mardi 25 octobre 2011

Au pays des volcans

Nous quittons le poste frontière de Chungara au petit matin, alors que la file de camion en attente pour entrer au Chili est toujours aussi longue. De notre côté nous n’avons pas prévu de passer tout de suite en Bolivie. Nous quittons la route pour emprunter une piste sablonneuse longeant la frontière sur près de deux cents kilomètres. Dès les premiers hectomètres, les paysages sont à coupper le souffle puisque nous longeons pas moins d’une dizaine de volcans - presque tous culminant au-delà des 6.000 mètres – dont un crache des fumerolles.




Mais ma progression est rendue difficile par la pente et le sable. Même après avoir dégonflé mes pneus, j’éprouve la plus grande difficulté à avancer.


Je dois réglièrement pousser et c’est avec soulagement que j’entrevois la fin de la montée. Cepndant, je me dis que la traversée du Lipez va être compliquée…
Après quatre kilomètres de descente dans laquelle je prends un vrai plaisir à piloter ¡Caramba!, nous arrivons aux termes de Polques. Naturels et en plein air, ces termes sont pour nous l’occasion de nous laver pour la première fois depuis le départ d’Arica. Nous avons, de plus, la chance d’être seuls pour profiter pleinement de ce bain à 40 degrés tout en admirant les volcans aux alentours.


Après une heure de pause, nous reprenons notre route sur cette belle piste déserte. Evoluant au coeur du Parc National Las Vicuñas (du nom de l’animal la vigone), celle-ci nous offre de sompteux paysages. Nous pouvons également voir de très nombreuses tornades, dont certaines, mesurant plusieurs dizianes de mètres de haut traversent la route juste devant nous. A cet instant, c’est “Le bonheur au bout du guidon” pour reprendre le titre d’un célèbre récit de voyage à vélo de Cristophe Cousin !


La fin de journée est rendue plus difficile par une piste fortement dégradée par de la “tôle ondulée”. Mais la magie du paysage est la plus forte et nous fait avancer jusqu’au coucher du soleil où nous plantons les tentes juste au bord de la route et ce, sans aucune crainte puisqu’il n’y a tout simplement personne.



La magie se poursuit le lendemain. Après une brève montée, nous découvrons l’immense étendue blanche du Salar de Surire, le premier salar du voyage me concernant. A l’entrée du Salar, nous tombons sur un gardien qui nous précise qu’il n’est pas possible de rouler dessus. Le salar est en effet exploité pour l’antimoine et surtout pour le sel lui-même, qui contient du lithium, utilisé pour les batteries de nos téléphones portables et appereils photos notamment. Etant moi même utilisateur de ces appareils, je ne peux pas m’insurger contre cette situation, mais en même temps, vu le rythme effréné des aller-retours de camions, je ne suis pas certain qu’il restera grand chose du salar dans quinze ou vingt ans.

Le gardien nous explique également, en nous montrant le poste des Carabineros, que même s’il nous laissait passer, cela serait une très mauvaise idée. Le salar est en effet un important couloir pour le traffic de drogue entre le Chilie et la Bolivie toute proche. Et les carabineros n’hésitent visiblement pas à tirer dès qu’ils aperçoivent quelqu’un de non acrédité sur le salar. Nous apprenons ainsi que la veille, un bolivien a été arrêté avec vingt kilogrammes de cocaïne en sa possession.
Nous suivons donc gentiment la piste officielle faisant le tour du salar et ne le regrettons pas car l’extrêmité sud du salar n’est pas encore exploitée et demeure donc sauvage. Il nous est notamment donné d’admirer de très nombreux flamants roses et vigones.


En quittant le salar, nous entamons une longue et difficile montée nous menant à 4.600 mètres où je dois pousser ¡Caramba! à de nombreuses reprises. Mais là encore, les paysages sont magnifiques et très différents de ceux de la veille. Durant la montée, nous avons également la chance de pouvoir observer le vol d’un couple de condors.




