samedi 31 décembre 2011

Un nouvel an into the wild

Comme tous les autres cyclistes avec qui j'ai célébré Noël, je décide de me rendre à Pucon – situé à 700 kilomètres environ au Sud de Santiago - en bus. En effet, la route entre Santiago et le début de la région des Lacs est une autoroute monotone et sans aucun intérêt. Il y a bien une alternative en passant par la côte, mais cela représente un détour énorme et je n'ai plus beaucoup de temps désormais pour rallier Ushuaïa.
Après une semaine de repos, je ressens le besoin de pédaler et je suis le premier à quitter la maison de Santiago en ce mercredi 28 décembre.
J'arrive tôt à la gare routière car la période entre Noël et Jour de l'an est la plus chargée de l'année. Je ne suis donc pas certain que l'on m'accepte dans le bus avec mon vélo, cette mésaventure étant déjà arrivée à plusieurs cyclistes. Mais finalement, après un bon coup de stress et un nouveau petit bakchich versé au chauffeur, ¡Caramba! est chargé dans le bus et je peux sereinement gagner mon siège pour onze heures de transport.

J'arrive à Pucon, charmante station balnéaire située au bout de la rive est du Lac Villarica - le premier d'une longue série - et au pied du volcan éponyme, pour le coucher du soleil. Je m'empresse de remonter ¡Caramba! afin de gagner au plus vite le camping et de m'installer avant la tombée de la nuit. Et là … c'est le drame ! Alors que je suis en train de fixer la roue avant gauche, l'axe de serrage cède ! J'arrive tout de même à rejoindre le camping, distant de seulement 500 mètres, car la roue est maintenue par le disque de frein. Mais il va falloir que je trouve très vite une solution car je ne peux pas reprendre la route avec une roue susceptible de me fausser compagnie à tout moment !

Le lendemain, je m’attelle donc à la réparation de ¡Caramba! J'arrive ainsi à bricoler quelque chose de satisfaisant … pour le moment. De toute façon, je n'ai pas le choix car cette pièce est spécifique à mon modèle de trike. Mais, je ne sais pas si cela suffira sur les pistes défoncées de la Carretera Austral...

Je profite du reste de la journée pour faire un peu de tourisme. C'est alors que je tombe sur Juergen. Il vient d'arriver à Pucon après un voyage épique. Il a eu moins de chance que moi, la compagnie de bus ne l'ayant pas accepté avec son vélo. Il a du attendre plusieurs heures dans la gare routière de Santiago avant de trouver un bus, avec qui plus est une correspondance au petit matin.
Nous terminons la journée en nous payant un petit resto tout en profitant d'un magnifique coucher de soleil, illuminant d'une sublime couleur orangée le cône enneigé du Volcan Villarica.



Avant de prendre la route du Sud, j'ai prévu d'explorer la région en faisant une petite boucle de deux jours puis de revenir à Pucon pour y célébrer le passage à l'année 2012.
Je prends ainsi la direction de l'Est, et plus précisément du Lac Caburgua, que j'atteins à midi et où je reste une bonne partie de l'après-midi.



Je me dirige ensuite vers le Parc National Huerquehue, distant de seulement 25 kilomètres. Sauf que les quinze derniers kilomètres ne sont pas asphaltés et que les dix derniers sont en montée, d'une pente très raide. J'arrive ainsi bien fatigué à l'entrée du parc en début de soirée. Aucun garde n'est là, j'entre donc sans acquitter le droit d'entrée et me met en quête d'un endroit pour passer la nuit. Des locaux m'indiquent un camping sympathique au bord du lac, au bout de la route, ou plutôt de la piste. Après quatre kilomètres me paraissant interminables, j'arrive enfin à destination. L'endroit semble désert. Seul deux drapeaux - l'un du Chili, l'autre du Québec – flottant à l'entrée du site trahissent une présence humaine. Je suis finalement accueilli par Antoine, québécois trentenaire qui gère ce camping avec sa femme chilienne et sa belle-famille. Camping n'est pas vraiment le mot approprié car le lieu ne compte qu'une douzaine d'emplacements, tous isolés les uns des autres et dans un environnement magique. Le site est bordé à l'ouest par une rivière, à l'est par une forêt et au nord par le Lac Tinquilco, et entouré de montagnes, dont le mont San Sebastian, qu'Antoine me suggère de grimper dans les prochains jours. Venu dans l'idée de ne rester qu'une nuit avant de repartir pour Pucon, je décide finalement de rester ici quelques jours, d'autant plus qu'Antoine m'invite à célébrer la veillée de la Saint Sylvestre, le lendemain, avec sa famille et quelques autres campeurs.


