Je jeûne donc toute la journée et en profite pour travailler mon espagnol en espérant que mes parents pourront joindre la banque mercredi matin (pendant la nuit de mardi à mercredi ici). Car il n’y a rien à faire ici. Jaén est étouffante et austère. La ville ne semble être occuppée que par des mototaxis et … des garages pour mototaxis.
Comme dîner, je me contente de la demi-finale de la Copa América entre le Pérou et l’Uruguay dans le salon de l´hôtel. Le match est soporifique et se termine par une victoire de l’Urugay (qui a remporté la coupe face au Paraguay en finale ; le Pérou a quant à lui pris la troisième place).
Le lendemain matin, je me lève anxieux mais le grand ciel bleu me redonne confiance et je me dirige à bon pas vers le centre ville encore désert pour voir si ma carte fonctionne. Lorsque les billets sortent du distributeur, j’exhulte de bonheur. Et sans vouloir faire du mauvais Audiard, ce qui est bon avec les emmerdes, c’est que lorsqu’elles se résolvent, on est tellement content qu’on est plus heureux qu’avant qu’elles ne surviennent. J’appelle tout de suite mes parents pour leur dire que tout est bon. Ils m’expliquent qu’ils ont réussi à joindre mon conseiller le matin même.
Je me dirige ensuite vers une pasteleria (patisserie) que je dévalise car je n’ai rien avalé depuis 36 heures. Surtout, je peux enfin reprendre la route.

samedi 16 juillet 2011

Le défi du Pérou

Malgré un coucher tardif, je me lève à l’aube tôt car je ne sais pas si je ne me suis pas installé sur un terrrain privé. Je lève donc le camp avant le lever du soleil et me pose quelques mètres plus loin pour réparer proprement ma chaine. Je pars sous la pluie et au bout de 10 kilomètres de piste en descente, j’aperçois enfin la frontière, matérialisée par un pont franchissant un fleuve.

Celle-ci n’est pas encore ouverte lorsque j’arrive sur place. L’occasion de discuter avec un groupe de jeunes se rendant au Pérou, et d’échanger les derniers dollars que j’avais gardé par sécurité contre des nouvelles Soles (1 sole = 25 centimes d’euro environ), la monnaie péruvienne.
Après une petite heure d’attente, la frontière ouvre. Il me faut encore plus d’une demi-heure pour m’acquitter des différentes démarches administrative. Il faut dire que très peu de touristes  passent par cette frontière, ouverte depuis seulement 1998 et encore difficile d’accès même si la construction du pont il y a quelques années a facilité les choses (auparavant, il fallait prendre un bac).
J’ai passé un peu plus de trois semaines en Equateur et parcouru exactement 1057 kilomètres. Si l’Equateur a été synonyme de nombreuses galères mécaniques, il a aussi été synonyme de paysages superbes et d’un accueil  extrêmement chaleureux. J’espère y revenir un jour pour visiter les régions que je n’ai pas parcouru, notamment la côte pacifique, la sulfureuse et magnifique ville de Guayaquil - plus grande ville du pays -, et les sublimes mais exclusives Iles Gallapagos.
Vers 10 heures, j’effectue mes premiers tours de pédales sur le sol péruvien et je mesure l’ampleur de la tâche qui m’attend car le Pérou est un pays immense (environ quatre fois la France) offrant des dénivelés vertigineux que je vais traverser intégralement du Nord au Sud. On m’a cependant promis des pistes en bien meilleur état qu’en Equateur ainsi que des pentes plus douces. Les premiers kilomètres confirment cela car la piste sur laquelle j’évolue est en effet assez roulante.
Arrivé au premier village, je constate une pauvreté plus grande qu’en Equateur, mais paradoxalement, également une plus grande joie de vivre. Cette impression s’est confirmée depuis. L’accueil est chaleureux, même si de nombreuses personnes, notamment beaucoup d’enfants ne me saluent pas mais me sifflent puis m’adressent un “Gringo” pas très agréable.
Je constate aussi qu’ici, on affirme encore plus nettement ses opinions politiques puisque les péruviens ne se contentent pas de drapeau à leurs fenêtres comme leurs voisins Equatoriens, mais peignent carrément la façade de leur maison aux couleurs de leur candidat favori, qu’il s’agisse de l’élection du maire ou du président.

Les élections présidentielles viennent d’ailleurs de se dérouler et ont vu la victoire de Ollanta Humala face à Keiko Fujimori, la fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori qui purge depuis 2009 une peine de 25 ans de prison pour meurtres et violations des droits de l'homme.
A la sortie du village, je me fais rejoindre par deux cyclotouristes en tandem. Alan et Erin, 33 ans tous les deux, sont américains (Wisconsin). Ils se rendent tout comme moi à Ushuaia, mais à la difference qu’ils ont commencé leur voyage au nord du Canada il y a treize mois. Ils ont donc traversé le Canada, les Etats-Unis, l’Amérique Centrale, puis le Vénézuela et la Colombie ! (pour ceux que ça intéresse, vous pouvez suivre leurs aventures ici). Nous roulons toute la journée ensemble jusqu’à San Ignacio, première ville depuis la frontière où nous décidons de nous octroyer un jour de repos.


