samedi 16 juillet 2011

Le défi du Pérou

Malgré un coucher tardif, je me lève à l’aube tôt car je ne sais pas si je ne me suis pas installé sur un terrrain privé. Je lève donc le camp avant le lever du soleil et me pose quelques mètres plus loin pour réparer proprement ma chaine. Je pars sous la pluie et au bout de 10 kilomètres de piste en descente, j’aperçois enfin la frontière, matérialisée par un pont franchissant un fleuve.

Celle-ci n’est pas encore ouverte lorsque j’arrive sur place. L’occasion de discuter avec un groupe de jeunes se rendant au Pérou, et d’échanger les derniers dollars que j’avais gardé par sécurité contre des nouvelles Soles (1 sole = 25 centimes d’euro environ), la monnaie péruvienne.
Après une petite heure d’attente, la frontière ouvre. Il me faut encore plus d’une demi-heure pour m’acquitter des différentes démarches administrative. Il faut dire que très peu de touristes  passent par cette frontière, ouverte depuis seulement 1998 et encore difficile d’accès même si la construction du pont il y a quelques années a facilité les choses (auparavant, il fallait prendre un bac).
J’ai passé un peu plus de trois semaines en Equateur et parcouru exactement 1057 kilomètres. Si l’Equateur a été synonyme de nombreuses galères mécaniques, il a aussi été synonyme de paysages superbes et d’un accueil  extrêmement chaleureux. J’espère y revenir un jour pour visiter les régions que je n’ai pas parcouru, notamment la côte pacifique, la sulfureuse et magnifique ville de Guayaquil - plus grande ville du pays -, et les sublimes mais exclusives Iles Gallapagos.
Vers 10 heures, j’effectue mes premiers tours de pédales sur le sol péruvien et je mesure l’ampleur de la tâche qui m’attend car le Pérou est un pays immense (environ quatre fois la France) offrant des dénivelés vertigineux que je vais traverser intégralement du Nord au Sud. On m’a cependant promis des pistes en bien meilleur état qu’en Equateur ainsi que des pentes plus douces. Les premiers kilomètres confirment cela car la piste sur laquelle j’évolue est en effet assez roulante.
Arrivé au premier village, je constate une pauvreté plus grande qu’en Equateur, mais paradoxalement, également une plus grande joie de vivre. Cette impression s’est confirmée depuis. L’accueil est chaleureux, même si de nombreuses personnes, notamment beaucoup d’enfants ne me saluent pas mais me sifflent puis m’adressent un “Gringo” pas très agréable.
Je constate aussi qu’ici, on affirme encore plus nettement ses opinions politiques puisque les péruviens ne se contentent pas de drapeau à leurs fenêtres comme leurs voisins Equatoriens, mais peignent carrément la façade de leur maison aux couleurs de leur candidat favori, qu’il s’agisse de l’élection du maire ou du président.

Les élections présidentielles viennent d’ailleurs de se dérouler et ont vu la victoire de Ollanta Humala face à Keiko Fujimori, la fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori qui purge depuis 2009 une peine de 25 ans de prison pour meurtres et violations des droits de l'homme.
A la sortie du village, je me fais rejoindre par deux cyclotouristes en tandem. Alan et Erin, 33 ans tous les deux, sont américains (Wisconsin). Ils se rendent tout comme moi à Ushuaia, mais à la difference qu’ils ont commencé leur voyage au nord du Canada il y a treize mois. Ils ont donc traversé le Canada, les Etats-Unis, l’Amérique Centrale, puis le Vénézuela et la Colombie ! (pour ceux que ça intéresse, vous pouvez suivre leurs aventures ici). Nous roulons toute la journée ensemble jusqu’à San Ignacio, première ville depuis la frontière où nous décidons de nous octroyer un jour de repos.


L’argent échangé à la frontière me permet de me payer un luxueux hotel, avec douche froide commune, pour 2 euros la nuit et un bon repas au restaurant avec Alan et Erin qui me font partager un peu de leur fascinant périple qui devrait leur prendre au total près de deux ans.
La ville de San Ignacio n’ayant pas grand chose à offrir au voyageur, je consacre ma journée de repos au blog et à planifier plus en détail mon trajet. La ville, qui compte pourtant plus de 10.000 habitants ne dispose d’aucun distributeur d’argent. Et comme il ne me reste plus que six soles, je vais être obligé d’aller jusqu’à Jaén, m’imposant un détour de 30 kilomètres environ sur mon trajet. De leur côté, Alan et Erin doivent effectuer une réparation sur leur tandem. Je les quitte donc lundi matin et nous prévoyons de nous retrouver à Chachapoyas dans quelques jours.

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