jeudi 5 janvier 2012

Des lacs en veux-tu en voilà !

Je commence 2012 comme j'ai terminé 2011, en randonnant. La marche du jour, beaucoup moins physique que celle de la veille, me mène de lacs en lacs, tous plus beaux les uns que les autres.




Cependant, sans vraiment comprendre pourquoi, cette marche me rend mélancolique. Peut-être parce qu'après six mois de voyage, je commence à être très fatigué. Le bénéfice des trois semaines de pause a vite été effacé. J'ai de plus en plus de mal à me lever chaque matin même si, une fois sur le vélo les paysages fantastiques me font oublier la fatigue. Mais ma motivation est plus forte que jamais et j'atteindrai Ushuaïa quoi qu'il arrive !

Je profite d'un dernier bain dans le Lac Tinquilco avant de reprendre le lendemain la route en direction de Pucon. Je longe ensuite le Lac Villarica puis me dirige plein Sud pour gagner les rives du Lac Calafquen, à une trentaine de kilomètres de là, où je m'installe pour une nouvelle nuit en bord de lac.



La région dans laquelle j'évolue désormais fourmille en effet de lacs. Surnommée la région des Sept lacs, il y en a en réalité des dizaines. Le nom de la région des Sept Lacs provient d'une curiosité géologique puisque sept de ces lacs communiquent entre eux. Ainsi, le lac Pellaifa se déverse dans le lac Calafquen qui, lui même, se déverse dans le lac Panguipulli. Le lac Lacar reçoit lui les eaux du lac Neltume puis se déverse dans le lac Pïrihueico, dont les eaux se déversent aussi dans le lac Panguipulli. Finalement, le Rio Enco porte les eaux du Panguipulli jusqu'au lac Rinihue puis le Rio San Pedro porte ces eaux jusqu'à l'océan Pacifique.
Alors que pour beaucoup, la région des Sept Lacs est synonyme d'Argentine, il est intéressant de noter que six de ces sept lacs se situent au Chili (seul le Lacar est en Argentine). Simplement, le Chili, beaucoup mieux organisé de manière générale que l'Argentine, est en revanche très mauvais en matière de tourisme. Et pourtant, ce pays est un paradis pour les amoureux de grands espaces...

Du Lac Calafquen, j'ai prévu de rallier le lac Pirihueico. La route, se faufilant entre lacs et montagnes s'annonce magique. Au bout de cinq kilomètres, je croise deux cyclistes du coin qui me conseillent de passer par l'autre rive du lac, la route étant aussi belle mais asphaltée alors que celle que je m’apprête à prendre est une piste en très mauvais état. Une fois n'est pas coutume, je fais confiance aux locaux et repart donc en arrière. Comme annoncé, la route est superbe. Je longe d'abord le lac Calafquen, avant d'arriver au Panguipulli.



Je longe alors pendant une quarantaine de kilomètres ce lac somptueux, un des plus grands et des plus beaux de la région.



Mais la route est difficile car, moi qui était venu trouver la fraîcheur dans cette région des lacs, je dois composer une nouvelle fois avec une chaleur étouffante. Une chaleur inhabituelle et jamais vue depuis de très nombreuses années d'après les habitants des lieux. De plus, la route est usante car composée d'une succession de montées et descentes courtes mais présentant de forts pourcentages. En fin de journée, l'asphalte fait place à un une piste pleine de caillasses qui prend rapidement l'allure d'une montée interminable. Deux jours après, je revis le même scénario que pour rejoindre le lac Tinquilco. Je suis assoiffé et épuisé mais je veux arriver au lac Pirihueico ce soir. A la faveur d'une température devenue nettement plus supportable, j'arrive à Puerto Fuy au coucher du soleil. Ici se termine la route. Celle-ci reprend une quarantaine de kilomètres plus loin, à Puerto Pirihueico, de l'autre côté du lac. De là, l'Argentine n'est qu'à quelques coups de pédales.

La seule manière de se rendre à Puerto Pirihueico est d'embarquer sur un ferry partant chaque matin à 8h30. C'est la raison pour laquelle je voulais être à Puerto Fuy ce soir car je ne peux pas me permettre de rester un jour ici.
Après un repas rapidement avalé, je m'installe sur la plage et attends que les derniers jeunes quittent le lieu pour me plonger dans mon duvet, à la belle étoile à même le sable de Puerto Fuy et la tête dans les étoiles.


Une courte nuit et me voilà sur le ferry pour 1h30 de traversée. Le lac Pirihueico est superbe, étroit et tout en longueur.


