vendredi 10 février 2012

Ça décoiffe !

Epuisé par une semaine éprouvante, je me pose avec soulagement dans un café d'El Chalten où je commande une montagne de plats. Alors que je suis en train de me goinfrer, un jeune vient à ma rencontre. Mauricio est brésilien et voyage lui aussi en vélo. Il a tout comme moi vécu l'enfer de la Route 40 quelques jours auparavant et sait donc ce que je viens de vivre. Il m'explique qu'il campe dans le jardin d'un habitant d'El Chalten, Jesus, passionné de vélo, en compagnie d'autres cyclistes et m'invite à le suivre. L'idée de camper sous cette pluie ne m'enchante pas vraiment mais je me dis que rencontrer des gens me fera du bien. Et je ne suis pas déçu.
La casa de Jesus - une simple cabane de 15 mètres carrés construite exclusivement avec des matériaux de récupération, - est une véritable auberge espagnole. Se croisent ici cyclistes, backpackers, aspirants guides de montagne... Je suis accueilli chaleureusement et je sens que je vais me plaire ici, même si avec tout ce va et vient la casa de Jesus n'est pas vraiment l'idéal pour se reposer.

Le repos sera de toute façon pour plus tard puisque Mauricio me propose d'aller randonner avec lui quelques jours. Etant venu à El Chalten pour cela, j'accepte sa proposition avec plaisir. Le lendemain nous voilà donc partis pour une randonnée de quatre jours. La marche s'annonce difficile mais superbe, avec une vue imprenable sur le Mont Fitz Roy et le Campo de Hielo Sur - le plus grand champ de glace continental du monde. Se joignent à nous Benoît, une jeune backpacker français et Romain, un cycliste français voyageant avec Mauricio depuis deux mois. Après une première journée magnifique, nous nous attaquons à une des principales difficultés du parcours, le Paso del Viento – littéralement le col du vent. Le ton est donné, ça risque de souffler ! Et effectivement, à peine sortis du campement, nous devons affronter un fort vent avec des rafales à plus de 80 km/h. Plus nous avançons et plus le vent forcit. Nous marchons difficilement, obligés de nous arrêter lors des rafales les plus violentes pour rester debout ! De plus, le chemin n'est absolument pas balisé et nous commençons à avoir des doutes : sommes-nous réellement sur le bon chemin ? Nous progressons en effet la plupart du temps à quatre pattes, sur une paroi rendue en plus glissante par une fine pluie.


La randonnée vire au cauchemar quand, dans un passage compliqué, Romain glisse – heureusement sans se faire mal - et perd son sac qui dévale près de vingt mètres ! Jugeant qu'il devient trop dangereux de continuer, nous décidons de rebrousser chemin jusqu'au camp de base. Le vent est tellement violent que nous mettons plus d'une heure pour parcourir un kilomètre, les rafales les plus violentes nous plaquant carrément au sol !


Décidément, le vent de Patagonie, que ce soit à vélo ou à pied, ne veut pas me lâcher !
Après nous être remis de nos émotions au camp de base, nous nous mettons en route pour regagner El Chalten. Nous devons encore lutter contre ce vent d'une force incroyable pour traverser un plateau, puis rester vigilant une fois dans la forêt, plusieurs arbres bougeant dangereusement.
De retour à El Chalten, nous apprenons que les vents ont été enregistrés à près de 140 km/h, un des jours de vent les plus forts depuis plusieurs mois !

Le lendemain, le vent est complètement tombé et le soleil rayonne dans le ciel d'El Chalten. Frustré par cette randonnée avortée - même si la décision de rebrousser chemin était la bonne - je profite de ces conditions parfaites pour entreprendre en solo une marche menant en quelques heures au pied du sublime Fitz Roy. Une journée magnifique qui se prolonge tard, très tard, avec une fête jusqu'au bout de la nuit qui clôt de belle manière mes quatre jours à El Chalten.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire