vendredi 25 novembre 2011

Merci de votre fidélité !!!

Bonjour à tous,

Un immense merci pour votre fidélité puisque le blog vient de franchir le cap des 10.000 pages vues!

Pour fêter cela, je viens de mettre en ligne deux nouveaux articles qui répondront à toutes tes questions Etienne. J'ai mis du temps à les écrire car j'avais aussi besoin de prendre des vacances sur le plan informatique !

Rébecca et Caroline étant reparties, j'en profite pour régler quelques affaires avant de repartir dans quelques jours à Uyuni pour récupérer mon vélo laissé dans mon hôtel, puis prendre un train jusqu'à Tupiza, dans le sud-est de la Bolivie. De là, je reprendrai le cours de mon voyage en direction de l'Argentine et de Salta.

Pour les anti-geeks, le lien vers mon album Picasa est toujours ici !

Dimitri

Les vacances !

Alors que je décharge le vélo du toit du 4X4 devant mon hôtel, un couple sortant de mon hôtel que je ne connais pas vient à ma rencontre en me lançant « Oh, non !Tu es déjà de retour ? Que s'est-il passé? ». En discutant avec eux, j'apprends qu'ils sont eux aussi cyclistes et qu'ils ont entendu parler de nous à plusieurs reprises. Gaëtan, suisse-romand et Nadine, suissesse-allemande, achèvent en Amérique du Sud, un tour du monde entamé il y a plus de deux ans et demi.
En entrant dans l'hôtel, je retrouve Jurgen, Julien et Laurie et fais la connaissance d'une dizaine d'autre cyclistes! Je retrouve alors l'atmosphère de l'hôtel de Cusco, une vraie maison du bonheur!
L'immense tablée de restaurant le soir me réconforte largement après la désillusion du Lipez, d'autant plus que tous me confirment qu'ils n'ont jamais eu connaissance d'un cycliste ayant tenté le Lipez en trike.

Je profite des jours suivants pour me reposer en attendant ma sœur Rébecca et une de ses amies, Caroline, avec qui j'ai prévu de voyager pendant quelques semaines. Cette pause arrive au bon moment car j'en suis à la moitié de mon voyage et après avoir parcouru plus de 6.700 kilomètres, je ressens le besoin de laisser le vélo de côté quelques temps.

Je les attends en espérant qu'elles auront bien reçues mon message En effet, initialement je devais les rejoindre à San Pedro et non, pas à Uyuni. Mais les jours passent et je ne reçois aucun signe de vie. Le jour supposé de leur arrivé à San Pedro, je me mets donc à une terrasse de café sur la place principale, lieu de passage obligé de tous les touristes. Après une heure d'attente, je les aperçois et les appelle de l'autre bout de la place. Toutes étonnées d'entendre leur nom, elles se retournent et, avec stupéfaction, réalisent qu'il s'agit de moi.
Elles m'apprennent que leur tour pour San Pedro part dans une heure. Nous nous rendons donc immédiatement à l'agence pour essayer de m'inscrire. Leur tour est complet mais l'agence accepte finalement de nous faire partir le lendemain avec un autre groupe.
Après avoir fêté nos retrouvailles dans un bar, nous voici embarqués dans un 4X4 avec une jeune hollandaise déjantée et un couple d'allemand léthargique. Un équipage qui promet donc!
Le tour de trois jours nous emmène tout d'abord sur le salar. Après y avoir passé deux jours en vélo, l'émotion est logiquement un peu moins forte pour moi.



Arrivé à l'Isla Incahuasi, je n'entend pas payer pour visiter une île beaucoup moins belle que l'Isla del Pescado – surnommée ainsi pour sa forme de poisson – visitée quelques jours auparavant gratuitement. Je préfère ainsi rester discuter avec Antonio, notre chauffeur, qui m'apprend notamment qu'il y a deux mois, un cycliste est mort dans le Lipez, fauché par un 4X4. Car si Antonio est fort prudent, ça n'est pas le cas de biens des chauffeurs qui conduisent de plus parfois sous l'influence de l'alcool. Il y a deux ans, deux 4X4 se sont ainsi percutés sur le salar. Transportant des réserves de carburant sur le toit, les véhicules se sont embrasés et les quatorze occupants sont morts carbonisés. Nous apprendrons quelques jours plus tard que l'incident s'est répété pendant que nous étions sur le salar avec heureusement pour seules conséquences cette fois-ci de la tôle froissée et un blesser léger. Si vous envisagez de faire un tour dans cette région, choisissez donc votre agence avec précaution.
Le soir, nous dormons dans un hôtel construit en sel sur le bord du salar avant de prendre le lendemain la direction du Sud Lipez. S'enchaînent alors les paysages incroyables, notamment avec une succession de lacs tous plus magiques les uns que les autres, habités par trois espèces de flamants roses d'un rose incroyablement vif.