En ce dernier jour de l'année 2011, je laisse ¡Caramba! au repos et m'attaque donc, armé de mes bâtons de randonnée, à l'ascension du Mont San Sebastian. Au sommet, 1.500 mètres plus haut, Antoine m'a promis une vue stupéfiante, aussi belle qu'au sommet du volcan Villarica, certes sans le cratère, mais également sans la horde des 500 touristes effectuant quotidiennement cette ascension. Et effectivement, je ne suis pas déçu. Le chemin est superbe, très sauvage, à flanc de falaise Je ne croise que deux randonneurs durant la journée et profite donc en paix du somptueux panorama.


Je regagne le camping en fin d'après-midi et me prélasse alors dans les eaux « chaudes » du lac, réchauffées par les nombreuses sources d'eaux chaudes souterraines des volcans alentours.



Puis vient l'heure de préparer le traditionnel agneau à la broche que nous savourons ensuite autour d'un beau et chaleureux feu de camp. Un passage à 2012 en pleine nature, loin de l'agitation touristique de Pucon qui me convient très bien !


mardi 27 décembre 2011

Noël de cyclistes !

Après une rapide visite de la ville de Mendoza, nous organisons avec Gaëtan le trajet jusqu'à Santiago. Prendre le bus avec trois vélos n'est en effet pas chose aisée en cette fin d'année, correspondant ici au début des grandes vacances d'été. Nous faisons le tour des compagnies et aucune d'entre elles ne peut nous assurer que nous pourrons embarquer. Cela dépendra du taux de remplissage du bus … et de la bonne volonté du chauffeur. Le lendemain matin, c'est donc fébrilement que Nadine, Gaëtan et moi quittons notre hôtel de bonne heure pour gagner la gare routière. Après trois heures d'attente, nous trouvons finalement un bus qui veut bien de nous, moyennant un petit bakchich au chauffeur.

En observant la route depuis mon siège, je me félicite d'avoir pris le bus car celle-ci est en réalité une autoroute - d'ailleurs interdite aux vélos - avec un fort trafic en particulier de camions. De plus, je ne sais pas si j'aurais eu le courage, une nouvelle fois, de m'attaquer à une ascension de près de cent kilomètres pour franchir les Andes à près de 4.000 mètres d'altitude. Enfin, juste avant la frontière, la route passe par de nombreux tunnels étroits, dont deux mesurent plusieurs kilomètres, et ne disposant d'aucun système d'éclairage.

Le passage de frontière nous prend plusieurs heures, les chiliens étant toujours autant tatillons sur l'importation de produits d'origine végétale. Ainsi, tous les bagages sont sortis de la soute pour un examen aux rayons X avant d'être rechargés dans le bus. Gaëtan, lui, à le droit à un traitement de faveur. Sa tête ne revenant visiblement pas au chef de l'inspection sanitaire qui semble le prendre pour un drogué, celui-ci fait venir un chien et vide tous ses bagages en lui demandant à quoi lui sert chaque ustensile. Peut-être attend-il la réponse : à me préparer un petit shoot !
Bref, nous reprenons finalement la route et arrivons sans encombre à Santiago en fin d'après-midi. Nous gagnons alors en vélo La Casa Roja, l'hôtel dans lequel j'ai séjourné avec Rébecca un mois auparavant. N'ayant pas trouvé de maison assez grande pour loger notre bande d'une quinzaine de cyclistes, nous nous sommes en effets rabattus sur cet hôtel très agréable. Nous y retrouvons Siska (Belgique), Jüergen (Allemagne), ainsi que Joost et Michiel (Pays-Bas), les organisateurs de ce « Noël de cyclistes ». Les autres doivent arriver le lendemain ou le surlendemain. En revanche, déception car j'apprends que Christoph ne sera pas de la partie. Il est encore à plusieurs centaines de kilomètres au nord de Santiago. Or, Christoph est un puriste qui ne prend JAMAIS le bus !
Un couple de deux australiennes que je ne connais pas mais dont j'ai entendu parler à de nombreuses reprises ne pourra pas non plus se joindre à nous, bloqué sur l'île de Chiloé en raison de l'avarie du ferry assurant la traversée.

