vendredi 2 septembre 2011

En route vers la cité perdue des Incas

Malgré une forte chaleur, je reprends la route en début d’après-midi  car je n’ai pas envie de m’attarder à Nazca. Après m’être difficilement frayé un chemin au milieu du trafic dense, je rejoins la route, beaucoup plus tranquille, de Cusco, distante de 660 kilomètres. A partir de là, j’entame une folle remontée de plusieurs dizaines de kilomètres qui va me mener de 600 à plus de 4.500 mètres d’altitude! Mais après seulement quelques kilomètres, et alors que la pente n’est pas encore très prononcée, je suis contraint de faire déjà une pause car il fait vraiment trop chaud. Heureusement peu de temps après, un vent frais se lève me permettant de repartir rapidement. Douze kilomètres après la sortie de Nazca, un panneau annonce une route sinueuse sur une cinquantaine de kilomètres : les choses sérieuses peuvent commencer! Je progresse à bonne allure (8 km/h) et prends rapidement de l’altitude. Seul bémol, j’ai une fringale anormale qui m’oblige à m’arrêter très régulièrement. Après une trentaine de kilomètres (et 1.000 mètres de dénivelé), je monte ma tente au crépuscule en bord de route.

Après avoir avalé 300 grammes de pates accompagnées de sauce tomate et trois paquets de gateau, je me couche, repus! Je dors très mal, réveillé régulièrement par de violentes douleurs d’estomac.

Je me lève tôt, aux alentours de 5h30, car le soleil se lève ici une heure plus tôt que ce que j’ai connu jusqu’à présent. De plus, je veux éviter les fortes chaleurs, même si en gagnant de l’altitude, je devrais trouver un peu de fraîcheur. Malheureusement, même en partant à 6h30, la chaleur est dèjà incroyable (+ de 25 degrés). De plus, la pente s’accentue fortement et pour couronner le tout je n’ai plus d’eau. L’ascension est donc très pénible, d’autant plus que je continue de souffrir de douleurs abdominales. Heureusement que j’évolue dans des paysages fabuleux.



Après trois heures d’effort, j’atteins enfin un hameau dans lequel je peux me ravitaller et trouver un peu de fraicheur. Mais les crampes d’estomac sont toujours là. De plus, je suis écoeuré en permanence, ce qui m’empèche de m’alimenter normalement.
Diminué, je reprends la route mais progresse désormais à moins de 5 km/h. A midi, j’atteins un autre village et décide de m’y arrêter car malgré l’altitude, il fait toujours aussi chaud. Je commande une assiette de riz dans une auberge mais ne parvient à avaler que quelques bouchées. Je décide alors de faire une sieste de près de deux heures, à l’ombre. Au réveil, je ne me sens pas mieux, mais avance tout de même tant bien que mal. C’est épuisé que je me pose au bord de la route pour la nuit, après avoir parcouru seulement 49 kilomètres en plus de sept heures.

Je suis tout de même satisfait car j’ai grimpé 1.900 mètres de dénivelé et me trouve donc à 3.500 mètres d’altitude. La sensation d’écoeurement étant toujours aussi forte, je me contente de quelques galettes sucrées pour le dîner et me couche rapidement.  La nuit n’est pas meilleure que la précédente.

Le lendemain, je poursuis mon ascension dans un état de fatigue avancé. Heureusement, il fait enfin plus frais et de plus à 11 heures, après 100 kilomètres de côte ininterrompue et 3.500 mètres de dénivelé, j’arrive enfin au col, situé à plus de 4.100 mètres.