L'état des pistes empruntées me conforte dans ma décision d'avoir renoncé car certaines portions sont tout simplement impraticables pour moi.



Au second lac, je tombe sur Gaëtan et Nadine en plein désarroi alors qu'il leur reste encore sept jours d'efforts. J'essaie de les réconforter tant bien que mal et remonte dans le 4X4 en pensant à ce qui les attend...
Les paysages magiques s'enchaînent jusqu'en fin d'après-midi où nous atteignons la Laguna Colorada, devant laquelle je suis resté bouche-bée Ayant épuisé tous les superlatifs, je préfère mettre simplement quelques images du lieu.




Le troisième jour tient également toutes ses promesses, notamment avec une marche au milieu de geysers à plus de 5.000 mètres d'altitude et se finit en beauté par la visite des Lagunas Verde et Blanca.
Après nous être acquittés des formalités douanières, nous quittons la Bolivie et gagnons San Pedro, distante de 40 kilomètres par bus.
Oasis au milieu d'un désert, San Pedro de Atacama a des allures de village de Far-West. L'endroit est certes très touristique mais ne manque pas de charme. De plus, l'accueil y est très chaleureux, à dix mille lieu de celui reçu à Uyuni.
Les environs sont aussi superbes, notamment les Vallées de la Lune et de la Mort.

Comme convenu, nous y retrouvons Christoph, arrivé la veille après sept jours harassants. Nous l'invitons dans un bon restaurant pour poursuivre sa formation culinaire entamée au Pérou. Il nous raconte ses péripéties dans le Lipez. En plus des difficultés attendues, le câble de son boîtier de vitesse Rohloff – 14 vitesses intégrées dans le moyeu – a cédé, l'obligeant a terminé le trajet avec une seule vitesse. De plus, alors qu'il profitait en toute tranquillité d'un bon bain dans des termes naturels, une violente bourrasque de vent a emporté dans l'eau une partie de ses affaires, dont son appareil photo, qui depuis ne fonctionne plus.

Le lendemain après-midi, nous quittons Christoph pour poursuivre notre périple. La fin de sept semaines d'aventures communes inoubliables. Nous avions dès le début prévu de nous séparer ici en raison de ma pause de quinze jours. Mais nous nous reverrons, notamment à Santiago pour fêter Noël ensemble.


En attendant, Rébecca, Caroline et moi prenons la direction de La Serena, sur la côte pacifique. Cette station balnéaire est en effet une excellente base pour explorer les environs, notamment la réserve marine Pingouins de Humboldt, la vallée vinicole del Elqui où l'on produit le célèbre Pisco - un des nombreux points de discorde entre Péruviens et Chiliens puisque chacun affirme avoir été le premier à le produire.


Nous profitons aussi de notre présence dans la région où sont installés les plus grands télescopes du monde pour aller observer le ciel dans un observatoire ouvert au public : un moment passionnant !

Nous poursuivons ensuite notre séjour dans la mythique ville de Valparaiso. Classée au Patrimoine mondial de l'Humanité, Valparaiso est une ville à part. Construite autour d'une baie, la ville a été l'un des plus importants ports de commerce de la côte pacifique américaine avant de connaître un inéluctable déclin, entraînant une paupérisation de la ville. Beaucoup des célèbres maisons colorées ornant les multiples collines de la ville plongeant dans le Pacifique semblent ainsi à la limite de l'insalubrité.


Même si elle mériterait un sérieux coup de peinture, la ville, de par son architecture cosmopolite due aux vagues d'immigration successives, notamment anglaise et hollandaise, exerce une véritable fascination sur le voyageur. Une fascination renforcée par les graphes d'artistes omniprésents sur les façades des maisons, transformant la ville en un musée à ciel ouvert. Capitale culturelle du Chili, Valparaiso a ainsi toujours attiré les artistes chiliens, dont le plus célèbre d'entre eux, le poète Pablo Neruda, prix Nobel de Littérature en 1971.



Valparaiso est la dernière étape de Caroline qui repart en France après deux semaines de vacances. Je ne la laisse cependant pas partir sans lui faire découvrir le Pisco Sour. De notre côté avec Rébecca nous restons encore deux jours à profiter de l'ambiance bohème de Valparaiso, tranchant avec la modernité extrême et la richesse de Vina del Mar, ville voisine distante de seulement quelques kilomètres dont les longues plages attirent chaque été des centaines de milliers de touristes.

Nous prenons ensuite la direction de la capitale, Santiago. Dénigrée par beaucoup de voyageurs, Santiago est pourtant une belle ville entourée de montagnes et très agréable à découvrir et où l'on se sent en sécurité, contrairement à Valparaiso où, malgré mes précautions, je me suis voler mon appareil photo dans la chambre d'hôtel.



Santiago est aussi pour moi l'occasion de revoir Tomas, un ami chilien avec qui j'ai travaillé et voyagé en Nouvelle-Zélande, il y a sept ans déjà. Des retrouvailles des plus chaleureuses puisque Tomas nous a fait visiter avec passion les vignes dans lesquelles il travail, les Vignes Tarapaca. Situé dans la Vallée de Maipo, à une cinquantaine de kilomètres de Santiago, le domaine Tarapaca est un des plus grands du Chili avec plus de 600 hectares de vignes cultivés au milieu d'un paysage féerique. Trois heures de visite au milieu des parcelles de vignes où sont cultivées quatorze cépages dont le Carménère, un cépage bordelais que l'on croyait anéanti depuis le XIXème siècle par le phylloxera et redécouvert en 1991 au Chili au milieu de plans de Merlot.



Tomas nous propose de poursuivre la visite par une dégustation chez lui mais nous devons malheureusement décliner l'invitation car Rébecca part ce soir même pour Pucon, dans la région des Lacs. Je pense cependant revoir Tomas ce week-end avant de repartir à Uyuni récupérer mon vélo et reprendre mon voyage en direction de l'Argentine.

vendredi 4 novembre 2011

L'enfer du Lipez !

Arrivés à Uyuni en fin de journée, nous nous dirigeons immédiatement vers l'hôtel indiqué par Jurgen, le cycliste allemand rencontré à la sortie du salar. Nous rêvons d'une bonne douche et d'un bon repas après onze jours magnifiques mais passés dans des conditions spartiates.
Nous garons nos vélos dans la cour de l'hôtel à côté de trois autres vélos. Des vélos que reconnaît immédiatement Christoph pour deux d'entre eux puisque ceux-ci sont en … bambou. Christoph m 'explique qu'il s'agit des vélos de Joost et Michiel, deux hollandais voyageant depuis l'Alaska et qu'il a déjà croisé plusieurs fois sur la route et qui sont, visiblement, partis en excursion quelques jours en laissant leurs vélos ici.


Pour ceux intéressés par ce genre de vélos, voici les liens de deux fabricants américains : Bamboosero et BambooBikeProject. Personnellement, je pense qu'un exemplaire de ces superbes machines ne va pas tarder à venir tenir compagnie à mes quatre vélos !


Nous visitons rapidement Uyuni, qui ne présente aucun intérêt. De plus, ses habitants ne sont pas des plus charmants, considérant les touristes uniquement comme des pompes à fric. Les prix pratiqués ici, en particulier pour la nourriture, sont d'ailleurs délirants, parfois aussi élevés qu'en Europe. Et lorsque l'on veut se rendre dans les quartiers fréquentés par les boliviens et non pas par les touristes, on est très mal reçu quand on ne nous met pas tout simplement dehors !
Notre séjour ici a pour seul but de nous reposer avant de nous attaquer au plus gros défi du voyage, le désert du Lipez : 250 kilomètres entre Uyuni et San Pedro de Atacama, au Chili, dans un des endroits les plus arides et les plus hostiles de la planète. Les températures y régnant sont extrêmes - pouvant dépasser les 30 degrés dans la journée et descendre jusqu'à -30 degrés durant la nuit – et le vent soufflant presque tous les après-midi peut y être d'une grande violence. Le tout en évoluant sur des pistes rocailleuses et sablonneuses situées entre 4500 et 5000 mètres d'altitude. Le Lipez représente un défi tant physique que mental s'effectuant en quasi-autonomie totale. Mais je pense être bien préparé. J'ai notamment imprimé les topos de cyclistes m'ayant précédés, avec tous les points d'eau, le profil, et les sections de tôles ondulées et de sable profond. De plus, l'aborder à deux, avec Christoph, devrait rendre l'aventure un peu moins difficile.

La veille de notre départ, nous retrouvons Jurgen, de retour de son escapade de trois jours sur le Salar. Nous voyons également arriver Joost et Michiel, accompagnés de Siska - une cycliste belge flammande voyageant avec eux depuis quelques mois -, revenant de Potosi en bus où ils ont visité les célèbres mines d'argent où des millions d'indigènes sont décédés, forcés au travail par les Espagnols.
Nous dînons tous ensemble au restaurant et passons ainsi une dernière soirée bien agréable avant le Lipez. Nous prévoyons de nous revoir à Santiago pour Noël où Joost et Michiel veulent organiser un réveillon qui devrait réunir une vingtaine de cyclistes! 

 
La nuit, je ne dors pas très bien, ressentant le même stress qu'à la veille d'une compétition. Le jour j, le réveil est difficile et la tension est palpable. Nous chargeons les vélos, avec quinze litres d'eau chacun et dix jours de nourriture dans un silence religieux.