Nous entamons ensuite une superbe descente nous menant à un cirque entouré de volcans, dont le sublime Volcan Isluga. L’endroit est idéal pour camper et c’est avec l’un des plus beaux couchers de soleil du voyage que nous savourons un maté de coca bien mérité.




La nuit a été bonne et étonnamment chaude pour un bivouac à 4.200 mètres. Le lever du soleil est tout aussi sublime que ne l’a été le coucher et c’est donc plein d’entrain que nous nous mettons en route, malgré une piste encore plus mauvaise que la veille. Nous devons notamment affronter une section interminable de tôle ondulée en faux plat montant de près de trente kilomètres.



Dans ces paysages désertiques, nous ne croisons personnes. Comme depuis notre départ d’Arica, la plupart des villages indiqués sur ma carte sont soit abandonnés soit inexistants. Et lorsqu’ils existent ils ne sont souvent composés que d’une ou deux maisons.



Heureusement, nous avions pris nos précautions en emmenant beaucoup de vivre. Mais après une semaine de nourriture lyophilisée, nous rêvons d’un vrai bon repas. Ca sera normalement pour ce soir, à Colchane, à la frontière bolivienne.
En milieu de journée, je commence à avoir mal aux yeux. J’ai déjà eu plusieurs fois cette douleur, probablement due à la combinaison d’un air très sec, d’une forte luminosité et de beaucoup de poussière. Mais contrairement aux autres fois, la douleur ne disparaît pas, au contraire, elle s’intensifie. Au bout d’une heure et  demie, la douleur est si forte que je ne peux plus pédaler. Je suis contraint de m’arrêter et de m’abriter de longues minutes sous ma veste, faute d’ombre naturelle. Je rince abondamment mes yeux à l’aide de serum physiologique et nous nous remettons en route. Mais rapidement, la douleur revient, insuportable. Je vis un véritable calvaire toute l’après-midi et c’est avec soulagement que nous atteignons Colchane, dernier village chillien avant la frontière, vers 17h00. Je rentre vite dans le seul restaurant du village pour fuir le soleil. Nous commandons également chacun un énorme plat de riz, frites, oeufs et légumes que nous engloutissons en quelques minutes.
Nous prenons ensuite la direction de la frontière bolivienne, distante de seulement quelques kilomètres. Le vent souffle tellement fort que nous n’avons pas besoin de donner un coup de pédale pour arriver au poste frontière.


L’accueil des douaniers, chiliens comme boliviens, est chaleureux. Histoire de les mettre complètement dans la poche, je les laisse faire un petit tour de ¡Caramba! Résultat, ils nous donnent un visa de 90 jours au lieu des 30 normalement accordés. Nous les quittons avant que la nuit ne tombe et rejoignons le tout proche village de Pisiga Bolivar. Nous percevons tout de suite une différence avec la population péruvienne. Les Boliviens semblent plus réservés et plus respectueux que les Péruviens. Nous traversons ainsi le village sans entendre voler un seul “Gringo”. Puis, lorsque nous nous arrêtons devant notre hôtel, les personnes s’approchent timidement et entament la discussion sans avoir besoin de toucher le vélo ! Enfin, ils ne viennent pas nous déranger pendant que nous sommes en train de manger quand les Péruviens venaient sans complexe s’asseoir à notre table alors même que l’on pouvait voir que l’on était affamés et épuisés. Malgré tous les défaults cités qui fait aussi leur charme, je ne voudrais pas que l’on pense que j’ai une dent contre les Péruviens qui m’ont réservé un accueil fabuleux pendant trois mois. Par ailleurs, il faut nuancer mes propos sur les Boliviens car si les hommes se montrent forts chaleureux avec nous, ça n’est pas du tout le cas des femmes qui sont d’une froideur extrême et même d’une grande brutalité dans leur manière de se comporter avec nous, à la limite de l’impolitesse. Il paraìt d’ailleurs qu’en Bolivie, ce sont les femmes qui portent la culotte …

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