mercredi 1 février 2012

L'enfer de la Route 40 !

Arrivé dans la ville de Perito Moreno – qui n'a rien à voir avec le mondialement connu glacier du même nom, situé à 700 kilomètres de là -, je me ravitaille et décide de m'engager dans cette aventure mais sans réelle conviction. Mon enthousiasme modéré est réduit à néant par une crevaison intervenant quelques kilomètres après la sortie de la ville. Puis, le coup de grâce. Je découvre, médusé, que toute la bande de roulement de mon pneu droit est complètement usée, alors même que j'ai changé ce pneu il y a moins de 1.500 kilomètres ! Je remonte alors mon vieux pneu que j'avais gardé par précaution en espérant qu'il tiendra.

Alors qu'une partie de mon cerveau me dit de retourner à Perito Moreno pour passer la nuit et faire le point, un autre partie me pousse à continuer. J'écoute cette dernière et progresse rapidement, porté par un fort vent de dos. Après une quinzaine de kilomètres, je réalise que je ne suis pas sur la bonne route. Je n'ai alors pas d'autre choix que de faire demi-tour, avec vent de face donc. Je paie ainsi très cher cette erreur de parcours et met près de trois heures pour regagner Perito Moreno où je passe la nuit dans un camping abandonné.

Je réfléchis une bonne partie de la nuit sur la suite à donner au voyage : prendre un bus jusqu'à El Chalten ou tenter l'aventure à vélo. C'est cette dernière option que je choisis. Je sais que cela va être difficile mais je suis venu ici pour faire du vélo, pas pour prendre le bus.

Dès la sortie de Perito Moreno, je me retrouve complètement seul. Devant moi, s'étend à perte de vue la pampa. Un peu de musique « péchue » dans les oreilles me donne le courage de m'élancer sur la Ruta 40 pour 700 kilomètres de désert.
Les premières heures se passent bien. Je suis porté par un vent de trois-quart dos et un paysage magnifique. Car à cet endroit, la pampa est encore un peu vallonnée avec des collines multicolores. Ce décor me rappelle l'outback australien de la région de Coober Peddy alors même que la Patagonie chilienne – distante de quelques kilomètres - m'a fait penser à la Nouvelle-Zélande.




L'enchantement ne dure cependant pas longtemps. Après soixante kilomètres, la route change de direction et je dois désormais affronter un terrible vent de trois-quart face. Trente kilomètres plus loin, la situation ne s'arrange pas puisque l'asphalte fait place à une piste très mauvaise, avec un revêtement de grosses caillasses reposant sur un sol sableux. Je regrette alors de n'avoir pas pris le bus. Et l'auto-stop n'est pas envisageable car il n'y pas personne sur cette route. La seule solution pour sortir au plus vite de ce cauchemar est donc d'avancer. Sur ma carte, un village est indiqué à 130 kilomètres de Perito Moreno. Peut-être pourrais-je prendre le bus là-bas. Je me fixe donc comme objectif de l'atteindre ce soir. J'y arrive à 23h00, épuisé après plus de douze heures de pédalage. A mon arrivée, tout le village dort déjà. Le vent souffle tellement fort qu'il est inimaginable de planter la tente. Je trouve donc refuge derrière une haie à la sortie du village et dort à la belle étoile après m'être cuisiné rapidement 500 grammes de pâtes. Je me lève à l'aube et découvre un village minuscule où aucun bus ne s'arrête. Je n'ai pas le choix, il me faut continuer.

Malgré un vent toujours aussi fort, ma deuxième journée commence un peu mieux puisque je retrouve une route asphaltée.


Mais cela ne dure pas et très vite, je retrouve un ripio d'une très mauvaise qualité. En réalité, tout le tronçon de la Route 40 que j'emprunte est en travaux et devrait être asphalté dans quelques années. En attendant, la circulation s'effectue sur une piste parallèle provisoire pour laquelle aucun travail d'entretien n'est effectué. En plus du vent et de la caillasse, je dois donc composer avec les engins de chantier qui me recouvrent de poussière à chaque manœuvre.
Pour couronner le tout, j'évolue désormais sur une interminable ligne droite. En fin de journée, alors que je roule sur cette ligne droite depuis plus de sept heures, des ouvriers travaillant à la construction de la route me proposent de partager avec eux un maté. Pendant ce moment de convivialité - véritable institution en Argentine – ils m'indiquent un lieu à quelques kilomètres de là où je pourrais dormir à l'abri du vent.
L'endroit, en effet, est bien abrité, mais beaucoup trop petit pour planter la tente. Tout comme la veille, je me couche la tête dans les étoiles. Cette nuit à la belle étoile me permet aussi d'admirer un fabuleux lever de soleil. C'est certainement ce ciel magique de Patagonie qui me donne la force de continuer.

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