vendredi 26 août 2011

Du bon temps sur la côte pacifique

Après avoir savouré quelques empañadas au bord du Pacifique en guise de petit-déjeuner, je quitte Paracas sous les encouragements des touristes s’apprêtant à embarquer pour les Islas Ballestas. Aujourd’hui encore, l’étape ne présente aucune difficulté puisqu’elle doit me mener à Ica, à 80 km plus au sud sur la Panaméricaine.
Alors que j’arrive à proximité d’un péage, j’aperçois deux voyageurs à vélo qui n’ont pas vraiment l’allure traditionnelle des cyclostouristes. En effet, l’un d’eux pilote un tricycle de vendeur ambulant, lourd, monovitesse, bref pas du tout adapté au voyage ! En réalité Mathias et Céleste ne sont pas vraiment cyclotouristes. Artisans, il ont séjourné plusieurs mois à Lima et rentrent chez eux, en Argentine, tout en égrénant les marchés d'Amérique du Sud pour vendre leurs créations, essentiellement des bijoux. Lorsque la route s’élève, ils prennent un bus ou un train.

De plus, ils espèrent être rapidement “allégés” de leur marchandise confectionnée à Lima. Leurs bracelets me plaisant, je décide de contribuer modestement à la réduction de leur chargement! Puis je reprends ma route en direction d’Ica et plus précisément de l’oasis de Huacachina, bien connu des backpackers. Les bords de la lagune sont certes désormais envahis d’hôtels, mais le lieu conserve tout de même un certain charme, d’autant que la forte affluence que je craignais n’est pas au rendez-vous.
Arrivé en debut d’après-midi sur place, je m’installe dans un hôtel pour backpackers qui me rappelle mon séjour en Australie/Nouvelle-Zélande, il y a déjà sept ans! Je me repose au bar de l’hôtel, au bord de la piscine, avant d’embarquer dans un buggy en compagnie de six autres touristes pour une balade dans les dunes. La balade, que je pensais tranquille, se révèle en réalité exhaltante. Jouant du terrain qu’il connaît par coeur, le pilote nous offre des sensations fortes, proches de celles d’un grand huit de fête foraine. Le paysage unique en plus et les odeurs de hot-dog et de barbe a papa en moins !

Après quinze minutes, le pilote s’arrête et nous tend des planches de surf. Huacachina est en effet réputé pour le sandboarding (ou surf sur sable). La première dune n’est pas très importante et permet de se lancer sans crainte. Résultat, après avoir parcouru fébrilement trois mètres, je plonge tête la première dans le sable, me relève … avant de regouter au sable chaud de Huacachina deux mètres plus loin! Nous enchaînons avec une deuxième dune et le résultat n’est pas meilleur. J’arrive donc confiant à la troisième dune, plus longue et plus pentue! Et ça ne rate pas, je me prends un gadin mémorable faisant voler mes lunettes de soleil à plusieurs mètres!


Nous reprenons ensuite la balade en buggy avec un soleil de fin de journée magnifiant un peu plus les sublimes paysages de dunes. Puis, nous nous arrêtons de nouveau pour une nouvelle série de trois dunes, cette fois gigantesques. N’ayant pas envie de me blesser, je choisis l’option plus sure mais tout aussi euphorisante de dévaler les pentes façon skeleton: allongé sur le ventre, tête la première. Et  je ne suis pas déçu, les sensations sont énormes!

Le chemin du retour est plus calme afin de profiter du somptueux coucher de soleil.



Après ces quelques jours de détente, il est temps de reprendre le cours mormal de mon voyage. Et ça va sérieusement se corser dans les prochains jours puisque je me dirige vers Cusco. Après quelques kilomètres, je me retrouve rapidement sur un plateau désertique que la Panaméricaine traverse par une longue ligne droite, totalement plate (c’est bien la première fois ici), de plus de soixante kilomètres.



Ça pourrait sembler être un cauchemar, ça ne l’est pas du tout. Les paysages sont fabuleux et je progresse à bonne allure, 20 km/h environ, ce qui me permet de ne pas souffrir de la chaleur ambiante. En fin de journée, la route devient plus vallonnée et traverse une zone peuplée. Je décide de m’arrêter dans un hôtel à l’entrée de la ville de Palpa.

Le lendemain matin, en sortant d’une épicerie de la ville, j’entame, comme cela arrive presque à chaque fois, la discussion avec un groupe d’hommes. Je les quitte au bout de cinq minutes, mais un kilomètre plus loin, l’un deux me rattrape en voiture pour que je lui signe un authographe et que je lui donne mon mail. Il me souhaite un bon voyage sous la protection de Dieu et me laisse repartir. Je roule alors pendant quelques instants avec un jeune qui se rend à son travail à vélo. Au moment où nos routes se séparent, j’aperçois de nouveau l’homme à qui j’ai signé l’authographe. Il me tend de la ficelle et des gants en m’expliquant que cela pourra m’être utile. Il me montre également l’intérieur des gants où il a inscrit son adresse électronique.  Jusqu’ici, on m’avait donné des fruits et des boissons, mais du matériel de réparation, c’est la première fois !
Je le remercie chaleureusement et me remets en route rapidement car il commence à faire chaud, très chaud, et ce d’autant plus que la route s’élève sérieusement. Au sommet d’une côte de six kilomètres, j’arrive au mirador des lignes et géoglyphes de Nazca (ou Nasca, j’ai vu les deux écritures), où  mon arrivée suscite la sympathie des gardiens qui me font entrer gratuitement.
Edifiées par la civilisation pré-inca Nazca (300 avant JC – 800 après JC), ces figures immenses - plusieurs dizaines de mètres - dessinnées dans le sol (entre 5 et 15 centimètres de profondeur) représentent, pour la plupart, des animaux (singe, condor, oiseaux).


