jeudi 14 juillet 2011

Et 1000 bornes dans la besace…

La journée de repos n’en a pas vraiment été une. J’ai passé une bonne partie de mon temps au cyber café pour alimenter le blog. En effet avec le mauvais temps persistant, je n’ai toujours pas eu l’occasion de me servir de mon panneau solaire pour vérifier si ma batterie est HS ou non. J’ai voulu profiter de la vie nocturne – réputée ici notamment pour le nombre et la qualité des musiciens – mais en début de semaine, ça n’était pas l’idéal.
En sortant de Loja, les sensations ne sont pas bonnes, les jambes sont lourdes et j’ai certainement pris un petit déjeuner trop copieux. De plus, commencer la journée par dix kilomètres de côte n’est pas non plus le plus facile. Mais j’ai ensuite droit à ma récompense : une magnifique descente jusqu’à Vilcabamba! J’en profite car à partir de là, je ne reverrai pas l’asphalte avant le Pérou.

Les pistes sont vraiment difficiles ici : caillouteuses avec de nombreux nids de poule - qui ne me facilitent pas la tâche car je dois en permanence prévoir trois trajectoires différentes -, ou au contraire terriblement boueuses. Les tronçons en travaux sont le pires car les engins de chantiers défoncent encore plus la piste et la transforme en bourbier, comme ceux que j’ai dû affronter quelques jours plus tôt.
Je plante ma tente peu après le sommet d’une ultime ascenssion. Une fois n’est pas coutume, je m’installe de bonne heure afin de jouir d´un superbe coucher de soleil sur toute la vallée.


Le lendemain, l’état de la piste est toujours aussi mauvais mais les paysages sont grandioses. Je progresse difficilement, mettant près de 3h00 pour parcourir 15 km. J’amorce ensuite une descente dans laquelle je ne peux pas vraiment améliorer ma moyenne ni profiter du paysage car la piste exige une grande concentration. Je prends cependant beaucoup de plaisir à piloter mon trike dans ces conditions. J’arrive à Valladolid où une affiche vante le bon vivre de ce bourg. Mais je ressens exactement l’inverse. La plupart des habitants que je croise me jettent un regard sévère et ne répondent pas à mon salut. Ils sont chaussés de bottes en plastique et équipés d’un seau. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent mais leur réaction ne m’incite pas vraiment à demander. Cette entrée me glace le sang et me fait penser aux westwerns dans lesquels, lorsqu’un étranger entre dans le saloon, tout le monde interrompt sa discussion et le dévisage, craignant qu’il ne vienne troubler leur quête d’or (Jean-Charles, j’espère que cette référence te fera plaisir!). Je m’arrête tout de même ici car j’ai besoin de refaire des provisions. A ce moment là, je me rends compte que je n’ai plus mon mât avec mes drapeaux. Je suis vraiment contrarié meme si ça n’est évidemment pas vital. Il faut que je quitte ce lieu rapidement pour chasser le mauvais sort. Une piste plus roulante me permet de m’éloigner à bonne allure et comble de la chance, 10 km après Valladolid, un camion s’arrête à ma hauteur … et me tend mon mât avec les deux drapeaux. Je le remercie chaleureusement et me remet en route. En ce 14 juillet, c’est alors un véritable feu d’artifice qui se produit dans mes jambes et une deuxième journée commence alors que je roule pourtant depuis près de cinq heures. Je me lance alors le défi d’atteindre les 1.000 km ce soir. Il me faudra près de cinq heures supplémentaires pour cela car en fin de journée, je dois grimper des côtes terribles, notamment 3 km à 11 %. Mais la piste est à l’ombre, il fait frais, les paysages sont magnifiques et je suis porté par l’excitation de passer le cap symbolique des 1.000 premiers kilomètres.

Après quelques kilométres de descente effectués de nuit, je plante ma tente sur le terrain d’une famille qui m’accueille gentiment.  Le ciel est magnifique : c’est le premier jour sans une goutte de pluie depuis mon arrivée en Equateur.

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