Ayant festoyé jusqu'au bout de la nuit, je ne suis pas très frais le lendemain matin au moment de reprendre la route. J'aurais pu rester un jour de plus pour me reposer mais Mauricio et Romain reprenant la route, je saisis cette opportunité de rouler en compagnie d'autres cyclistes.
Portés par un vent de dos, nous avançons à plus de 20 km/h presque sans donner un coup de pédale pendant 90 kilomètres le long du Lago Viedma avant de rejoindre la Route 40, où nous devons de nouveau lutter contre un vent de côté.
Le lendemain matin, nous tombons par hasard sur Siska - qui était notamment des cyclistes présents à Santiago pour Noël. Elle se rend tout comme nous à El Calafate. Nous reprenons donc la route désormais à quatre.
Les 30 derniers kilomètres, nous devons lutter contre un terrible vent de face. Même en prenant des relais et « suçant les roues », nous ne dépassons pas les 10 km/h et arrivons à la tombée de la nuit à El Calafate.
Au camping, nous retrouvons Michiel et Joost, les deux hollandais aux vélos en bambou, et Laurie et Julien, le couple de belges en vélos couchés. Pour la première fois depuis bien longtemps, je m'accorde une vraie journée de repos où je ne fais … rien !
Le lendemain, nous nous rendons, avec Siska, au mondialement connu Glacier Perito Moreno, situé seulement à 80 kilomètres d'El Calafate. Et le glacier mérite en effet sa réputation. Il est splendide et surclasse largement les autres glaciers que j'ai déjà eu la chance de voir dans ma vie. Je vous laisse jugé par vous même !
Le seul revers de la médaille, c'est que le site est extrêmement touristique. Il est en effet très facile d'accès - cinquante mètres de marche depuis sa voiture. Néanmoins, si l'on prend la peine de marcher quelques centaines de mètres de plus, on peut encore profiter seul et en paix de ce spectacle grandiose.
N'ayant pas vraiment récupéré de mes péripéties sur la Route 40 et, surtout, n'ayant pas envie d'affronter de nouveau le mauvais ripio des routes argentines, je décide de prendre un bus d'El Calafate à Puerto Natales. Siska décide de m'accompagner. Sauf que tous les bus sont complets pour les trois prochains jours. J'y vois un signe du destin : il faut que je roule ! Et puis cette fois, je ne serai pas seul. C'est en effet avec mes trois compagnons de voyage, Siska, Romain et Mauricio que je reprends la route en direction de Puerto Natales, au Chili.
Le deuxième jour, nous ne sommes plus que trois. Le matin même, nous avons fait nos adieux à Mauricio qui termine son voyage ici. En effet, comme tout brésilien qui se respecte, il veut être rentré au Brésil pour le Carnaval ! Même si j'ai passé peu de temps avec lui, cela restera une des meilleures rencontres du voyage et j'espère pouvoir lui rendre visite à Florianopolis, peut être à l'occasion de l'Ironman Brésil qui a lieu dans cette ville...
Ce deuxième jour est difficile : pluie fine, froid et une piste est très mauvaise. En plus, la sangle de mes sacoches bananes se rompt. J'arrive tout de même à bricoler quelque chose qui devrait tenir jusqu'au bout.
Heureusement, dès le lendemain nous retrouvons l'asphalte et gagnons rapidement la frontière chilienne. Arrivé au poste, j'ai l'impression d'être une rock-star. Je suis littéralement assailli par une horde de touristes me mitraillant avec leurs appareils photos et me posant inlassablement les mêmes questions. La palme revient aux touristes français en voyages organisés. Car en plus de supporter toujours les mêmes blagues – du genre, « Ah, mais c'est facile votre parcours, ça ne fait que descendre ! » (éclats de rire, d'un rire bien gras) -, je dois en plus me taper le récit de leur voyage en bus, que vous pouvez imaginer passionnant !
Bref, au bout d'un moment, j'arrive tout de même à rejoindre Siska et Romain – à qui personne ne demande rien au passage - au guichet de l’immigration.
Me voici une nouvelle fois au Chili !