Alors que les arrivées se succèdent, nous trouvons au dernier moment une superbe maison, dans le centre de Santiago, avec jardin et barbecue. Une résidence pour étudiants vidée de ses occupants le temps des vacances, hormis Pedro (Espagne) et Laetitia (Brésil) heureux de trouver un peu de compagnie pour passer les fêtes, même si, ici, elle ne semblent pas avoir autant d'importance que chez nous. Je ne constate ainsi aucune frénésie d'achat. Quant à la décoration, elle est quasiment inexistante. Rien dans les rues ni dans les boutiques hormis un petit sapin par ci par là. Seul un disque de chants Noël tournant en boucle dans les supermarchés nous rappelle que nous sommes bien à quelques heures de la veillée de Noël.
Pour cette veillée, nous avons décidé de cuisiner chacun un plat de son pays. Devant le talent culinaire de Christophe – pas mon compagnon de route, un français d'Ambérieu en Bugey voyageant avec son amie suissesse Doris – je préfère m'incliner. C'est lui qui représentera la France. De mon côté, je me contenterai de préparer quelques tartines et petits-fours pour l'apéritif.


Des mets succulents, du bon vin chilien et une bande de joyeux lurons réunis dans une belle maison, tous les ingrédients sont donc réunis pour passer un bon Noël, mon deuxième dans l'hémisphère Sud après celui passé à Napier, en Nouvelle-Zélande, en 2004.


Les jours suivants, la forte chaleur régnant à Santiago et l'agréable jardin ombragé de la maison ne nous incitent pas vraiment à bouger. D'autant plus que pour ma part, j'ai déjà visité Santiago. Je profite en revanche de ma présence à Santiago pour revoir une nouvelle fois Tomas. Autour d'un verre de vin de sa production, nous passons en revue les albums photos de notre séjour en Nouvelle-Zélande. Je fais aussi la connaissance de son épouse, Manuela, enceinte de sept mois.



J'ai également le plaisir de revoir Dario, un ami péruvien vivant au Chili que j'avais hébergé à Paris en novembre 2010 dans le cadre de Couchsurfing et avec qui je suis toujours resté en contact depuis.


Mais après une semaine de bons repas et de repos, il est temps de reprendre la route. Destination: la région des Lacs !

dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël !

Bonjour à tous

Je vous souhaite un très joyeux Noël ! J'espère que vous avez fêté ça dignement. Pour ma part, le l'ai fêté à Santiago en compagnie d'une quinzaines de cyclistes, dans une maison que l'on loue. Au menu : barbecue et vin chilien !

Je viens de mettre à jour le blog, texte et photos.
Je pense rester ici encore quelques jours, avant de prendre la direction du Sud et de la région des Lacs

Dimitri

lundi 19 décembre 2011

A la découverte de la Pampa argentine

Au camping le lendemain matin je rencontre un couple français, Virginie et Matthieu, voyageant en vélo avec leur petite fille Mano pendant six mois en Argentine. Avant de partir, ils m'offrent un récit de voyage de Jean Raspail en Terre de Feu, « Adios, Tierra del Fuego », qu'ils viennent de terminer de lire.

Puis, après une journée de repos, nous reprenons la route avec Diego. Et pas n'importe quelle route. Nous évoluons en effet désormais sur la mythique « Ruta 40 ». Longue de près de 5.000 kilomètres, cette route traverse l'Argentine du Nord au Sud, jusqu'à Ushuaia. Je ne vais cependant pas l'emprunter entièrement, mon itinéraire alternant entre Argentine et Chili.

L'étape du jour est courte et doit nous mener à Aimacha del Valle, où nos routes vont ensuite se séparer. Les cinquante-cinq premiers kilomètres s'effectuent sans problème, malgré une chaleur accablante. Les quinze derniers sont un cauchemar. A l'heure la plus chaude de la journée, nous attaquons en effet un faux plat montant qui se transforme rapidement en une pente prononcée.




Il fait si chaud que mon eau devient vite imbuvable. Nous arrivons assoiffés à Amaicha en début d'après-midi. Le village est charmant, avec une belle place centrale ombragée parfaite pour siroter une bière bien méritée.


On nous y apprend que ce soir, un grand bal populaire est organisé dans le village. Le temps de poser nos tentes sur le terrain du camping municipal, et nous voici plonger au cœur de la culture populaire argentine. Mais la fatigue me gagnant, je regagne ma tente de bonne heure.
Toutes les bonnes choses ont une fin et après cinq jours de franche rigolade avec Diego, voici venu le temps des adieux. Diego prend en effet la direction de l'Est et de Buenos Aires tandis que je poursuis ma route sur la Ruta 40 en direction du Sud.