Visibles uniquement depuis le ciel, leur signification demeure encore aujourd’hui mystérieuse. Les explications vont du calendrier astronomique à une tentative de communication avec les extra-terrestres! Bref, chacun y va de sa théorie. Le mirador ne permet qu’une vision très partielle de trois figures sur les dizaines recensées - la seule manière d’observer pleinement ces figures étant un (très) cher survol en avion. Mais cela permet tout de même de se rendre compte de l’immensité du site.
Je poursuis ma route pendant une vingtaine de kilomètres, jusqu’à la ville de Nazca, où la forte chaleur me contraint à une pause. J’en profite pour me payer un vrai déjeuner dans un restaurant car je vais avoir besoin de force. J’entame effectivement ici ma remontée de la Cordillère jusqu’à Cusco.

mardi 23 août 2011

Merveilles de Paracas

Aux alentours de midi, j'arrive à Chincha où la Panaméricaine redevient une route plus tranquille. Le climat est ici très différent de celui rencontré jusqu'à présent sur la côte Pacifique puisque pour la première fois, j'ai le droit à un grand ciel bleu alors que j'ai quitté Lima deux heures auparavant sous une pluie fine.
Dès les premiers tours de pédales, j'ai le plaisir de constater que ¡Caramba! fonctionne merveilleusement bien avec les réparations effectuées. Je roule tranquillement car l'étape du jour est  courte et facile pour arriver à Paracas.

J'arrive en fin d'après-midi dans cette station balnéaire située à quelques kilomètres de Pisco, ville où l'on produit l'alcool éponyme mais malheureusement presque entièrement détruite par un terrible tremblement de terre en août 2007 ayant fait des centaines de morts. Mais si j'ai décidé de faire un stop ici, ça n'est pas pour (uniquement!) pour savourer un Pisco Sour au bord de l'Océan (j'en ai assez bu à Lima!) mais pour explorer la fabuleuse réserve nationale. Je trouve un hôtel au confort rustique mais donnant directement sur la plage et réserve donc mes excursions pour le lendemain.

Je commence ma journée par deux heures de bateau autour des Islas Ballestas.


Situées à 30 minutes de la côte, ces îles sont un véritable havre de paix pour lions de mer, pingouins de Humboldt, et surtout des dizaines d'espèces d'oiseaux qui exécutent un fantastique balai autour du bateau.


Ces îles ne représentent pas seulement une richesse naturelle pour le Pérou mais également une richesse économique. Les excréments de ces oiseaux sont en effet un formidable engrais. Par le passé, 2,5 à 3 mètres d'épaisseurs de matière fécale étaient « récoltés » chaque année sur la superficie de l'ensemble des îles et exportés vers l'Angleterre et la France. Cela a notamment permis au pays d'effacer sa dette extérieure en 1890, après la guerre avec le Chili. Mais le phénomène El Niño a réduit considérablement la population d'oiseaux. Les quantités ramassées sont donc moindres aujourd'hui et la récolte ne s'effectue plus qu'une fois tous les sept ans, ce qui représente tout de même quatre mois de travail pour 150 hommes !

Sur le trajet du retour, le bateau fait un stop devant le « Candelabre », gigansteque forme de plusieurs dizaines de mètres dessinée dans la colline et visible depuis la mer, par la civilisation Paracas. La signification reste mystérieure. On sait seulement que cette figure n'a pas de lien avec les – voisines - lignes de Nasca, uniquement visibles depuis le ciel.

De retour sur terre, j'enchaîne avec une excursion en minibus de la Réserve nationale de Paracas. Arrivée à l'entrée de la réserve, notre bus est stoppé par un piquet de grève de guides réclamant plus de sécurité dans la réserve. La veille en effet, un bus a été attaqué, le chauffeur frappé et les touristes délestés de leurs biens de valeur. Après quinze minutes d'attente, dans une ambiance un peu plombée, nous pénétrons dans la réserve et très vite, les sublimes paysages me font oublier la menace d'une nouvelle attaque. La réserve est composée de dunes de sable multicolore allant du jaune au rouge et de sublimes falaises plongeant dans le Pacifique.




La réserve est aussi peuplée de nombreux flamands roses – même si je n’en ai malheureusement pas vu un seul - qui ont inspiré la création du drapeau péruvien, en 1822, à San Martín. Ayant débarqué un an auparavant à Pisco, le général José de San Martín est l'autre « libérateur » du pays avec Simon Bolivar. C'est lui qui a proclamé l’indépendance du Pérou le 28 juillet 1821.

Le désert de Paracas est un des plus arides du monde. En Quechua, Paracas signifie « Pluie de Sable ». Porté par le fort vent de Paracas, c'est en effet bien tout ce qu'il tombe ici. En réalité, on constate ici 20 mm de précipitation par an (c'est-à-dire rien), sauf lorsque se produit El Niño - tous les dix ou douze ans -,  où il pleut  alors tout l'hiver.
Ça me donne un bon aperçu des conditions que je vais rencontrer un peu plus tard en Bolivie, dans le désert du Lipez et surtout au Chili dans le désert d'Atacama, désert le plus aride de la planète. Je quitte ainsi le Pacifique que je ne reverrai que dans plusieurs milliers de kilomètres, à Valpairaiso, au Chili.

dimanche 21 août 2011

Fiestas à Lima !

Ce jeudi matin, je prends donc le bus pour Lima et arrive dans la capitale aux alentours de midi. Chance incroyable, la gare routière se trouve dans la rue des magasins de vélo. Je laisse donc ¡Caramba! dans un magasin pour une révision complète car après 2.600 kilomètres parcourus, il est nécessaire de changer la chaîne, la cassette, les patins de frein, …
Puis je rejoins Andres, qui m'a proposé de m'héberger jusqu'à samedi matin. Andres travail à l'aéroport et vit avec sa mère dans le chic quartier de Miraflores, situé au sud-est de la ville, au bord du Pacifique. Après le savoureux déjeuner concocté par sa mère, Andres me fait visiter le quartier, et le soir, nous rejoignons ses collègues dans un bar avant de finir la soirée en discothèque jusqu'à 3h du matin ! Je n'ai plus vraiment le rythme, moi qui ai pris l'habitude de me coucher à 20h, mais je passe une très bonne soirée !


 
Le lendemain, Andres ne peut pas m'accompagner mais m'indique les endroits à ne pas rater. Je passe donc toute la journée à arpenter les rues de la vieille ville. Entre ses immenses plages et ses  magnifiques églises, Lima ne manque pas de charme malgré ce que beaucoup de monde en France m'avait dit.

