Après cette belle escapade au Machupicchu, je me lève tôt car je veux être à Cusco - distante de cent kilomètres environ - ce soir. Je prépare ¡Caramba! sous le regard émerveillé du fils des propriétaires de l'hospedaje où j'ai dormi (sorte de chambre d'hôte à la péruvienne, c'est-à-dire avec un confort tout relatif!). Avant de partir, je déguste un bon un maté de coca gentiment offert par la maison pour me donner les forces nécessaires pour rallier Cusco.
La route est presque plate et j'arrive rapidement à Pisac, charmant village inca. Je décide de faire un détour pour visiter les ruines et les terrasses agricoles de ce site Inca. Le détour est un peu plus long que prévu car avant de pourvoir admirer les admirer, je dois grimper une pente de dix kilomètres à 4,5 % de moyenne. Mais cela en vaut la peine car le site est magnifique et très différent du Machupicchu.
Je reprends la route, et alors que j'ai déjà quatre-vingt kilomètres dans les pattes, j'entame l'ascension me menant à Cusco : vingt kilomètres à 5 % qui font mal, très mal. Je souffre et ça doit se voir puisqu'une voiture s'arrête et m'offre de l'eau et cinq pains de Pisac. J'arrive au sommet au coucher du soleil et effectue donc les quinze kilomètres de descente dans la nuit. Après 115 kilomètres, je m'arrête devant l'entrée d'Estrella, l'hôtel recommandé par les cyclistes croisés sur la route près de Limatambo quelques jours auparavant.
J'entre dans la cour de l'hôtel sous les applaudissements des autres pensionnaires, uniquement des cyclo-voyageurs. Je pense que je vais me plaire ici ! Nous passons la soirée à échanger des anecdotes de voyage toutes plus croustillantes que les autres. Nous échangeons également de précieuses informations entre ceux voyageant vers Ushuaia et ceux remontant vers le Nord.
Dans la soirée arrive Christoph, le suisse-allemand voyageant en vélo couché qui me précédait de quelques heures sur la route entre Abancay et Cusco (www.icetofire.ch). Il revient du Machupicchu, qu'il a visité avec deux autres cyclistes, Mat, un Canadien et Mat, un américain. Tous trois voyagent depuis l'Alaska depuis presque seize mois et se rendent à Ushuaia. A côté d'eux, mon voyage fait pâle figure car ils ont vécu de sacrées aventures, notamment au Mexique et en Amérique Centrale. J'ai le plaisir de partager ma chambre avec ces trois gais lurons et je fais d'autres belles rencontres, Delphine et Ezechiel entre autres, un couple de français voyageant depuis le Sud. (www.cycloandes.com). Ces futurs ex-parisiens me donnent de précieux conseils pour l'Argentine et un itinéraire très détaillé du Lipez, avec tous les points GPS.
Du coup, moi qui ne pensais rester que deux jours ici, je décide de prolonger mon séjour. Il est vraiment agréable de rencontrer d'autres voyageurs partageant la même passion. Car, sans exclure les autres touristes, il y a forcément un décalage de mentalités avec les touristes « normaux ». La différence provient également de l'âge car la plupart des voyageurs en sac en dos ont autour de la vingtaine quand les cyclo-voyageurs de moins de trente ans sont rares.
Je profite de ma pause pour me reposer mais aussi pour visiter la ville.
En la découvrant, je suis quelque peu déçu. Certes, Cusco est belle mais le tourisme y a pris beaucoup trop de place. Dans la veille ville, il est ainsi impossible de faire vingt mètres sans se faire approcher par un rabatteur vous tendant un menu de restaurant, vous proposant un massage, des bracelets voire même de la drogue.
Heureusement, je visite la ville avec mes compagnons de chambre et chaque escapade donne lieu à de franches rigolades.
J'accepte sans beaucoup d'hésitation car Christoph est vraiment sympathique et le programme est alléchant : avant d'aller à Arequipa, il a en effet prévu de se rendre à Puerto Maldonado, une ville située à l'est de Cusco, dans la jungle et de là de faire une expédition de cinq jours dans la forêt amazonienne avant de rejoindre le lac Titicaca par le nord, une partie plus sauvage et beaucoup moins touristique que la partie située aux abords de Puno.
Après une superbe semaine passé dans cet hôtel, je reprends donc le cours de mon non plus en solo, mais accompagné de Christophe et de son Challenge Seiran, un vélo couché plus haut et avec seulement deux roues. Nous avons prévu d'arriver à Puerto Maldonado dans quatre jours, puis de consacrer cinq autres jours à une excursion en Amazonie.
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