L’argent échangé à la frontière me permet de me payer un luxueux hotel, avec douche froide commune, pour 2 euros la nuit et un bon repas au restaurant avec Alan et Erin qui me font partager un peu de leur fascinant périple qui devrait leur prendre au total près de deux ans.
La ville de San Ignacio n’ayant pas grand chose à offrir au voyageur, je consacre ma journée de repos au blog et à planifier plus en détail mon trajet. La ville, qui compte pourtant plus de 10.000 habitants ne dispose d’aucun distributeur d’argent. Et comme il ne me reste plus que six soles, je vais être obligé d’aller jusqu’à Jaén, m’imposant un détour de 30 kilomètres environ sur mon trajet. De leur côté, Alan et Erin doivent effectuer une réparation sur leur tandem. Je les quitte donc lundi matin et nous prévoyons de nous retrouver à Chachapoyas dans quelques jours.

vendredi 15 juillet 2011

Derniers et difficiles instants en Equateur

Après l’étape d’hier, je repars tranquillement pour une journée de vélo qui devrait être ma dernière en Equateur. La frontière n’est en effet, d’après ma carte, qu’à une trentaine de kilomètres et la piste est censée être plutôt descendante. C’est le cas au début mais très vite, les choses se compliquent et je me retrouve dans une côte de 6 km  dont 4 km à 10,5 %. Pour corser le tout, la piste est en plein soleil et j’ai chaud, très chaud. Une chaleur humide qui me fait transpirer à grosses gouttes. Et la piste est tellement raide que je ne peux pas faire de pause. J’arrive au sommet bien entamé mais la frontière ne devrait plus être très loin. Au bout d´une descente, j’arrive à Zumba, dernier gros bourg avant la frontière. J’en profite pour refaire des provisions et écouler mes derniers dollars. L’épicier m’anonce une mauvaise nouvelle : la frontière est à plus de vingt kilomètres et la piste est difficile. En fait, je me suis trompé en lisant la carte. J’ai en effet entre temps troqué ma carte de l’Equateur (échelle 1:700000) pour celle du Pérou (1:4000000).
Comme annoncés, les premiers kilomètres après Zumba sont extrêmement difficiles. Ça monte très dur et je souffre de la chaleur. Je sens l’insolation arriver et profite d’un replat à l’ombre pour y faire une longue pause. L’avantage du trike, c’est que c’est très pratique pour faire une sieste !

Deux heures plus tard, juste avant de repartir, j’inspecte le vélo et j’ai la désagréable surprise de découvrir qu’un maillon de la chaine est sur le point de céder. L’occasion de tester mon nouveau dérive-chaine qui s’avère très facile d’utilisation! Lorsque je repars, il fait nettement meilleur et progresse de nouveau à bonne allure. J’aperçois enfin la rivière que je crois être la frontière.
Mais arrivé au bord, je ne trouve qu’un modeste pont de bois et une nouvelle côte mais pas de poste frontière… 100 mètres après et alors que la nuit commence à tomber, un nouveau maillon casse. Je répare tant bien que mal à la lueur de la frontale et repars car je suis à flanc de montagne et je n’ai pas la possibilité de planter  la tente. De plus, J’aperçois sur la piste un des arraignées grosses comme la paume de la main. Je ne sais pas si elles sont dangereuses mais je ne veux pas le savoir! Je grimpe pendant 30 minutes pour arriver à un poste militaire de contrôle équatorien, mais toujours pas de frontière! Les militaires m’indiquent que la frontière n’est plus très loin : une dernière côte, puis une grande descente… Cette dernière côte, un mur à plus de 15 %, est fatale à ma réparation de chaine, qui cède de nouveau. Je décide de pousser ¡Caramba! sur les deniers hectomètres avant d’amorcer la descente en roue libre. Je croise trois jeunes en motos (sur une seule moto je précise, comme cela semble être la règle ici!) qui me disent que la frontière est encore loin et que je ferai mieux de m’arrêter pour la nuit, ce que je fais quelques minutes plus tard. Il est 21h00, le Pérou attendra demain.

jeudi 14 juillet 2011

Et 1000 bornes dans la besace…

La journée de repos n’en a pas vraiment été une. J’ai passé une bonne partie de mon temps au cyber café pour alimenter le blog. En effet avec le mauvais temps persistant, je n’ai toujours pas eu l’occasion de me servir de mon panneau solaire pour vérifier si ma batterie est HS ou non. J’ai voulu profiter de la vie nocturne – réputée ici notamment pour le nombre et la qualité des musiciens – mais en début de semaine, ça n’était pas l’idéal.
En sortant de Loja, les sensations ne sont pas bonnes, les jambes sont lourdes et j’ai certainement pris un petit déjeuner trop copieux. De plus, commencer la journée par dix kilomètres de côte n’est pas non plus le plus facile. Mais j’ai ensuite droit à ma récompense : une magnifique descente jusqu’à Vilcabamba! J’en profite car à partir de là, je ne reverrai pas l’asphalte avant le Pérou.