Mais il est vrai que la ville présente aussi un visage moins flatteur.  Rassemblant près du tiers de la population du pays, soit plus de huit millions d'habitants Lima est une ville bruyante, polluée et où la délinquance est forte.
Après une soirée plus calme que la veille et une bonne nuit réparatrice, je quitte Andres et sa mère samedi matin et continue d'explorer la ville. En fin d'après-midi, je rejoins Jhony, mon autre hôte de Lima, au Couvent San Francisco, où il travaille comme guide touristique. En compagnie de quelques uns de ses collègues, nous prenons ensuite la direction de son appartement où nous attendent sa famille et des amis pour une nouvelle fiesta. C'est en effet aujourd'hui l'anniversaire de Jhony. Nous célébrons cela autour de quelques verres de Pisco Sour, LA boisson péruvienne, mais aussi de crème de Pisco et de Péru Libre (Pisco et Coca-cola).

Puis, direction une méga-discothèque  ultra-branchée. Autant dire que je me suis fait remarquer avec mes cheveux hirsutes, ma grosses barbe et mes vêtements techniques ! Cette soirée m'a réconciliée avec les discothèques car la musique était accompagnée en live par deux percussionnistes excellents. De retour chez Jhony à trois heures du mat, on retrouve deux de ses frères complètements saouls qui nous invitent à finir avec eux les dernières bières. Finalement, on se couche à 4h30, pour un lever trois heures plus tard. Jhony travaille en effet aujourd'hui. Je pars avec lui et décide de me prendre un hôtel dans la vieille ville pour mon dernier jours à Lima. Après avoir récupérer ¡Caramba! remis à neuf, je décide d'aller visiter le musée où travaille Jhony. La caisse est tenue par une de ses amies avec qui j'ai festoyé la veille, qui me fait entrer gratuitement. Puis, j'ai le droit à une visite guidée par une autre connaissance de la veille. Dans chaque salle, je retrouve, un peu endormi, un collègue de discothèque. C'est assez marrant de visiter un musée de cette manière. A la sortie, je retrouve Jhony que je remercie chaleureusement pour son accueil superbe.
Puis je regagne mon hôtel pour me reposer avant de reprendre la route. Mais comme pour mon arrivée à Lima, j'ai décidé de prendre un  bus pour sortir de la ville jusqu'à Chincha où l'autoroute se termine.

jeudi 18 août 2011

Que de générosité !

Le moment de convivialité partagé avec Lorenzo n'est en réalité que le début d'une belle journée. Quelques kilomètres après avoir repris la route, une voiture s'arrête pour m'offrir de l'eau. Je n'ai pas le temps de faire 500 mètres que je suis une nouvelle fois arrêté, cette fois-ci par une camionnette de l'armée, dont les occupants me donnent des fruits et des bouteilles d'eau et de coca-cola. A ce moment là, mon principal problème est de faire tenir tout cela dans mes sacoches! Puis 200 mètres plus loin, m'attendent devant un restaurant au bord de la route les occupants de la première voiture qui veulent m'inviter à déjeuner. Une offre comme ça ne se refuse pas.


Haydee et Alvaro habitent Cajamarca et se rendent à Lima pour quelques jours en compagnie de leurs fils, Alvaro Jr. Mon vélo les a interpellés car Alvaro Jr est handicapé moteur, avec un usage limité de ses jambes et de ses bras ne lui permettant pas de tenir en équilibre sur un vélo normal. Un vélo comme le mien pourrait donc lui convenir. Je passe un très bon moment avec cette famille attachante. Avant de nous quitter, nous échangeons nos coordonnées car ils seraient intéressés pour me racheter mon vélo, une fois mon périple terminé. Les vélos couchés ne sont en effet pas distribués en Amérique du Sud. Je pense que j'aurai du mal à me défaire de ¡Caramba! mais il faut y réfléchir. Voir Alvaro Jr avec un immense sourire une fois installé aux commandes de ¡Caramba! pourrait me faire changer d'avis.

Je reprends la route repu et heureux, évoluant sur un plateau (pas tout a fait plat !) m'offrant des vues superbes sur la cordillère Huayhuash.


Après cinq heures d'efforts, j'arrive à une lagune située à 4.200 mètres d'altitude.


Je prends alors le temps de me couvrir car à partir de là, j'entame une descente fabuleuse, sur une belle route asphaltée qui va me mener jusqu'à la côte et au Pacifique. Une descente ininterrompue de plus de cent kilomètres! Inimaginable en Europe!
Je profite de chaque instant et réalise, après quarante kilomètres de descente, que la nuit est proche. Mais, la route est à flanc de falaise, il n'y a aucun espace pour dormir et je veux pas effectuer le reste de la descente de nuit. Heureusement, j'aperçois peu avant le crépuscule un restaurant sur le bord de la route et m'y arrête. Ça n'est pas un hôtel, mais il accepte de m'héberger dans une arrière salle. Cela fera bien l'affaire pour la nuit...
Le lendemain, je reprends ma folle descente sur près de 70 kilomètres avant d'entamer un long faux plat me menant à la côte et … au mauvais temps Comme lors de ma première visite sur la côte, entre Trujillo et Santa, j'évolue dans la brume et un ciel bien chargé. C'est vraiment ici que l'on se rend compte que l'on est en hiver.
Arrivé à Pativlica, sur la côte, j'emprunte la Panaméricaine sur une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Huacho.


En préparant ce voyage, j'avais lu des récits décrivant l'enfer de la Panaméricaine. Sur les tronçons que j'ai emprunté, je ne trouve rien de cela. Le trafic se rapproche d'une nationale, voire d'une départementale. Mais il est vrai que certaines parties sont dangereuses. C'est notamment le cas aux abords de Lima. C'est la raison pour laquelle je termine mon étape à Huacho, située à 150 kilomètres de Lima. Car à partir d'ici, la Panaméricaine devient un autoroute. Je prévois donc de prendre à bus jusqu'à Lima. Mais auparavant, je décide de rester une journée ici pour préparer mon séjour à Lima. Je suis chanceux car quelques minutes après m'être connecté sur Couch Surfing, j'entre en contact avec Andres, puis Jhony qui me proposent de m'héberger successivement. Je passe donc le reste de la journée à me relaxer dans Huacho, avant de prendre le lendemain matin le bus pour Lima.

lundi 15 août 2011

Et un petit tour en camion !