Mais après quelques centaines de mètres, la réparation entreprise sur ¡Caramba! avec Christoph à l'entrée du Lipez cède. Elle a tout de même tenue près de 1.000 kilomètres.
J'effectue une nouvelle réparation, mais désormais cela devient vraiment urgent de trouver un professionnel car la chaîne frotte en permanence contre mon cadre. Heureusement, la route pour Santa Maria est majoritairement descendante. Arrivé la-bas, je constate malheureusement, comme je m'y attendais, que tous les garages sont fermés en ce dimanche. Je me dirige donc vers la gare routière pour prendre un bus jusqu'à une plus grande ville où je pourrais faire réparer ¡Caramba! A ce stade, cela n'est pas vraiment gênant car je pensais de toute façon prendre le bus sur ce tronçon, supposé ne pas être le plus beau du parcours. Le seul problème … c'est qu'il n'y a aucun bus effectuant ce trajet !

Je décide alors de rouler, au moins jusqu 'à la sortie de la ville, où je pourrai faire du stop. Sauf qu'une fois sur la Ruta 40, il n'y a personne ! Pas une voiture à l'horizon ! Malgré les frottements importants de la chaîne contre le cadre, je n'ai pas le choix: je dois pédaler !
J'évolue dans des paysages superbes et pas du tout monotones comme on me l'avait annoncé. Les longues lignes droites – généralement d'une vingtaine de kilomètres – traversent un effet un plateau légèrement vallonné, entre deux superbes chaînes de montagnes.




Profitant de ce superbe panorama qui me fait prendre conscience de l'immensité du pays – 2,8 millions de kilomètres carrés, soit plus de cinq fois la France -, j'en oublies presque mes ennuis mécaniques. La lumière de fin de journée et l'absence de trafic rendent le lieu encore plus magique. Je roule ainsi jusqu'au crépuscule où je me pose au bord de la route 40, derrière une dune à l'abri de la route. A l'abri de la route, certes, mais pas du vent qui se lève peu de temps après m'être couché. Un vent bientôt si violent que j'ai l'impression que mon double toit va s'envoler. Un vent faisant claquer la toile si fort et produisant un tel vacarme que je ne peux presque pas fermer l’œil de la nuit.

Au lever, le vent s'est un peu calmé mais n'a pas totalement disparu. Je commence donc ma journée avec un vent de face que je vais affronter toute la journée. Pour ajouter un peu de piment, la route devient non asphaltée après 25 kilomètres. Sans oublier que je n'ai plus d'eau depuis la veille au soir et que les villages indiqués sur ma carte n'existent pas. Après plus de trois heures de pédalage, je trouve enfin de la vie, me permettant de me ravitailler. En fin de journée j'entre dans un superbe canyon débouchant sur la ville de Belén, où après une semaine de bivouacs et de campings, je décide de me payer un hôtel.




Ce matin, je profite de dormir entre quatre murs pour faire une grasse matinée. Réveillé à l'aube, je me prélasse dans mon lit lorsqu'à 7h58, tout se met à trembler ! Le temps que je comprenne qu'il s'agit d'un tremblement de terre, tout est déjà terminé. En prenant mon petit-déjeuner dans le salon de l'hôtel quelques minutes plus tard, j'entends à la radio locale que le « Terremoto » a été fort, d'une magnitude de 4,5 sur l'échelle de Richter. Aucun dégât n'est cependant à déplorer.

Avant de commencer ma journée de vélo, je me rends dans un atelier de soudure voisin de l'hôtel, pour voir s'il peut faire quelque chose pour ¡Caramba!. Et miracle, il arrive effectivement à retirer le bout de vis bloqué dans le pas de vis du cadre. A la suite de quoi, je peux donc installer une nouvelle vis et fixer de nouveau la roulette guidant la chaîne.
Dès les premiers kilomètres, je retrouve une facilité de pédalage que je n'avais plus connu depuis bien longtemps ! Un peu comme si, durant tout ce temps, j'avais roulé avec le frein arrière bloqué !
Malgré un ciel gris et une pluie de plus en plus intense, j'avale les kilomètres dans un état d'euphorie. Vingt kilomètres après la sortie de Belén, je suis arrêté pour un énième contrôle policier : vérification du passeport, âge, profession, employeur, itinéraire,motif et durée de mon voyage, ... A chaque fois, un interrogatoire d'une dizaine de minutes que je semble être le seul cycliste à subir en Argentine. Certainement à cause de la géométrie particulière de mon vélo … 



Je me remets en route, toujours dans un état d'euphorie me permettant de parcourir plus de 150 kilomètres dans la journée, jusqu'au village de Pituil, pause obligatoire pour tout cyclo-voyageur. La tradition ici est en effet de planter sa tente … sur la place du village !