Les pistes sont vraiment difficiles ici : caillouteuses avec de nombreux nids de poule - qui ne me facilitent pas la tâche car je dois en permanence prévoir trois trajectoires différentes -, ou au contraire terriblement boueuses. Les tronçons en travaux sont le pires car les engins de chantiers défoncent encore plus la piste et la transforme en bourbier, comme ceux que j’ai dû affronter quelques jours plus tôt.
Je plante ma tente peu après le sommet d’une ultime ascenssion. Une fois n’est pas coutume, je m’installe de bonne heure afin de jouir d´un superbe coucher de soleil sur toute la vallée.


Le lendemain, l’état de la piste est toujours aussi mauvais mais les paysages sont grandioses. Je progresse difficilement, mettant près de 3h00 pour parcourir 15 km. J’amorce ensuite une descente dans laquelle je ne peux pas vraiment améliorer ma moyenne ni profiter du paysage car la piste exige une grande concentration. Je prends cependant beaucoup de plaisir à piloter mon trike dans ces conditions. J’arrive à Valladolid où une affiche vante le bon vivre de ce bourg. Mais je ressens exactement l’inverse. La plupart des habitants que je croise me jettent un regard sévère et ne répondent pas à mon salut. Ils sont chaussés de bottes en plastique et équipés d’un seau. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent mais leur réaction ne m’incite pas vraiment à demander. Cette entrée me glace le sang et me fait penser aux westwerns dans lesquels, lorsqu’un étranger entre dans le saloon, tout le monde interrompt sa discussion et le dévisage, craignant qu’il ne vienne troubler leur quête d’or (Jean-Charles, j’espère que cette référence te fera plaisir!). Je m’arrête tout de même ici car j’ai besoin de refaire des provisions. A ce moment là, je me rends compte que je n’ai plus mon mât avec mes drapeaux. Je suis vraiment contrarié meme si ça n’est évidemment pas vital. Il faut que je quitte ce lieu rapidement pour chasser le mauvais sort. Une piste plus roulante me permet de m’éloigner à bonne allure et comble de la chance, 10 km après Valladolid, un camion s’arrête à ma hauteur … et me tend mon mât avec les deux drapeaux. Je le remercie chaleureusement et me remet en route. En ce 14 juillet, c’est alors un véritable feu d’artifice qui se produit dans mes jambes et une deuxième journée commence alors que je roule pourtant depuis près de cinq heures. Je me lance alors le défi d’atteindre les 1.000 km ce soir. Il me faudra près de cinq heures supplémentaires pour cela car en fin de journée, je dois grimper des côtes terribles, notamment 3 km à 11 %. Mais la piste est à l’ombre, il fait frais, les paysages sont magnifiques et je suis porté par l’excitation de passer le cap symbolique des 1.000 premiers kilomètres.

Après quelques kilométres de descente effectués de nuit, je plante ma tente sur le terrain d’une famille qui m’accueille gentiment.  Le ciel est magnifique : c’est le premier jour sans une goutte de pluie depuis mon arrivée en Equateur.

mardi 12 juillet 2011

Merci pour vos commentaires!

Un grand merci à tous ceux qui me laissent des commentaires, ça me fait tès plaisir de vous lire, même si je n'ai pas forcément le temps de vous répondre individuellement.  Une mention spéciale à Adrien, qui est en tête du nombre de messages, comme lors de mon voyage en Australie / Nouvelle-Zélande. J'ai en particulier beaucoup aimé le message du service client Shimano :)

Par ailleurs, n'hésitez pas à mettre votre prénom car sinon, je ne sais pas qui m'a laissé le message.

J'ai tenu compe des remarques sur la date de tes messages : ils sont donc désormais à la date de la journée faisant l'objet du message et non plus à la date à laquelle ils apparaissent sur le blog.

Pour ceux que ça intéresse, j'ai également créé une nouvelle rubrique "Les étapes en chiffres", située en haut à gauche, et dans laquelle figurent le nombre de kilomètres et d'heures de pédalage de chaque étape.

Enfin, si certains souhaitent recevoir un mail une fois par jour avec ma position GPS, je peux rentrer votre mail dans le système de géolocalisation. Avis aux amateurs!

Encore merci pour vos messages!

Dim

lundi 11 juillet 2011

Une bonne entrée en matière dans la Cordillère !