Le petit déjeuner vite avalé, je fais donc le point sur l'état du vélo dans la cour de l'hôtel. Il apparaît que le dérailleur installé la veille ne fonctionne déjà plus du tout. Davantage que du dérailleur lui même, le problème provient du câble et de la gaine de dérailleur, complètement usés alors que je les ai changés il y a peu. Mais la faible garde au sol cumulée aux pistes défoncées ont eu raison du matériel. Or, je ne dispose pas d'autre pièce de rechange. Je décide alors de raccourcir la chaîne et de me passer de dérailleur. Les premiers essais devant l'hôtel sont concluants, mais le vélo une fois chargé, cela ne fonctionne pas non plus, la chaîne retombant à chaque fois sur le petit pignon. Un homme tente alors de me venir en aide, mais en vain. Il connaît cependant un magasin de vélo à proximité et m'y accompagne. Pendant que le mécanicien installe un nouveau dérailleur, cette fois compatible, et change le câble, je discute avec l'homme m'ayant amené ici. Lorenzo est chauffeur routier. Il transporte des antennes de téléphones pour le réseau mobile de Movistar. Il me propose de m'emmener à Lima si la réparation ne fonctionne pas car il part aujourd'hui même, d'abord à Chavin, où il réside, puis le lendemain en direction de la capitale.

Finalement, ¡Caramba! Est remis sur roue et vers 10h30, nous prenons la direction de Chavin de Huantar. La ville n'est qu'à une cinquantaine de kilomètres et après un peu moins de quatre heures de pédalage, je décide de m'y arrêter pour la nuit. La ville est en effet censée abritée un intéressant site archéologique. Je trouve un hôtel sympathique – le premier depuis mon le début de mon séjour – avec un agréable jardin. Je décide finalement de m'y reposer tout l'après-midi et de ne pas faire la visite car les posters du site archéologique décorant l'entrée de l'hôtel me déçoivent quelque peu.
En fin d'après-midi, je sors me promener dans les rues de Chavin et tombe par hasard sur Lorenzo ! Il me propose de nouveau de m'avancer un peu. Il me décrit la route que je dois prendre le lendemain comme difficile, en mauvais état et dangereuse, notamment parce qu'elle emprunte un long tunnel. Je sens également que Lorenzo a envie de compagnie sur son long trajet. J'accepte donc. Cela me fera l'occasion d'améliorer un peu plus mon espagnol. Nous nous donnons donc rendez-vous le lendemain à 5 heures du matin sur la place du village.

Le temps de réveiller le concierge de l'hôtel pour qu'il m'ouvre la porte, je suis dehors à 5h10 et … personne. Ça n'est pas bien grave, je me mets tout de même en route. Ce départ matinal va me permettre d'effectuer l'ascension de 800 mètres de dénivelé à la fraîche. Mais une demi-douzaine de kilomètres plus loin, je tombe de nouveau sur Lorenzo, qui s'est arrêté pour prendre son petit déjeuner. Nous chargeons ¡Caramba! dans le camion et nous voilà parti.


En découvrant la route depuis la confortable cabine du camion de Lorenzo, je ne suis pas mécontent de faire le trajet de cette manière car là où on m'annonçait une route asphaltée, je découvre une route en très mauvais état. De plus, l’ascension est beaucoup plus longue qu'indiqué sur ma carte. Arrivé au col, à la sortie du tunnel, Lorenzo m'indique que la route est encore mauvaise sur plusieurs kilomètres. J'accepte donc de rester avec lui. Lorenzo est très sympathique et après tout, je n'ai pas mérité cette descente. Depuis la cabine, je profite donc d'un panorama splendide, agrémenté des explications et anecdotes de Lorenzo qui connaît par cœur cette route.



Nous nous arrêtons plusieurs fois pour remettre de l'eau dans le système de refroidissement qui donne de sérieux signes de faiblesses avant de finalement rendre l'âme, heureusement devant un garage du bourg de Catac. Après l'avoir chaleureusement remercié, j'abandonne ici, un peu gêné, Lorenzo. J'ai économisé un jour d'efforts grâce à lui et partagé un authentique moment de convivialité.

samedi 13 août 2011

Les ennuis mécaniques reprennent !

Après une bonne nuit, je continue ma descente sur près de 20 kilomètres durant laquelle j'ai le droit à des saluts chaleureux et de larges sourires. Arrivé à 2600 mètres d'altitude, et sous une chaleur accablante, j'entame avec prudence, une remontée, car je ne sais pas pour combien je vais en prendre. Et j'ai bien fait car je grimpe pendant 25 kilomètres jusqu'à San Luis, une charmante bourgade située à 3.300 mètres d'altitude. 
Après une pause au centre du village ayant donné lieu à des échanges forts sympathiques avec la population (une jeune femme m'a notamment demandé si elle pouvait venir avec moi sur mon porte bagage), je reprends mon ascension. La chaleur diminuant en ce milieu d'après-midi, il devient très agréable de pédaler. J'espère pouvoir atteindre pour le coucher de soleil, un lac situé à trois heures de marche à pied. Je ne devrais donc logiquement, pas mettre plus de temps (en côte sur piste, je roule à 5-6 km/h environ). Mais c'était sans compter les ennuis mécaniques.
Après une heure d'ascension, ma chaîne casse. Rien de grave cependant, je suis désormais un expert en la matière et répare en moins de dix minutes. Mais cela ne marche, quelque chose bloque. Je me dis alors que je suis allé trop vite et que j'ai du commettre une erreur dans la réparation. Je recommence, une fois, deux, trois fois, mais toujours rien. Une famille de paysans passant par là s'arrête et tente de m'aider. Mais rien, cela ne marche pas non plus. Alors que la nuit tombe, passe en vélo un homme du village voisin. Nous l'arrêtons pour étudier le circuit de la chaîne sur son vélo. Je réalise alors que le problème provient en réalité du dérailleur, qui a tout bonnement cédé. L'homme au vélo se met alors à me parler mais je ne comprends strictement rien à ce qu'il dit. Dans cette région, on parle en effet Quechua, langue des incas qui n'a rien à voir avec le castillan. Le paysan parlant également castillan, me traduit alors. L'homme au vélo me demande mes outils pour se lancer dans une incroyable réparation à la péruvienne. Pendant près d'une heure, à la lueur de la frontale, il tente de réparer le dérailleur à l'aide de ficelle et de fil de fer. Et ça marche … pendant cinquante mètres ! Finalement, le père de famille m'indique qu'au village voisin, situé à dix minutes à pied, je pourrai trouver demain un mécanicien !
Après avoir chaleureusement remercié l'homme au vélo pour sa tentative, je repère donc un terrain pour camper, a quelques mètres de là. Mais la famille de paysans m'invite à m'installer sur son terrain, situé juste en contrebas. J'accepte avec plaisir mais arrivé sur place, je déchante quelque peu car le terrain est en pente et en dévers et il m'est donc impossible de planter ma tente. Je décide alors de dormir à la belle étoile. Certes, je suis à 3.500 mètres d'altitude mais mon duvet est censé me procurer de la chaleur jusqu'à -20°. Ce sera donc un bon test et l'occasion de profiter du magnifique ciel étoilé de l'hémisphère Sud. Je cale mon tapis de sol avec de grosses pierres afin de ne pas glisser pendant la nuit et prépare mon repas devant le regard ébahit du père de famille et son jeune fils.