Je quitte Pituil de bonne heure et reprend mon trajet sur la Ruta 40, toujours au milieu de paysages enchanteurs. Alors que je suis en train de soulager la nature entre deux bosquets, je me fais attaquer par une horde d'insectes qui me dévorent en quelques secondes. Résultat, j'ai d'atroces démangeaisons pendant des dizaines de minutes où je pédale tant bien que mal.


Je dois ensuite faire face à une autre attaque, celle du soleil. Car il fait très chaud dans cette région d'Argentine en ce début d'été austral. Le thermomètre grimpe allègrement au-delà de 35° et les zones d'ombres sont très rares. Arrivé à Chilecito, je m'offre donc une longue pause de deux heures à la terrasse d'un café sur la Place principale. Dès la sortie de la ville, je suis escorté par un cycliste local, Eneze, avec qui je roule une vingtaine de kilomètres. Mais très vite, j'ai de nouveau très chaud et je suis obligé de m'arrêter pour faire une pause à l'ombre d'un bel arbre. On m'indique alors la présence d'un canal à quelques centaines de mètres. Je ne me fais pas prier et me précipite dans cette eau fraîche et salvatrice.
C'est revigoré que j'entame alors l'ascension de la Cuesta de Miranda, une côte d'une trentaine de kilomètres mais de seulement 1.000 mètres de dénivelé. Peu à peu les paysages deviennent magiques, avec une alternance de montagnes vertes et ocres, le tout avec un ciel d'un bleu profond. Je m’arrête pour bivouaquer après une vingtaine de kilomètres et profite d'un somptueux coucher de soleil.


Le lendemain je termine l'ascension. Cette dernière partie, sur une étroite route non asphaltée à flanc de falaise, est la plus difficile mais également la plus belle. La descente est tout aussi magique même si dois passer quelques sections de « tôle ondulée » avant de retrouver l'asphalte trente kilomètres plus loin.




Arrivé à Villa Union, je me fais arrêter par un automobiliste travaillant pour un site internet d'information locale. Photo, interview, puis je gagne la Place du village où, comme la veille, je m'octroie deux heures de pause à l'ombre. Et comme la veille, la reprise est difficile à cause d'une chaleur étouffante. Sur ce tronçon de route où le trafic est un peu plus important plusieurs automobilistes s'arrêtent pour m'offrir de l'eau et même du vin ! Malgré une grande fatigue, je pousse jusqu'au village de Guandacol où je m'arrête pour la nuit. Une nuit malheureusement peu réparatrice car il fait si chaud que j'ai du mal à dormir.
Je reprends la route de bonne heure et rapidement, un fort vent de face fait son apparition. Il va m'accompagner durant les onze heures de vélo de la journée, la plus longue du voyage. Je ne pensais pas pédaler si longtemps mais dans ce paysage désertique où il n'y a pas un village, pas un coin d'ombre, la meilleure façon d'échapper à la chaleur est finalement de pédaler. Je m'arrête en bord de route au coucher du soleil alors que le vent souffle toujours aussi fort, me compliquant considérablement le montage de ma tente.

Je reprends la route une nouvelle fois de bonne heure et après vingt-cinq kilomètres, j'aperçois au loin deux cyclistes. En me rapprochant, je reconnais ces silhouettes: il s'agit de celles de Nadine et Gaëtan, le couple suisse rencontré à Uyuni et que j'avais également croisé en pleine détresse dans le Sud-Lipez.



Eux aussi ont prévu de passer Noël à Santiago avec les autres cyclistes. Mais leur itinéraire est différent puisqu'ils ont prévu de rouler jusqu'à Mendoza et de là, de prendre un bus jusqu'à Santiago. Fatigué par le rythme infernal que je m'impose depuis une dizaine de jours, je décide alors de modifier mes plans et de rouler avec eux. La journée est agréable, malgré une double crevaison sur mon pneu arrière. Arrivés à San Juan, nous devons faire face, une nouvelle fois, à un accueil pas toujours très chaleureux. Nous nous réconfortons le soir avec une bonne bière et deux douzaines d'empanadas.