Je me lève à 5h30 et me mets en route rapidement car aujourd’hui m’attend l’etape la plus difficile depuis le début de mon parcours. J’ai en effet prévu de me rendre à Loja, située à seulement soixante kilomètres de là mais de l’autre côté de la Cordillère.
Les premières difficultés viennent immédiatement puisque 300 mètres seulement après mon départ, je me retrouve dans une pente à plus de 15 %!  Après deux kilomètres de replat me permettant de de chauffer, j’entre dans le dur : un col de 45 km à 4,5 % de moyenne dont plusieurs  kilomètres à plus de 8 % ; les spécialistes apprécieront! L’ascenssion se passe bien car je monte tranquillement, à mon rythme, en écoutant de la musique pour la première fois depuis le debut du voyage. De plus, je me suis préparé mentalement au pire, c’est-à-dire neuf ou dix heures d’ascenssion. J’affiche un rictus, mais c’est un rictus de plaisir et non de douleur!
Je traverse d’innombrables chutes d’eau qui dévalent les pentes avec un débit incroyable. Quand on sait que nombre de ces torrents vont alimenter l’Amazone, on apprréhende mieux la taille et la puissance incroyables de ce fleuve. 


Après une passage un peu plus facile entre le 15 et le 25 ème kilomètres, la pente s’accentue et le mauvais temps fait son apparition. Bientôt, des trombes d’eau s’abattent sur moi et le brouillard se lève. Je suis un peu frustré de ne pas profiter du paysage mais en même temps, l’atmosphère est magique.
Au 35ème km, je me fais doubler par deux cyclistes. Quatre autres suivent un peu plus tard. Il s’agit des premiers que je croise depuis le debut de mon périple. Même si beaucoup de personnes suivent le Tour de France, le cyclisme en tant que pratique sportive est très peu répandu ici. Les seuls vélos que j’ai aperçu jusqu’ici sont peu ou prou les tricycles des vendeurs ambulants. Je n’ai pas vraiment le temps d’échanger car ils vont beaucoup plus vite que moi et la pluie battante n’incite pas à faire une pause.
Enfin, après sept heures d’effort, j’arrive au sommet et le temps est toujours aussi mauvais. Avec la fatigue, je commence à avoir froid et la descente d’une dizaine de kilomètres ne va pas arranger les choses. J’arrive frigorifié à Loja où je trouve rapidement un hotel. Je vais prendre une journée de repos.

dimanche 10 juillet 2011

Mes derniers kilomètres en Oriente

Comme convenu, le lendedain à 8h30, Jayme vient me chercher à mon hôtel. Nous chargeons toutes mes affaires et nous rendons sur un site de l’entreprise : le site de production de ce maudit asphalte. Le technicien me propose de fixer le porte-bagages avec des boulons de chaque côté. La solution est costaude mais je ne pourrai plus me servir du petit pignon. Ça n’est toutefois pas un gros sacrifice car je ne sais même pas si je m’en suis servi depuis mon arrivée en Equateur. Pendant que le technicien opère ¡Caramba!, Jayme me fait visiter le site et m’explique le processus de fabrication de l’asphalte. Une fois la ráration effectuée, il me dépose sur la route de Zamora.
Je me me mets en route à 10h30. La route a moins de charme que les jours précédents sur les 60 premiers kilomètres car je ne suis plus tout à fait dans la jungle et pas encore dans la Corrdillère. Mais elle est très roulante et me permet de progresser rapidement. La deuxième moitié est un peu plus difficile, mais beaucoup plus belle car j’aperçois de nouveau les magnifiques sommets de la Cordillère des Andes.
Le vélo marche formidablement bien et j’avale les kilomètres sans effort. Seul point noir de l’étape, des trombes d’eau accompagnent ma progression durant toute la journée.

J’arrive à Zamora à la tombée de la nuit.  La ville est beaucoup plus grande ce que je pensais et il ne me paraît pas raisonnable de camper cette nuit. Je trouve rapidement un hôtel économique (5 euros la nuit) où je peux garer le vélo en toute sécurité. Je me couche tôt car le lendemain, une très grosse étape m’attend.

samedi 9 juillet 2011

Une journée en enfer !

Il a plu toute la nuit et au lever, le temps n’est pas meilleur. Je finis de préparer le chargement en discutant avec trois hommes descendu d’un bus pour en prendre un autre. Je découvre en effet que, la veille, je me suis arrêté près d’un croisement de deux routes.
Les premiers kilomètres s’effectuent lentement car la piste redevient très mauvaise et la pente se fait plus raide. Au bout de quelques kilomètres, la route que j’emprunte ressemble davantage à un chemin qu’à une piste, avec tantôt des passages très caillouteux, tantôt des bourbiers dans lesquels je consomme une grande énergie pour avancer à moins de 6 km/h.