Puis ils me laissent dîner seul. Après avoir accroché toutes mes affaires à un arbre et les avoir reliées à mon alarme sonore, je m'endors, enrichi de ces belles rencontres.

Le lendemain matin à l'aube, alors que je m’apprête à lever le camp, le paysan me rejoint avec son fils et tous deux n’accompagnent chez le mécanicien. Devant un attroupement grandissant où je ne comprends pas grand chose, la plupart des personnes présentes s'exprimant en Quechua, le mécanicien arrive à effectuer une réparation temporaire.


Le dérailleur qu'il m'installe n'est en effet pas du tout adapté mais je peux tout de même changer quelques vitesses. Nous le positionnons sur les grands pignons pour me permettre de finir mon ascension.
Mais après seulement un kilomètre, c'est plutôt mal engagé car un maillon de la chaine cède. Je me dis que cela doit venir du nouveau dérailleur qui n'est pas rodé. Je répare rapidement mais un kilomètre plus loin, un autre maillon cède. Je pourrais être découragé mais après tous les ennuis mécaniques que j'ai connu, je prend cela avec fatalité. Je répare en chantonnant et me remet en route. Une route irrégulière, défoncée et  présentant des pourcentages allant jusqu'à 8 %, difficile donc. De plus, le nouveau dérailleur fonctionne très mal. La chaîne déraille régulièrement, m'obligeant à des pauses usantes tant mentalement que physiquement. Alors que je ne vois toujours pas arriver le lac, je croise deux 4x4, qui s'arrêtent. Il s'agit d'une équipe locale d'une agence de voyage italienne spécialisée dans le tourisme solidaire et responsable, en reconnaissance dans la région. Ils m'offrent un t-shirt à effigie de l'agence, des fruits, de l'eau et du coca-cola.

Après cette belle et revigorante rencontre, je repars plein d’entrain. Une heure après, j'atteins enfin le lac tant espéré, à 4.500 mètres d'altitude.  Encore une fois, mes efforts sont récompensés par un sublime paysage.



Après une ultime montée de deux kilomètres, j'atteins le sommet où j'ai l'agréable surprise de trouver une piste en bon état me permettant de jouir pleinement de la descente. Durant les vingt premiers kilomètres, j’évolue dans une nature sauvage époustouflante.


J'arrive ensuite dans une zone plus peuplée, moins idyllique, traversant des villages très pauvres. Le dérailleur fonctionne de plus en plus mal et j'arrive péniblement à Huari où je décide de prendre un hôtel. Demain, il me faudra de nouveau me pencher sur ¡Caramba! car je ne pense pas pouvoir faire encore beaucoup de route dans ces conditions...

jeudi 11 août 2011

Sublime Cordillera Blanca

Ce jour de repos m'a permis de bien récupérer car pour la première fois, je ne l'ai pas passé à réparer  ¡Caramba! ou à alimenter le blog. C'est donc frais et dispo que j'entame ma longue ascension de la Cordillera Blanca. Les quinze premiers kilomètres me permettent de m'échauffer car la route est asphaltée et en pente douce jusqu'à Yungay où je reçois un accueil fort sympathique. J'en profite pour faire le plein car la prochaine ville se situe à une centaine de kilomètres, de l'autre côté de la Cordillère. A partir de là, la route devient piste et s'élève pour me mener de 2.500 à 4.000 mètres d'altitude environ.
Après une demi-douzaine de kilomètres, alors que je fais une pause, deux employés du ministère de l'agriculture en moto s'arrêtent et m'offrent généreusement des fruits. Un kilomètre après, je vois arriver, descendant, un cyclotouriste. Nous nous arrêtons pour discuter. Shinji est japonais et roule depuis six mois. Il voyage depuis le Mexique et se rend également à Ushuaia mais traverse la Cordillère de l'Est vers l'Ouest, contrairement à moi. Nous discutons un bon moment et échangeons nos mails car nous serons certainement amenés à nous revoir. Je l'invite également à se rendre à Lima où il pourra certainement trouver un porte bagages avant. Shinji roule en effet depuis le début avec seulement un porte bagages à l'arrière et porte le reste de ses affaires … dans un énorme sac à dos : un bon bourrin comme je les aime !


Je reprends la route heureux de ces rencontres ; le panorama aperçu l'avant veille dans le camion confirme toutes ses promesses, il fait un temps splendide et la piste n'est pas trop défoncée, me permettant de progresser à 6-7km/h environ. Bref, je suis au paradis. Cela se confirme deux heures plus tard. Alors que j'arrive devant un restaurant touristique, un groupe de retraités déjeunant en terrasse m'invite à me joindre à eux et me paient le déjeuner : au menu un chicharron de chancho (cochon), un délice !