J’entame alors une descente de 25 kilomètres …


... avant d’en remonter autant, mais sur une pente moins prononcée.  Je me sens toujours aussi mal, mais j’essaie de penser à autre chose. Les nombreux encoragements que je reçois durant le trajet y contribuent et, une nouvelle fois, on me donne des fruits. Puis, enfin, j’aperçois la ville de Puquio que j’atteins au termes de dix kilomètres de descente. Je décide de prendre un hôtel pour me reposer. Mais, malgré la prise de médicaments, mon état ne s’améliore pas. Je dors très mal et me demande quand ces douleurs vont passer car je ne vais pas pouvoir continuer très longtemps avec une alimentation réduite à quelques galettes par jour. Le matin, je rencontre dans la cour de l’hôtel un texan qui voyage en moto.


Ce sera le premier d’une longue série car toute la journée, je croise des voyageurs en moto, par groupe de deux ou trois. Il est vrai que, pour ceux qui rechignent à voyager en vélo, la moto me semble vraiment être l'autre moyen idéal de découvrir cette région.
Je passe une nouvelle journée difficile, mais sur une route magnifique qui me mène de 2.300 mètres à 4.500 mètres d’altitude.

En fin de journée, j’arrive sur un plateau m’offrant une vue époustouflante sur cinq lagunes, des sommets enneigés, d’autres de couleurs ocre ou noire, avec la superbe luminosité de fin de journée. Peut être le plus beau paysage qu’il m’ait jamais été donné de voir (évidemment en photo, ça ne rend pas du tout pareil!)




Je m’arrête ici sans hésitation pour installer mon bivouac. Je monte rapidement la tente car à cette altitude il ne fait pas chaud.


Le lendemain matin est tout aussi fabuleux. En sortant de la tente, couverte de givre, une épaisse brume confère une atmosphère magique au lieu.



Après quelques kilomètres, le brouillard se lève et je peux de nouveau profiter d’un somptueux panorama qui me fait quelque peu oublier les douleurs, toujours présentes.




J’évolue sur ce plateau pendant une quarantaine de kilomètres avant de plonger dans une vallée au paysage très différent.


S’en suit une ascension de huit kilomètres que j’effectue avec beaucoup de difficultés car je n’ai plus du tout d’énergie. Arrivé au col, je m’octrois une petite sieste très vite avortée par … un orage de grèle! J’effectue toute la descente dans des conditions dantesques et j’avoue que j’ai adoré!
Au fur et à mesure de la descente, la grèle se transforme en pluie et c’est sous des trombes d’eau, à la tombée de la nuit que je plante la tente entre la route et le précipice. Les douleurs sont beaucoup moins fortes mais je suis encore écoeuré et ne peux donc pas vraiment m’alimenter normalement.

Je passe enfin une bonne nuit et savoure donc pleinement les 40 kilomètres de descente jusqu’à Chalhuanca où je m’offre, pour la première fois depuis plusieurs jours, un vrai repas pour le petit déjeuner (truite accompagné de riz, tomates et oignons, le petit déjeuner typique ici). Le reste de la journée est tranquille puisque la route est un long faux plat descendant longeant une rivière. En revanche, je crève quatre fois du pneu avant droit. Le fort vent qui souffle, s’il a l’avantage de me rafraîchir, ramène en effet de très nombreuses épines sur la route. A la quatrième crevaison, qui intervient en fin d’après-midi, je décide de me poser car j’ai épuisé toutes mes chambres à air de rechange. Les bords de la rivière contistuent un emplacement idéal de bivouac qui me permet en plus de prendre un bon bain!

Le lendemain matin, je poursuis ce faux plat descendant pendant une vingtaine de kilomètres avant d’attaquer, sous une grosse chaleur, une terrible remontée d’une dizaine de kilomètres jusqu’à Abancay où j’arrive à midi. Je décide de m’y arrêter et de prendre un hôtel car j’ai vraiment besoin de reprendre des forces. D’autant plus que les 200 derniers kilomètres menant à Cusco sont terribles. Je découvre une ville à l'atmosphère vivante et très agréable et reste finalement une seconde nuit.
Je reprends donc la route demain matin en direction du Machu Picchu que je pense atteindre dans quatre jours.

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