Je croise de nombreux ouvriers – qui veulent tous poser en photo avec moi - car la route est en construction.
Au bout de 15km, je crois être sorti d’affaire car il me semble apercevoir de l’asphalte. Et ça en est bien, mais il est liquide! Et l’asphalte liquide, c’est comme du pétrole: c’est visqueux et ça s’incruste partout! Je ne m’explique pas la présence de l’asphalte à cet endroit, peut être un essai des ouvriers en charge de la construction de la route. Quoi qu’il en soit après un kilomètre je retrouve presque avec joie la piste défoncée. Mais le mal est fait. En plus de la boue, mon vélo et une partie de mes vêtements sont recouverts de cette saloperie (désolé mais je ne vois pas d’autre mot). Et en plus de tacher, l’asphalte liquide sent extrêmenent fort. J’ai l’impression de respirer à la sortie d’une pompe à esssence.
La piste monte encore pendant plus de 10 kilomètres. Au total, depuis mon départ ce matin, je n’ai parcouru que 31 kilomètres de pistes, dont  26 en montée, en cinq heures. Mais enfin j’aperçois le début de la descente de 20 km qui doit me mener à Gualaquiza, mon lieu de bivouac. Mais au bout de seulement 500 mètres de descente, j’entends un frottement sur la roue arrière. Au début, je pense que cela provient du garde-boue qui a souffert des vibrations engendrées par les secousses de la piste. Je le règle donc et repars, mais le frottement est toujours là. Je me rends compte finalement compte qu’un pan entier du porte-bagages s’est détaché. J’enlève alors tout mon chargement pour le remonter correctement. Mais là, catastrophe – jamais qu’une de plus me direz-vous! -, les deux pas de vis arrières gauche et droite lachent : concrtètement, je visse dans le vide, ce qui signifie que le porte-bagages n’est absolument pas fixé. Vous pouvez imaginer mon désarroi à ce moment là : grimper pendant cinq heures et être obligé de pousser son vélo en descente : le pire cauchemar! En plus je dois manoeuvrer délicatement pour ne pas endommager le flanc droit de mon pneu sur lequel vient s’appuyer le porte-bagages. Au bout de dix minutes, un pick-up s’arrête pour me proposer son aide, que j’accepte avec plaisir. Je découvre alors la descente que j’aurais du effectuer en vélo : 10 km de pistes puis 10 km de bonne route, mi-frustré, mi-soulagé d’avoir trouver de l’aide sur cette route peu fréquentée. Mon sauveur du jour s’appelle Jayme et comble de l’ironie, il supervise la construction de la route. Il m’explique qu’il s’agit du dernier tronçon non asphalté de la route principale de 800 km de long traversant l’Oriente. Car oui, j’étais sur la route principale de la región! Je comprends dès lors mieux pourquoi il n’y a pas de touristes car les trajets sont longs, compliqués et inconfortables. L’amélioration des routes semble d’ailleurs une des priorités de Rafael Correa, le président de l’Equateur, car depuis le debut de mon périple, j’ai croisé un nombre incroyable d’ouvriers travaillant à la réparation ou la construction des routes, ce que me confirme Jayme.

Nous rejoignons d’abord le QG local de l’entreprise de BTP où la cuisinière nous prépare un copieux et délicieux déjeuner que j’engloutis rapidement car j’étais affamé. Puis il appelle le technicien en charge de la maintenance des machines qui examine mon vélo pour voir ce que l’on peut faire. Le problème en effet cette fois-ci, c’est qu’il ne s’agit pas d’une pièce défectueuse que l’on peut changer facilement, mais d’un défaut dans le cadre lui-même. Rendez-vous est pris le lendemain matin pour “opérer” mon vélo. En attendant, Jayme me dépose à un hotel de Gualaquiza. Malgré la crasse, la boue, l’asphalte, l’accueil est encore une fois chaleureux. Et je profite du jet d’eau de l´hôtel pour nettoyer ¡Caramba!
Gualaquiza est une bourgade de quelques milliers d´habitants sans grand charme. Les étrangers doivent y être vraiment rares car je suis dévisagé par toutes les personnes que je croise. En ce samedi soir, on ne peut pas dire que la ville est très animée. Je peine à trouver un endroit ouvert pour dîner. Je rentre à mon hôtel de bonne heure et en profite pour faire une lessive à la main de mes vêtemnents couverts de boue en espérant pouvoir repartir demain matin…

vendredi 8 juillet 2011

Un vrai bourbier!