A partir de l'entrée dans le Parc National du Huascarán, la piste se dégrade et devient sablonneuse. La fatigue de la journée aidant, je progresse plus difficilement. De plus, mon porte bagages semble montrer quelques signes de faiblesses. Je prie pour qu'il tienne jusqu'au bivouac du soir, un plateau à 3.950 mètres d'altitude où se côtoient deux sublimes lacs, l'un de couleur turquoise, l'autre émeraude avec une vue magnifique sur le Huascarán. Mais à quelques kilomètres du but, mon porte bagages cède. En réalité, pas le porte-bagages lui même mais une des vis le maintenant au cadre. Heureusement, j'ai une vis de secours. Je repars rapidement pour gagner le lieu repéré deux jours auparavant et m'installe pour une bonne soupe devant un coucher de soleil magistral, juste pour moi !

Le lendemain, je ne prends la route que vers 9 heures car avec ce qui m'attends, j'ai décidé d'entreprendre une révision en profondeur de ¡Caramba! Au menu en effet, 15 kilomètres d'ascension et 900 mètres de dénivelé sur une piste défoncée, me menant à plus de  4.800 mètres d'altitude. Je mets près de quatre heures (5h30 avec les pauses) pour effectuer la montée. Si je ne ressens aucune difficulté liée à l'altitude, ma progression est en revanche rendue difficile par les nombreux virages, très pentus et en dévers, m'obligeant à passer en force tout en faisant contrepoids pour ne pas verser. Mais la vue tout au long de la montée, qui se passe de commentaires, compense très largement la souffrance endurée !



Au sommet, je m'offre un déjeuner de roi : galettes salées, sandwich au thon et à la mayonnaise et une barre de chocolat en dessert !
J'entame ensuite une descente d'une vingtaine de kilomètres, tout aussi sublime, mais sur une piste toujours défoncée. Je ne dépasse donc pas les 8-10 km/h.

En fin de journée, j'arrive à Yanama, 3.500 mètres d'altitude, où un habitant me propose son garage pour dormir. Fatigué, j'accepte avec plaisir, même si je ne trouve ici ni le confort d'un hôtel ni le charme d'un bivouac en pleine nature.

mardi 9 août 2011

Treking dans la Cordillère Blanche

La Cordillère Blanche est appellée ainsi, car c’est l’un des très rares massifs enneigés du Pérou. Les sommets de la Cordillère Noire – massif voisin - sont par exemple vierges de tout enneigement. Située au coeur du Parc national du Huascarán, la Cordillera Blanca compte pas moins de 22 sommets de plus de 6.000 mètres, constituant ainsi la plus forte concentration de hauts sommets après l’Himalaya. Je me devais donc de faire une pause pour explorer un peu plus en profondeur ce trésor de la nature.
Le trek le plus populaire est le Santa Cruz, une randonnée d’une cinquantaine de kilomètres de quatre jours offrant des vues superbes sur le massif. Bien balisé et sans difficulté technique, le trek peut être fait seul et en trois jours, ce que je décide donc de faire. Je laisse ¡Caramba! à l’hôtel, loue un sac à dos et me voilà parti. Après une heure de collectivos – taxis collectifs -, entassés à huit dans une voiture pour cinq, j’arrive à l’entrée du Parc. Très vite, je constate que le sac à dos que j’ai loué est très inconfortable et pas du tout adapté à ma morphologie. Les premières douleurs aux épaules ne tardent donc pas à se manifester car je transporte tout le matériel pour trois jours – tente, duvet, réchaud, nourriture et surtout eau. Le sac dépasse donc allègrement les trente kilos. En ce début de randonnée - censée me permettre me reposer -, je vis un véritable calvaire, d’autant que le trek attaque directement par une côte de 4 km et 900 mètres de dénivelé positif, belle mais sans plus. A ce moment là, je regrette vraiment de ne pas avoir opté pour une randonnée organisée, où les mules s’occupent de la basse besogne de porter les sacs.
Au termes de l’ascension, le paysage offre plus de charme mais la douleur est insupportable et je suis obligé de faire une pause toutes les 15 minutes pour soulager mes épaules. J’arrive avec soulagement au bivouac, à 3.800 mètres, offrant une superbe vue sur la Cordillère, et m’installe en bord de ruisseau, à l’écart des groupes (on ne se refait pas!). Je mange ce qui pèse le plus lourd et me débarasse d’une bonne partie de l’eau car j’apprends que le trek suit en permanence une rivière.


Le lendemain, le sac est moins lourd mais le mal est fait, mes épaules sont meurtries. J’oublie cependant quelque peu la douleur en admiran le paysage et en discutant avec d’autres randonneurs. Je fais notamment la connaissance de Tony et Clément, deux français, randonnant également seuls, qui terminent leur vacances au Pérou et en  Bolivie.  La seconde journée tient toutes ses promesses en termes de panorama, avec une vue de premier ordre sur le Huascaran et l'Artesonraju qui, dit-on fièrement ici, est la montagne servant de modèle au logo de la Paramount Pictures.


Le second bivouac est encore plus beau que le premier, plus froid aussi car situé à 4.200 mètres d’altitude. Le seul problème, c’est qu’à cette altitude il est plus difficile de faire bouillir de l’eau, surtout avec un réchaud encrassé par l’utilisation d’essence de qualité variable. Résultat, il me faut 1h35 pour faire cuire mes pates, record battu ! (hors performance de Thomas M. qui, en Turquie, a tenté de faire cuire des pates dans de l’eau froide. Les personnes concernées s’en souviennent je pense!).
Avec Tony et Clément, nous décidons d’entreprendre le lendemain en une seule journée les deux dernières étapes du trek. Pour cela, nous nous réveillons à 5 heures et partons au petit jour. Nous grimpons à la fraîche les 550 mètres de dénivelé positif nous amenant à Punta Union, point haut de la randonnée à 4750 mètres d’altitude. La descente est belle mais difficile, en particulier pour Tony qui souffre du genou. Mais les paysages superbes et la perspective d’une bonne bière et d’un bon repas nous font avancer. Mails les heures passent et nous n’entrevoyons toujours pas l’arrivée. Cette fin de trek est interminable, d’autant que les paysages sont moins idylliques et c’est au bord de l’épuisement que nous terminons ce trek. Nous nous payons une bonne bière en attendant un collectivos ou une voiture pour rentrer à Caraz car l’arrivée se fait au milieu de nulle part, sur une piste déserte : Il n’y a rien ici, excepté une épicerie (heureusement!)
Mais la chance nous sourit car la bière à peine terminée, un camion à bétail vide nous prend en stop. Le trajet est certes extrêmement inconfortable mais mémorable. Il nous faut ainsi plus de 3 heures – debout agripé aux parois du camion - pour parcourir les 67 kilomètres d’une route magique. Je ne veux cependant pas trop la regarder, devant l’emprunter à vélo en sens inverse dès le lendemain.