Puis le lendemain, nous prenons la route de Mendoza, distante de 160 kilomètres. En ce dimanche matin, la ville dort encore, noud permettant de sortir facilement de San Juan. La route est affreusement monotone, il fait très chaud et nous devons affronter un vent de face. Mais nous essayons d'avancer le plus possible car demain lundi, il risque d'y avoir beaucoup plus de camions. A mi-chemin entre San Juan et Mendoza, nous rencontrons un couple de cyclistes stéphanois (Fouya !), Julien et Karine, partis d'Ushuaïa trois mois plus tôt et se rendant à Quito. Après avoir échangé quelques conseils, nous reprenons la route pour une trentaine de kilomètres et bivouaquons en bord de route.

Même s'il le nous reste qu'une soixantaine de kilomètres avant Mendoza, nous partons de bonne heure car nous voulons absolument arriver avant 13 heures. La banlieue de Mendoza est en effet assez dangereuse et plusieurs cyclistes s'y sont déjà fait braquer. Or la majorité des attaques a lieu entre 13 et 18 heures, pendant l'heure de la sieste - y compris pour la police! -, lorsque les rues sont désertes...
La route est difficile : les paysages sont monotones, le trafic est dense, la chaleur est intense, le vent de face est encore plus fort que les autres jours et je suis de plus en plus fatigué, au bord de la rupture. Mes genoux, notamment, commencent à me faire souffrir. C'est donc avec soulagement que j'arrive à Mendoza, après un périple de 1.900 kilomètres parcourus en 18 jours depuis Tupiza, dont deux jours de repos, soit une moyenne de près de 120 kilomètres et 8 heures de pédalage par jour.

vendredi 9 décembre 2011

C'est reparti !

Ça y'est, j'ai (enfin) repris la route ! Je suis désormais en Argentine, depuis le 2 décembre dernier. J'ai prévu de passer trois petites semaines dans le Nord-Ouest du pays, avant de repasser au Chili.

Depuis Cafayate, d'où je vous écris, il me reste près de 1.500 kilomètres jusqu'à Santiago. Je pense cependant prendre le bus sur certaines portions d'immenses lignes droites au milieu du désert, présentant un intéret moindre. Je veux en effet absolument être dans la capitale chilienne le 23 décembre pour fêter Noël avec les autres cyclistes.

Je viens de mettre en ligne deux nouveaux articles, sans doute les derniers avant Noël car je ne pense pas  prendre de journée de repos d'ici là. De même pour de nouvelles photos, il faudra attendre Santiago car la connexion Internet est très lente dans cette partie de l'Argentine.

Je vous souhaite donc d'ores et déjà de joyeuses fètes de Noël et vous donne rendez-vous à la fin du mois de décembre pour la suite des aventures de ¡Caramba!

Dimitri

jeudi 8 décembre 2011

Une reprise sur les chapeaux de roues !

Immediatement après la frontière, me voici dans la ville La Quiaca. Comme il est déjà tard, je décide d’y rester pour la nuit. En me promenant dans les rues de la ville, je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir changé de pays. L’atmosphère est très proche de celle ressentie au Pérou ou en Bolivie, et très éloignée de l’image de l’Argentine que je me faisais. Les maisons sont souvent délabrées et la polulation, en grande majorité indigene, ne semble pas très riche. Moi qui espérais pouvoir déguster une bonne pièce de boeuf accompagné d’un bon verre de vin, je vais devoir patienter. Car ici aussi, c’est poulet et riz!

Le lendemain, je m’élance sur les routes argentine. Dès les premiers kilomètres, je constate que la réputation sulfureuse des automobilistes et chauffeurs argentins – l’Argentine est un des pays ayant le plus grand nombre de morts sur la route – se vérifie. Pour la première fois du voyage, je connais quelques frayeurs en me faisant frôlé.
Les routes argentines sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont parcourues par des voitures le plus souvent hors d’âge. Je suis notamment frappé par la présence de très nombreuses vieilles voitures francaises, en particulier des Peugeot 504 et des Renault 11. Les longues lignes droites incitent également les automobilistes à rouler très vite et ce d’autant plus qu’ils n’ont pas grand chose à craindre de la part d’une police totalement corrompue.


Ces longues lignes droites rendent le paysage quelque peu monotone mais me permettent cependant de progresser à bonne allure. En milieu d’après-midi cependant, ma progression est rendue plus difficile par une route devenue vallonnée et un fort vent de face. A tel point que je suis obligé d’écraser sur les pédales pour avancer à 8 km/h … en descente!