Réveillé par l’activité de la ferme à 5h30, je ne suis pas efficace ce matin et mets deux heures  à me préparer. Les quize premiers kilomètres, en majorité en descente, permettent de me réveiller. Mais très vite, les choses sérieuses attaquent. La pluie fait son apparition et ne semble pas vouloir s’arrêter. Et surtout, la route monte de plus en plus et s’élève ainsi pendant vingt-cinq kilomètres jusau’au village de Límon. Par endroit, la route devient une piste. Un passage défoncé et particulièrement raide m’oblige – pour la première fois hors incident mécanique - à pousser le vélo sur une centaine de mètres.
Arrivé au village sous une pluie battante, presque toutes les maisons arborent aux fenêtres des drapeaux verts ou rouge portant la mention “Vota Si” ou “Vota No”. Sur la place du village, une camionnette “hurle” des slogans pour inciter à voter Oui. Là, je trouve une épicerie avec une terrasse parfaite pour me ravitailler à l’abris de la pluie et me renseigner sur ce vote qui semble diviser la commune. La question posée est en réalité assez simple : voulez-vous que le maire démissionne?
Une fois les sacoches remplies de vivre, je reprends ma route. On m’indique qu’une toute nouvelle route permet d’eviter la piste, en très mauvais état. C’est une bonne nouvelle car des cyclos français passés par là il y a six mois avaient visiblement vécu un enfer sur cette piste. La route n’est pas pour autant une partie de plaisir. Certes, le revetement est très bon mais la côte est si raide que je mets près de trois heures à parcourir dix kilomètres. Arrivé au sommet, un épais brouillard me prive de la récompense du grimpeur : le panorama. Je ne vois en effet pas à plus de cinquante mètres. Je descend donc très prudemment les dix kilomètres de descente. Je traverse un village sans m’arrêter et retrouve un plaisant parcours vallonné. La pluie est toujours aussi forte mais je n’ai pas froid car il fait 25 degrés environ.
Dans une côte, une voiture de la vice-présidence de la République d’Equateur m’arrête. Patricia, et son assistant Carlos, s’occupent du développement de la région. Ils m’offrent à boire puis posent pour la photo. Avant de repartir, ils m’offent deux clémentines, une bouteille d’eau et une bouteille de Coca Cala de trois litres! Ça rajoute du poids mais je ne peux pas refuser. Je repars donc, plus chargé que jamais en direction de San Juan Bosco que j’atteins vers 17h00. A la sortie du village, la route devient une piste. Et avec toute l’eau qu’il est tombé ces derniers jours, la piste est un vrai bourbier, tout ça avec un pourcentage supérieur à 5 %. Au bout de dix mètres, je dois renoncer et pousser le vélo. Une  dame à cheval me dit que je n’ai pas a m’embêter, un bus relie régulièrement la ville à Gualaquiza, ma prochaine destination. Je la remercie et me remet à pousser le vélo. Mais la boue est si collante que je mets près d’une demi-heure à parcourir 800 mètres. La piste devient ensuite un peu meilleure et je me remets à pédaler. Mais très vite, la boue collée entre les pneus et les gardes-boues m’empeche de progresser. Je m’arrète mais imposible de déclipser ma chaussure droite. J’arrive finalement à l’enlever mais là, mauvaise surprise : la cale reste bloquée dans la pédale. Je démonte la pédale puis répare la chaussure.  Mais une opération qui ne m’aurait pris que quelques minutes en conditions normales prend des dimensions dramatiques avec la boue, dont je n’arrive pas à me débarasser. Il me faut plus d’une heure avant de pouvoir repartir. Il est 18h30 et la nuit tombe mais je décide de continuer car je suis trop près du village pour planter ma tente. Heureusement, après quelques kilomètres, la piste devient vraiment meilleure et me mermet de progresser dans des conditions satisfaisantes. Je roule ainsi de nuit pendant dix kilomètres, toujours en montée et m’installe en bordure de route. ¡Caramba! et moi sommes  tous deux couverts de boue!

jeudi 7 juillet 2011

Une réparation de plus et c’est reparti !

Je me lève de bonne humeur : il fait beau, l’étape d’hier ne semble pas trop peser dans mes jambes et je suis assez confiant sur la réparation du vélo … cela ne va pas durer. En effet, le magasin, quoique plutôt bien fourni en pièces détachées, ne possède pas le modèle exact. Il m’en propose cependant une autre, très ressemblante. De retour à l’hôtel, je constate malheureusement que la pièce n’est pas compatible. Je retourne le voir et me dit qu’il ne sais pas comment faire mais me propose tout de même de lui amener le vélo pour qu’il l’examine. A la vue  de ¡Caramba!  - c’est le nom donné à mon vélo, comme cela est l’usage dans le monde des cyclovoyageurs -, sa motivation est décuplée.  Après avoir essayé en vain plusieurs solutions, il parvient finalement à redresser la pate à l’aide d’une énorme pince. Puis il règle tout le vélo à la perfection, sans que je ne lui ai rien demandé et le prend ensuite en photos sous tous les angles. Au moment de le payer, il me rembourse la pièce qui n’allait pas  et refuse d’être payé pour la réparation.
Requinqué, je prépare rapidement mes affaires et me mets finalement en route vers 11h30 au milieu d’un attroupement qui s’est vite constitué autour de moiet de ¡Caramba!. Je garderai un excellent souvenir de Macas car si la ville n’a rien à offrir au voyageur, l’accueil a été fabuleux. Peut être justement parce que le touriste n’arrive pas jusqu’ici.
La route est bonne, le temps aussi, malgré quelques violentes averses - comme tous les jours -et les paysages magnifiques. Je progresse rapidement. Le trajet est d’autant plus agréable que je ne suis “dérangé” que par une dizaine de voitures au maximum par heure. Et encore, à chaque fois qu’une voiture me double ou que j’en croise une, les occupants me saluent chaleureusement. Certains s´arrêtent pour prendre une photo avec moi et me tendent fruits et boissons.