Nous concluons ce trek et cette longue mais finalement très belle journée par un sympathique dîner au restaurant. Puis je quitte mes compagnons de marche, qui partent dès le lendemain se reposer quelques jours au bord du Pacifique avant de rentrer en France. De mon côté aussi, je décide de m’octroyer un jour de repos et de ne reprendre la route que le surlendemain. Je vais en effet avoir besoin de force pour traverser à vélo la Cordillera Blanca…

vendredi 5 août 2011

Le Cañon del Pato dans la douleur

Je ne pars de Santa que vers 10 heures car, à la suite de mes récents ennuis mécaniques de la veille, je décide de soigner ¡Caramba! J’en profite notamment pour changer cable et gaine de dérailleur arrière, bien usés par un mois de périple.
Je n’évolue désormais plus sur la Panaméricaine. Je suis reparti plein Est en direction de la Cordillère Blanche et remonte le cours du Rio Santa. La journée est tranquille car la route est asphaltée est en pente douce. Malgré tout, je suis très fatigué et fait de nombreuses pauses. De plus, il fait très chaud. Après un peu plus de 4 heures de pédalage, j’arrive au village de Chuquicara où je m’accorde une longue pause à la terrasse d’un restaurant. En réalité, je pense avoir besoin d’un jour de repos mais je ne peux pas le prendre ici. Chuquicara n’est pas vraiment un village, c’est un simple lieu de ravitaillement au croisement de deux routes et mis à part une station service, un restaurant, cinq épiceries et dix maisons, il n’y a rien ici.
Les heures paassent et je décide de dîner au restaurant avant de repartir. Là, je découvre mon pneu avant droit à plat. Le temps que je répare, la nuit aproche et finalement, un habitant me propose son terrain pour y planter ma tente, ce que j’accepte avec plaisir. Je m’installe donc sous les yeux émerveillés de ses deux petites filles à qui je fais faire un tour de ¡Caramba!
Au moment d’aller me coucher, je découvre que ma lampe frontale ne marche plus. Cela ne vient pas des piles puisqu’elles sont neuves de deux jours. Décidément, pas une poisse ne m’aura été épargnnée! Cela n’a pas d’incidence pour ce soir car j’ai dîné et installé toutes mes affaires mais j’espère pouvoir résoudre le problème demain.

Malgré une bonne nuit de sommeil, je ressens une fatigue importante. La journée s’annonce donc difficile d’autant plus que dès la sortie de Chuquicara, la route se transforme en piste et s’élève un peu plus : j’entre dans le fameux Cañon del Pato. La route est belle mais la traversée de villages abandonnés procurent une certaine sensation de malaise.

Il fait très chaud et la piste ne fait que monter, n’offrant que très peu moments de répits. Vers 17h00, j’arrive épuisé au village de Yuramarca où je m’accorde une pause dans un café.

Comme la route descend à partir de là, je repars pour six kilomètres et j’établis mon campement en contrebas de la route, au bord du fleuve.


Pendant la journée, j’ai complètement oublié de m’occuper de ma lampe. Je me dépeche donc de tout installer avant la tombée de la nuit et à la lumière de mon réchaud, j’arrive à la faire repartir mais par intermittence. J’avale rapidement mes 250 grammes de pates et une boite de thon et me glisse dans mon duvet à 19h30. Malgré l’altitude (1.600 mètres), il fait très chaud et la température ne baisse presque pas pendant la nuit. Je ne dors donc pas très bien.

Le lendemain, j’ai de nouveau droit à un magnique lever de soleil. De manière générale, depuis mon entrée au Pérou, le soleil m’accompagne presque en permaenence, contrairement à l’Equateur où j’ai subi de fortes pluies.
Malgré la fatigue, je suis pressé de me mettre en route car ce soir, je serai à Caraz où je pourrais prendre un repos bien mérité. De plus, je vais pénétrer dans la plus belle partie du Cañon, la plus étroite, la plus vertigineuse. 
 
Certes, la route devrait être plus pentue que la veille mais je n’ai que 50 km à parcourir sur une route normalement asphaltée. Mais je dois d’abord réparer ma lampe frontale car je vais emprunter de nombreux tunnels. En me penchant plus sérieusement que la veille sur le problème, il apparaît qu’il s’agissait d’un simple faux contact rapidement résolu. Je me mets en route et au bout de quelques kiomètres, je dois faire face à l’attaque d’une meute de six chiens sauvages complètement enragés. Heureusement, je les avais vus au loin et j’avais fait une bonne réserve de cailloux. Et cette fois, pas de pitié, j’ajuste mes tirs et vise délibéremment ces sales cleps. Après cet épisode euphorisant, j’arrive au village de Huallanca pour refaire le plein de provisions. On m’annonce que la route asphaltée n’est pas pour tout de suite. Me voilà donc parti pour 25 km de piste, avec une pente nettement plus prononcée et un peu stressante car je traverse une vingtaine de tunnels, géneralement assez courts mais étroits, en courbes et évidemment pas du  éclairés.