Au moment de partir, arrivent à l'hôtel Julien et Laurie, un couple de belges wallons voyageant depuis Quito, également en vélos couchés . Ils sont heureux de nous rencontrés car ils entendent parler de nous depuis le Lac Titicaca, depuis lequel il ont empruntés exactement le même itinéraire que nous avec deux jours d'écart.


 
A la mi-journée, nous prenons finalement LE départ. Nous aurions certainement eu besoin de deux ou trois jours de repos de plus, mais si je veux être à San Pedro de Atacama à temps pour retrouver ma sœur Rébecca, nous devons partir aujourd'hui.
Dès la sortie de la ville, nous nous retrouvons sur l'altiplano, chaud, désertique et offrant un paysage monotone. Mais, bonne surprise, en attendant d'entrer réellement dans le dur du Sud Lipez, la route est plate et en relativement bon état, nous permettant de progresser à bonne allure. Au crépuscule, nous atteignons ainsi San Cristobal, une ville minière où nous trouvons une chambre rudimentaire chez l'habitant pour quelques dizaines de bolivianos.
Le lendemain, nous retrouvons les mêmes conditions, même si le paysage est désormais embellit par la présence de quelques montagnes et volcans.
Dans l'après-midi, nous arrivons à Villa Alota, marquant le début du Sud Lipez. Nous quittons ainsi la route et empruntons une piste sablonneuse. Mais après dix kilomètres et deux rivières traversées, nous croisons un 4X4 qui nous apprend que nous faisons fausse route, la piste rejoignant directement la frontière chilienne, en évitant de nombreux points d'intérêts.
Nous faisons donc machine arrière et trouvons finalement la bonne route. Nous commençons alors une ascension durant laquelle la réparation effectuée sur ¡Caramba! cède. J'arrive quand même tant bien que mal à avancer pendant une demi-heure, jusqu'à ce que nous trouvions un endroit idéal pour passer la nuit.
Le lendemain matin, nous nous attelons à la réparation de ¡Caramba! pendant deux bonnes heures avant de reprendre le cours de notre ascension. Après deux heures d'effort, nous apercevons le volcan Ollaguë, situé du côté chillien de la frontière. A partir de là, nous attend l'enfer du Sud Lipez. Les premiers kilomètres se passent relativement bien. Mais très vite, la piste se dégrade et un violent vent de face se lève. Je ne peux presque pas avancer et en suis donc réduit à pousser ¡Caramba! la plupart du temps.
Je me dis que les sept prochains jours vont être très, très difficiles. D'autant plus que, d'après les topos, nous nous situons dans une partie « facile » du Lipez. Le problème, c'est que là où un vélo n'a besoin que d'une trace, mon tricycle en nécessite trois. Ainsi, Christoph peut avancer sans trop de problème en roulant dans les traces laissées par les 4x4. Mais de mon côté, les deux roues avant se retrouvent quasiment en permanence dans le sable profond, m'opposant une résistance incroyable, d'autant plus qu'avec mes réserves d'eau et de nourriture, je transporte plus de 40 kilos de matériel. L'effort m'épuise et est tellement intense que je ne peux même pas profiter du paysage grandiose dans lequel nous évoluons. Je vis un véritable calvaire, accentué en fin de journée par des températures devenant frigorifiques. A tel point que Christoph est obligé de venir m'aider à pousser sur les 500 derniers mètres pour rallier le lieu de bivouac. Je passe une très mauvaise nuit, ressassant sans cesse cette journée et me posant des questions sur la suite à donner à cette aventure. Epuisé alors qu'il nous reste encore sept jours jusqu'à San Pedro, avec un vélo mal en point et pas du tout adapté à ce terrain, je décide de renoncer tant qu'il en est encore temps.
C'est le cœur déchiré que j'annonce cette décision à Christoph le lendemain matin. Il n'est jamais facile d'abandonner un compagnon de route, mais continuer dans ces conditions ne serait pas raisonnable et je n'ai pas envie de mettre en péril la suite de mon voyage. Pour me sentir plus tranquille, je lui donne mon GPS et ma balise de détresse en espérant qu'il n'en n'aura pas besoin. Puis nous nous quittons après nous être donnés rendez-vous à San Pedro de Atacama pour partager une bonne bière.

Je refais alors la route en sens inverse et atteint Alota en fin d'après-midi, à la faveur d'un trajet globalement en descente. Je me renseigne alors sur les bus pour Uyuni car je n'ai aucune envie de parcourir à nouveau les 150 kilomètres d'altiplano. Un militaire me confirme qu'il y a bien un bus pour Uyuni … dans deux jours. Je gagne alors une route empruntée par les 4X4 revenant du Lipez pour faire du stop. La chance me sourit puisqu'après moins de dix minutes, la première voiture qui passe s'arrête et me dépose directement devant mon hôtel !