Je suis pris d’une frénesie de kilomètres et n’arrive pas à m’arrêter alors que la nuit tombe. Je m’étais pourtant jurer de ne rouler la nuit qu’en cas de nécessité mais à ce moment là, les récits des autres cyclo décrivant une ambiance magique la nuit me reviennent à l’esprit. Et c’est vrai que dans de bonnes conditions – route en bon état et pas de trafic -, assister au coucher de soleil aux manettes de son vélo, rouler au crépuscule puis de nuit est un vrai plaisir. Tout change, on ne perçoit plus les reliefs de la même manière, les animaux diurnes laissent la place aux animaux nocturnes, et surtout, tout est si tranquille… Après deux heures de pédalage nocturne, j’aperçois une ferme isolée, occupée par une famille visiblement très pauvre.

Je leur demande la permission de planter la tente sur leur terrain. D’abord très méfiant, le patriarche accepte finalement et me propose de monter ma tente sous un préau plein de cailloux et sentant bon la ferme. Le terrain contigü me faisait plus envie mais on ne va pas faire la fine bouche! Je monte ma tente devant toute la famille qui m’observe sans prononcer un mot puis dîne en compagnie des chiens qui, heureusement, me laisseront globalement tranquille pendant la nuit.

mercredi 6 juillet 2011

Découverte de la jungle

Après un petit déjeuner sommaire rapidement avalé dans ma chambre d’hôtel, je prends la route de bonne heure, constatant avec satisfaction qu’il ne pleut plus. Puyo n’est pas une grande ville et je trouve ma route assez facilement.
Le dépaysement est très vite au rendez-vous car Puyo est la porte d’entrée de la jungle. Je progresse ainsi  sur une route quasi-déserte, mais en très bon état,  au milieu d’une végétation dense. Les nuances de vert sont incroyables, les feuilles de bananiers sont immenses, et j’entends de toute part des cris d’animaux que je n’ai jamais entendu auparavant.

Cette région de l’Oriente est la moins développée du pays. Les habitants sont essentiellement indiens et de condition modeste, vivant de la culture la terre et de l´élevage de volaille et leurs maisons sont, la plupart du temps, constituées de simples cabanons en bois. Il faut préciser que  40 % des Equatoriens  - toujours les indiens en majorité - vivent en-dessous du seuil de pauvreté
J’ai le sentiment que mon voyage commence rééllement ici. La route est magnifiquement valonnée sans grosse côte et les kilomètres s’enchaînent rapidement. Je suis porté par ce décor unique et les sourires des enfants, tres nombreux - trop nombreux - sur le bord de la route. Car les vacances scolaires n’ont pas encoré commencé et ils devraient être à l’école. Malheureusement, beaucoup d’enfants indiens ne sont pas scolarisés, aidant leurs parents aux champs.
Sur le bord de la route, il n’y a pas que des enfants, il y a aussi des chiens, très nombreux en ces premiers kilomètres. Les chiens sauvages sont généralement trop occupé à chercher de la nourriture pour m’attaquer. Le danger vient plutôt des chiens “domestiqués” (je n’ose pas employer le terme de “dressés”!). Dans ce cas, j’attends qu’ils s’approchent suffisamment pour leur balancer dans la gueule avec déléctation un bon coup d’Airzound, un klaxon de plus de 115 db. Mais cela n’impressionne pas les plus enragés – c’est le cas de le dire - d’entre eux. Cependant,  je m’aperçois rapidement que je n’ai en réalité pas grand chose à craindre car mes jambes sont protégés par la structure du vélo. La géométrie du trike les pertube et ils se contentent donc de courrir à côté de moi, mais sans m’attaquer. Et en dernier recours, la solution est de m’arrêter, prendre un cailloux et le jeter dans leur direction (sans les viser, je précise pour les amoureux des cleps!)
A 10h00, j’ai déjà parcouru 40 km et m’arrête pour me ravitailler au village de Simón Bolívar – du nom du célèbre général, aussi surnommé El Libertador, figure de la lutte pour l’indépendance de nombreux pays du nord de l’Amérique du Sud.
La journée se poursuit à un bon rythme et à 17 heures, après un peu plus de 130 kilomètres parcourus, j’arrive en vue de Macas, chef lieu de canton. Je compte m’y ravitallier avant de trouver un bivouac quelques kilomètres après la sortie de la ville. Mais sur les deux derniers kilomètres, la route est une piste en très, très, mauvais état et à l’amorçe d’une violente côte, mon dérailleur grince violamment et la roue arrière se bloque d’un coup.  Moi, qui me disais que les ennuis étaient derrière moi, me voilà de nouveau en train de réparer sur le bord de la route. Je découvre très vite que la pate de fixation, changée trois jours plut tôt à Baños, est complètement tordue. Mais en plus, la chaîne est bloquée entre la cassette et le moyeux. La seule solution est donc, au préalable, de démonter la cassette, mais l’opération n’est pas simple puisque je ne peux pas enlever la roue du cadre. Cela me demande près de ving minutes pendant lesquelles plusieurs automobilistes s’arrêtent pour me demander si tout va bien. L’un d’eux me tend gentiment une bouteille de Coca-Cola que je savoure sur le champ. Je tente ensuite de redresser la pate mais sans succès. Alors que la nuit tombe, une voiture de policiers s’arrête. Ils me proposent de m’emmener à un hôtel et me précisent, chance incroyable,  qu’il y a un magasin de vélo dans la ville. Nous voilà donc en train de charger tout mon matériel dans le pick-up de police. Pendant le court trajet, l’un des policiers m’explique qu’un de ses frères est un fan de cyclisme, ce qui est une chose plutôt rare ici. Les policiers me déposent dans un hotel très propre, pas cher (5 euros la nuit) et…  à deux pas du magasin de vélo. Que demander de plus!
L’accueil est chaleureux et la famille exploitant l´hôtel m’aide à monter toutes mes affaires dans ma chambre. Le soir, je flane rapidement dans les rues et me paie un bon repas et une bonne bière dans un restaurant en regardant un match de poule de la Copa America (Argentine - Colombie) qui se dispute en ce moment. Je me couche, partagé entre le bonheur procuré par cette magnifique journée et le dépit dû à mes ennuis mécaniques qui ne semblemt pas vouloir m’abandonner…