Je cherche alors un endroit pour camper mais je suis obligé de continuer encore pendant vingt kilomètres car de chaque côté de la route s’élèvent des clotures. Malgré l’immensité du pays, il est très difficile de faire du camping sauvage en Argentine, la plupart des terrains étant privés. Je trouve finalement peu avant le coucher du soleil un bout de terre coincé entre la route et le ravin qui fera l'affaire.




Le lendemain, c’est plein d’entrain et tout excité que je prends la route. Au programme du jour en effet, figure la Quebrada de Humahuaca, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, et ses spectaculaires paroies rocheuses multicolores. Une belle descente me mène tout d’abord au charmant village de Humahuaca, point de passage important vers la bolivie durant la colonisation. Je m’y ravitaille avant de me diriger vers la Quebrada. Malgré un profil plutôt descendant, je dépense une grande énergie pour avancer car comme la veille, je dois affronter un violent vent de face. Arrivé à la Quebrada – que l’on pourrait traduire par gorges – je suis un peu déçu. Certes, les paysages sont beaux mais ne méritent pas, selon mon humble avis, un classement à l’Unesco.




A la sortie de la Quabrada, je cherche un endroit pour dormir mais il toujours imposible de camper et les villages traversés ne me donnent pas envie de m’y arrêter. Ceux-ci sont presques aussi pauvres et glauques qu’en Bolivie. De plus, mes premiers contacts avec les argentins ne sont pas des plus convaincants. La plupart des gens que je croise sont en effet très froids avec moi. De plus, alors que je croyais cela derrière moi, j’ai la désagréable surprise de me faire de nouveau régulièrement traité de “Gringo”.
Je poursuis donc ma route, à la recherche d’un lieu de bivouac. C’est alors que le vent s’arrête complètement. Je retrouve un second souffle et avale les kilomètres. Dans un état d’euphorie et malgré la pluie qui commence à s’abattre sur moi – la première pluie depuis de nombreuses semaines - je passe sans difficuté une côte de trois kilomètres à 8 % et découvre au sommet une vue magnifique sur la vallée de San Salvador de Jujuy. En quelques kilomètres, je passe du désert à la jungle et entame alors une sublime descente dans une chaleur torride. Après plus de dix heures de vélos et 180 kilomètres parcourus, j’entre dans Jujuy où je trouve, enfin, un accueil chaleureux. N’ayant presque pas fais de pauses durant cette longue mais belle journée, je suis affamé et j’engloutti une pizza gigantesque (pour quatre personnes!) sous les yeux éberlués des autres clients du restaurant, avant d’aller me coucher.


Le lendemain, à la sortie de Jujuy, je me fais doubler par un autre cyclovoyageur. Diego est équatorien et voyage de Quito à Buenos Aires.


Il se rend tout comme moi à Salta et décidons donc de faire la route ensemble. La route menant à Salta est sublime. Une route sinueuse, vallonée, au milieu de la jungle.


Le trajet est d’autant plus agréable qu’il n’y a presque aucun trafic routier. En revanche, la pluie nous accompagne toute la journée, me rappelant mes étapes dans la jungle équatorienne. Nous arrivons à Salta en fin de journée où nous nous installons au camping municipal. Une bève éclaircie nous permet de monter nos tentes au sec avant que la pluie ne reprenne, plus forte encore. La pluie tombe ainsi toute la nuit et toute la journée suivante, que je décide de passer à Salta pour me reposer. Depuis Tupiza, j’ai en effet rouler à un rythme éffréné puisque j’ai parouru plus de 500 kilomètres en quatre jours (voir Les étapes en chiffres pour plus de détail). 
Consacrée à la lessive et aux courses, ma journée n’est cependant pas très reposante. Je m’accorde tout de même quelques heures pour visiter Salta mais suis rapidement déçu. Là où je m’attendais à une belle ville coloniale, je trouve au contraire une ville sans beaucoup de charme, sale et peu sure. La ville n’est également pas très animée durant la journée, tous les magasins ou presque fermant de 13 heures à 17, voire 18 heures. Je savais que la sieste était sacrée en Argentine, mais je ne pensais pas qu’elle durait aussi longtemps!
Aussi, je décide de repartir dès le lendemain et non pas le surlendemain comme je le pensais initialement. Diego également. C’est toujours sous une pluie battante que nous prenons la route de Cafayate. Aux termes d’une journée relativement fade - au milieu de paysages monotones -, heureusement égayée par les pitreries de Diego, nous arrivons au village de La Viña où on nous offre le terrain de foot pour camper.