Malgré le fort vent, je passe toute la traversée sur le pont avant pour admirer ces paysages vierges.


Sur l'autre rive, je découvre une piste aussi mauvaise que celle empruntée la veille. Je mets ainsi près d'une heure et demie pour parcourir les onze kilomètres séparant Puerto Pirihueico de la frontière argentine. Après avoir écourté la sieste du douanier qui ne doit pas avoir grand chose à faire de ces journées, j'obtiens mon visa et me voici pour la deuxième fois en Argentine. Mais je ne vais y rester que peu de temps, la boucle que j'ai prévu de faire avant de retourner au Chili ne devant me prendre que deux ou trois jours.

La piste, plate, longe désormais le lac Lacar sur toute sa rive Nord, jusqu'à San Martin de Los Andes. Ou tout du moins, c'est ce qui est indiqué dans mon guide. Car la réalité est toute autre. Après cinq kilomètres, la piste s'éloigne du Lacar et s'élève, avec certaines portions à plus de 10 % d'inclinaison et un revêtement très mauvais. Je n'avais plus rencontré ce type de piste depuis l'Equateur et cela ne me manquait pas vraiment ! De plus, mon pneu arrière, après 9.000 kilomètres parcourus, commence sérieusement à manquer d'adhérence, compliquant quelque peu ma tâche. Enfin, comme je pensais boucler rapidement ce tronçon et arriver à San Martin de Los Andes en début d'après-midi, je n'avais pas emmener beaucoup de réserves, en particulier d'eau. Erreur de débutant que je ne devrais pas commettre après six mois de voyage... Je rallie finalement la ville en début de soirée assoiffé (une nouvelle fois!).


Alors que je tourne à la recherche d'un camping, je tombe sur trois cyclotouristes belges voyageant d'Ushuaïa à Quito. Ils m'apprennent que le camping le plus proche est à une quinzaine de kilomètres et que les hôtels sont très chers dans cette région, l'une des plus touristiques d'Argentine. Comme ils sont épuisés, il vont quand même se payer un hôtel. Pour ma part, je m'y refuse. Je les quitte et poursuis ma recherche. Finalement, des locaux m'indiquent qu'il est possible de camper gratuitement à l'une des extrémités de la plage. C'est du camping sauvage mais la police le tolère à condition de ne pas monter de tente.
Avec les pesos ainsi économisés, je me paie un bon morceau de bœuf argentin dans un restaurant puis, une fois la nuit tombée, je gagne mon lieu de bivouac. Quelques autres voyageurs désargentés sont déjà là dont deux windsurfers argentins voyageant en van et avec qui je passe une sympathique soirée. J'accroche ¡Caramba! et mes sacoches à l'aide mon alarme sonore - celle-ci délivre 110 décibels si on coupe le fil ou si on tente de forcer le boîtier - et vais m'installer à quelques mètres de là, sur la plage. Je m'installe dans mon duvet dans lequel je fourre également tous mes objets de valeur et tente de dormir malgré un fort vent et la présence de jeunes faisant la fête sur la plage.

Au milieu de la nuit, je me réveille en sursaut. Mais rien de grave, ça n'est qu'un jeune, sans doute un peu saoul, qui a failli me marcher dessus. Avant de me rendormir, je vérifie tout de même que toutes mes affaire sont là : ¡Caramba! : oui, les sacoches : oui, mes chaussures : oui, mes lunettes … non ! Cette espèce d'enf##ré m'a fauché mes lunettes de vue ! Je me lève et essaie de retrouver cet imbécile mais dans la pénombre et sans mes lunettes, j'abandonne vite cette poursuite vouée à l'échec. J'ai du mal à me rendormir, un peu amer de ce qui vient de m'arriver. Certes, ces lunettes étaient veilles et j'ai une paire de rechange mais, contrairement au vol de l'appareil photo qui au moins fait un heureux, mes lunettes ne vont lui servir à rien. Je suis d'ailleurs certain qu'il les a jetées quelques mètres plus loin.

Je me réveille à l'aube et recherche, en vain, mes lunettes aux alentours de mon lieu de bivouac. J'abandonne assez vite cette impossible quête du Graal et profite de mon lever matinal pour faire une révision de ¡Caramba! Je change notamment tout le train de pneus, Rébecca m'ayant apporté trois beaux pneus Schwalbe - introuvables ici - lors de sa visite en novembre dernier.

Après avoir fait le PLEIN de réserves d'eau et de nourriture, je repart en empruntant la célèbre « Ruta de los Siete Lagos », qui doit me mener à Villa La Angostura, avant de regagner le Chili.

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