mardi 5 juillet 2011

Emotions fortes

Après trois jours de repos, j’ai hâte de reprendre le vélo. D’autant plus que l’étape du jour s’annonce magnifique. La route descendant à Puyo longe le Rio Pastaza et compte de très nombreuses cascades, puis plonge dans la jungle de la forêt amazonienne. Edwin tient à m’accompagner sur cette étape jusqu’à Puyo, où toute la famille, en voiture, doit nous retrouver. La route des Cascades ne vole pas son nom et la vue est sublime.

Nous pédalons en compagnie d’autres touristes qui effectuent le trajet sur une vingtaine de kilomètres avant de rentrer sur Baños. A partir de ce moment là, le ciel se couvre et la pluie se met à tomber. L´horizon se bouche quelque peu mais le spectacle est  toujours aussi beau. La pluie s’accentue mais nous sommes désormais complètement seuls. Une nouvelle route empruntant de nombreux tunnels a en effet été construite et l’ancienne piste au bord du précipice est désormais réservée aux cyclistes pour contourner ces tunnels.
Ce sont désormais des trombes d’eau qui s’abattent sur nous et Edwin, qui n’est pas équipé, est trempé de la tête aux pieds. Dans une descente, je véfifie, par hasard, si mon passeport est toujours dans ma poche car un contrôle d’identité est annoncé dans mon guide à cet endroit et là, je réalise avec stuppeur que la pochette contenant mon passeport et ma carte Visa n’est plus là. Pris de panique, je m’arrête brutalement, frolant de peu le tête à queue sur cette chaussée détrempée! De plus, impossible de prévenir Edwin qui m’a devancé et doit déjà être en bas de cette longue descente. Je reste abasourdi pendant cinq minutes en essayant de réfléchir calmement. Tout à coup, revoilà Edwin dans un pick-up, qui, inquiet de ne pas me voir arriver, avait  laissé son vélo sur place et fait du stop. Je lui dit de retourner à son vélo et lui explique que je veux rebrousser chemin car mon passeport ne peut pas être loin car je l'avais mis dans ma poche peu de temps avant. Ma seule crainte est qu’il ait été ramassé par quelqu’un…. Je remonte les deux kilomètres de descente en scrutant le mondre détail mais rien, puis je reprends en sens inverse un bout de piste où je me dis que mon passeport ne peut être que là car cette piste est défoncée et les chocs ont dû le faire sortir de ma poche. Après 200 mètres, je croise un couple de francais en VTT ...mais ils n’ont rien vu… Je commence à réciter un Notre Père et 200 mètres plus loin, je retrouve ma pochette. Fou de joie, j'embrasse mon passort une dizaine de fois. Dans l’hystérie du moment, je roule trop fort sur cette piste et je crève à l'arrière au bout de 50 mètres. Puis je retrouve Edwin, blanc de panique qui a retrouvé sa famille entre temps. Là, il me fait remarquer que mon fanion jaune a disparu. En effet, les deux tiers du mat et le drapeau se sont volatilisés. Mais sous ces trombes d'eau, je n’ai pas la force de remonter une nouvelle fois.

Nous nous remettons en route et faisons une pause rapide pour déjeuner dans le restaurant du cousin d’Edwin avant de repartir, toujours sous des trombes d’eau. Ces trombes d'eau ne nous quittent pas jusqu’à Puyo où nous arrivons à la tombée de la nuit. Je trouve un hôtel et remercie chaleureusement Edwin et toute sa famille pour leur hospitalité et leur gentillesse. Puis me couche très rapidement : je suis exténué par la pluie et cette grande frayeur...