Au bout de 15 km, je me rends compte que j’ai perdu pour le seconde fois du voyage la partie haute de mon mât, avec mes drapeaux. Je décide de faire marche arrière et heureusement, au bout de deux kilomètres, je le retrouve. Puis je reprends ma route en direction de Caraz et découvre sur le bord droit de la route, environ un kilomètre après avoir retrouvé mes drapeaux, ma balise GPS, dont la patte de fixation s’était dévissée. On peut dire que sur ce coup là, j’ai encore eu le cul bordé de nouilles!
Peu après la sortie du dernier tunnel, la route asphaltée fait son apparition. Une belle route toute neuve sur laquelle j’ai l’impression d’avancer sans efforts malgré la pente.  J’y croise deux couples de jeunes retraités suisses de Bern, qui traversent le continent dans le sens Sud-Nord en camping-car 4X4 qui me font Presque envie à cet instant.
Au fur et à mesure que je me rapproche de Caraz, j’aperçois les magnifiques sommets enneigés de la Cordillère Blanche et peu avant 15 heures, j’atteins la ville. Je trouve rapidement un hôtel restaurant  où je déguste une délicieuse truite bien méritée.
Ce vendredi, je me repose à Caraz et demain, je pars pour trois jours de treks dans la Cordillère Blanche, au pied du Huascarán, culminant à 6.788 m. Un trek réputé pour être l'un des plus beaux du monde ... 

lundi 1 août 2011

De la Cordillère au désert de la côte

Après une immersion au coeur de la culture nord-péruvienne, je pars pour une immersion au coeur de la Cordillère, même si j’ai revu mes plans à la baisse. En effet, après avoir longuement discuté avec plusieurs personnes, j’ai décidé de modifier mon itinéraire car la route que je pensais prendre, plein Sud, est visiblement une piste en fort mauvais état, proche de la route empruntée pour me rendre aux ruines de Marka. Je décide donc de me rendre en direction de la côte et de Trujillo. Je ne voulais pas m’y rendre depuis Chachapoyas car je savais que la route entre “Chaca” et Cajarmarca était sublime et je voulais  absolument visiter Cajamarca. Mais à ce stade, la situation est différente car les deux routes sont aussi belles l'une que l'autre et de plus, je pourrai rapidement retrouver mon itinéraire initial.
Me voilà donc parti  pour une ascension dont je ne connais pas la longueur, ma carte étant imprecise sur le sujet, comme c’est d'ailleurs systématiquement le cas depuis mon entrée au Pérou. Elle me promet juste une route asphaltée jusqu’à Trujillo. La route s’élève magnifiquement de 2.400 mètres à 4.210 mètres d’altitude en 45 kilomètres -  mon premier col au-dessus des 4.000 mètres.

Je suis satisfait car l’organisme répond présent : aucun problème d’essoufflement, aucun signe de mal des montagnes, tout est OK. J’évolue ensuite  pendant une diziane de kilomètres sur un plateau oscillant entre 4.100 et 4.200 mètres avec des paysages à couper le souffle.




Seul bémole, la route est devenue une piste qui se dégrade de plus en plus et qui ne laisse rien présager de bon. En même temps, je me dis que j’ai bien fait de prendre cette route car si ça c’est une bonne route, je n’ose même pas imaginer l’état de l’autre piste. J’entame ensuite une descente sur une piste déponcée traversant plusieurs villages plus glauques les uns que les autres où la pauvreté est visiblement très grande. Je ne m’y attarde donc pas et poursuit ma route jusqu’au coucher du soleil où je trouve un endroit à l’abris de la route pour camper.

Le lendemain, alors que je pensais descendre, la route s’élève de nouveau pendant une dizaine de kilomètres environ avant de descendre, mais sur une piste dans un tel état que je ne dépasse pas les 8 km/h. Surtout, je dois rester très concentré et ne peut donc pas vraiment profiter du paysage en roulant. Mais au bout de 60 km, je rejoins enfin une belle route asphaltée qui descend sur près de 40 km, de 2.800 mètres d’altitude jusqu’au niveau de la mer : un pur bonheur! Au cours de la descente, je me fais doubler par des dingues en skate, alors que je descend déjà à plus de 50 km/h et que la route est très sinueuse! En bas de la descente, je discute avec eux avant qu’ils ne repartent se faire un "ride" de plus.
De mon côté, impossible de repartir car mon dérailleur est complètement tordu. C’est incompréhensible puisque toute la journée il a fonctionné normalement. Une famille me voyant en difficulté me propose de me transporter jusqu’à Trujillo et me met en garde sur la délinquance importante régnant dans la région. Je les remercie mais je veux me débrouiller tout seul. Je perds pas mal de temps à réparer mais j’arrive quand même à repartir.
Comme cela n’est pas la première fois que l’on me parle négativement de Trujillo, je décide de contourner la ville pour gagner directement la côte. Les abords de la ville sont affreux. Je sais qu’on ne peut pas juger une ville sur ses banlieues, mais là tout de même, ça ne donne vraiment pas envie d’entrer dans la ville. A la tombée de la nuit, je suis toujours dans la grande périphérie de Trujillo et il apparaît déraisonnable de dormir sous tente. Je m’arrête donc dans un hôtel à Moche.

Le lendemain, me voilà parti sur la Panaméricaine. Je ne prévois d’y passer qe peu de temps car le traffic y est très important sur cette section. La sortie de Moche est pour le moins désagréable : crachin, vent, brouillard et odeurs pestilantielles marquent ce debut de journée. La route est une véritable décharge à ciel ouvert et me rapppelle certaines routes turques empruntées en 2006 lors d’un mémorable voyage en vélo en compagnie de quatre camarades, à deux tandems et une bicyclette classique.
Non seulement je ne peux apercevoir le Pacifique et j’ai un début de nausée mais en plus, moi qui croyait avoir une journée de plat, voilà que la route s’élève pendant huit kilomètres, avant d’alterner faux plats montants et descendants. Bref, une route assez usante traversant des villes hideuses. Pas vraiment de quoi m’enthousiasmer. Mais au bout de 50 kilomètres je découvre un panorama fabuleux puisque la route se faufile entre les dunes et les montagnes arrides.



Je poursuis ainsi ma route jusqu’à apercevoir le Pacifique et une immense plage de sable noire, malheureusement occuppée par un complexe industriel. Je longe la côte pendant un bon moment et rentre de nouveau dans une zone peuplée. Des policiers m’arrêtent et me conseillent de ne pas dormir dehors. Je poursuis donc mon effort jusqu’à Santa, où une nouvelle fois, je prends donc un hotel, à Santa. Malgré une route plutôt facile, je termine la journée très fatigué. J’ai en particulier des crampes aux mollets car je n’ai plus l’habitude d’envoyer du gros braquet. Pour me remettre, je me paie un bon “Pollo a la braza” (poulet rôti, servi avec des frites et du riz) accompagné d’une Trujillo, la bière locale.