 
Le lendemain, enfin, le ciel s’éclaircit. Sous un beau soleil, nous évoluant dans la sublime vallée de Calchaquies, puis dans la Quebrada de las Conchas. Contrairement à la Quebrada de Humahuaca, qui m’avait un peu déçu, la Quebrada de la Conchas, pourtant elle non classée, est fabuleuse. La route, vallonnée, est difficile mais nous permet d’admirer de fabuleuses formations géologiques.








Puis les roches s’effacent pour laisser place aux vignes de la région de Cafayate. Nous terminons cette belle journée dans ce charmant village où, avec Diego, nous nous offrons un festin dans une des Peña de la ville. Après les magnifiques paysages, nous savourons ainsi de délicieuses grillades accompagné d’un vin local. L’Argentine de mes rêves en quelque sorte!

vendredi 2 décembre 2011

Le temps des retrouvailles

Après trois semaines de vacances, il est temps de reprendre mon voyage. Mais retourner à Uyuni s’avère beaucoup plus compliqué et beaucoup plus long que prévu. Le lundi soir, j’embarque ainsi dans un bus pour un trajet de 24 heures de Santiago à Calama, où je suis obligé de passer la nuit. Puis le lendemain matin, second trajet en bus, de près de dix heures sur des pistes défoncées, pour rallier Uyuni où j’arrive donc  48 heures après mon départ de Santiago !

A Uyuni, je retrouve avec satisfaction ¡Caramba! que j’avais laissé dans mon hôtel avec une bonne partie de mon  matériel et m’attèle alors à l’organisation de la suite de mon voyage. Initialement, je devais retrouver Rébecca à San Pedro de Atacama, au Chili. J’avais donc prévu de laisser mon vélo là et de reprendre ensuite la route en direction de l’Argentine. Mes mésaventures dans le Sud Lipez m’obligent donc à changer mes plans. Je décide finalement de gagner l’Argentine par la Bolivie et plus précisément par Tupiza. Le problème, c’est que cela rallonge ma route alors même que je dois faire vite si je veux être à Santiago pour Noël. C’est donc en bus que je rejoins Tupiza, me permettant de gagner trois voire quatre jours. L’autre raison m’ayant poussé à effectuer ce trajet en bus est qu’il n’y a absolument rien sur cette route traversant l’altiplano. De plus, on m’a déconseillé d’y camper, la région n’étant visiblement pas très sure.
Une fois dans le bus, je ne regrette absolument pas ma décision car je découvre une piste défoncée. Le bus met d’ailleurs plus de 8 heures pour couvrir les 200 kilomètres. A l’approche de Tupiza, les paysages changent radicalement. Je découvre ainsi une vallée verdoyante entourée de stupéfiantes formations rocheuses.



Avant de réellement reprendre la route, je m’accorde une dernière après-midi de repos à Tupiza. Ici, non seulement les paysages diffèrent beaucoup de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent en Bolivie, mais les gens également. La population est ici beaucoup plus mélangée ici et semble également plus riche. Finalement, je suis heureux d’avoir fait ce détour m’ayant permis de découvrir un autre visage de la Bolivie.


Le 2 décembre, après quasiment un mois d’interruption, je me retrouve enfin de nouveau aux commandes de ¡Caramba! Je pars de bonne heure car je veux être en Argentine, distante d’une centaine de kilomètres, ce soir. La journée ne devrait cependant pas être trop rude car la route est asphaltée et, d’après ce qu’on m’a dit, relativement plate. Les 30 premiers kilomètres sont effectivement très roulants. Mais j’arrive ensuite dans un côte terrible : 12 kilomètres à plus de 7 %, qui me paraissent interminable. Mes cuisses ne sont plus habituées à ce type d’effort et me font tellement souffrir que je suis obligé de faire une pause tous les 100 mètres sur les derniers kilomètres! Heureusement, après une soixantaine de kilomètres, je retrouve un terrain plus favorable. 




J’arrive ainsi à Villazon, ville frontière, en fin d’après-midi. Les formalités de sortie sont rapides. Je me dirige alors vers l’immigration argentine, située seulement 50 mètres plus loin. Le temps de faire tamponner mon passeport et, pour les douaniers, de fouiller mes sacoches et me voici en Argentine! A la sortie de la douane, un panneau indique Ushuaia à 5.121 kilomètres! Je ne suis pas arrivé!