Il a plu toute la nuit et au lever, le temps n’est pas meilleur. Je finis de préparer le chargement en discutant avec trois hommes descendu d’un bus pour en prendre un autre. Je découvre en effet que, la veille, je me suis arrêté près d’un croisement de deux routes.
Les premiers kilomètres s’effectuent lentement car la piste redevient très mauvaise et la pente se fait plus raide. Au bout de quelques kilomètres, la route que j’emprunte ressemble davantage à un chemin qu’à une piste, avec tantôt des passages très caillouteux, tantôt des bourbiers dans lesquels je consomme une grande énergie pour avancer à moins de 6 km/h.
Je croise de nombreux ouvriers – qui veulent tous poser en photo avec moi - car la route est en construction.
Je croise de nombreux ouvriers – qui veulent tous poser en photo avec moi - car la route est en construction.
Au bout de 15km, je crois être sorti d’affaire car il me semble apercevoir de l’asphalte. Et ça en est bien, mais il est liquide! Et l’asphalte liquide, c’est comme du pétrole: c’est visqueux et ça s’incruste partout! Je ne m’explique pas la présence de l’asphalte à cet endroit, peut être un essai des ouvriers en charge de la construction de la route. Quoi qu’il en soit après un kilomètre je retrouve presque avec joie la piste défoncée. Mais le mal est fait. En plus de la boue, mon vélo et une partie de mes vêtements sont recouverts de cette saloperie (désolé mais je ne vois pas d’autre mot). Et en plus de tacher, l’asphalte liquide sent extrêmenent fort. J’ai l’impression de respirer à la sortie d’une pompe à esssence.
La piste monte encore pendant plus de 10 kilomètres. Au total, depuis mon départ ce matin, je n’ai parcouru que 31 kilomètres de pistes, dont 26 en montée, en cinq heures. Mais enfin j’aperçois le début de la descente de 20 km qui doit me mener à Gualaquiza, mon lieu de bivouac. Mais au bout de seulement 500 mètres de descente, j’entends un frottement sur la roue arrière. Au début, je pense que cela provient du garde-boue qui a souffert des vibrations engendrées par les secousses de la piste. Je le règle donc et repars, mais le frottement est toujours là. Je me rends compte finalement compte qu’un pan entier du porte-bagages s’est détaché. J’enlève alors tout mon chargement pour le remonter correctement. Mais là, catastrophe – jamais qu’une de plus me direz-vous! -, les deux pas de vis arrières gauche et droite lachent : concrtètement, je visse dans le vide, ce qui signifie que le porte-bagages n’est absolument pas fixé. Vous pouvez imaginer mon désarroi à ce moment là : grimper pendant cinq heures et être obligé de pousser son vélo en descente : le pire cauchemar! En plus je dois manoeuvrer délicatement pour ne pas endommager le flanc droit de mon pneu sur lequel vient s’appuyer le porte-bagages. Au bout de dix minutes, un pick-up s’arrête pour me proposer son aide, que j’accepte avec plaisir. Je découvre alors la descente que j’aurais du effectuer en vélo : 10 km de pistes puis 10 km de bonne route, mi-frustré, mi-soulagé d’avoir trouver de l’aide sur cette route peu fréquentée. Mon sauveur du jour s’appelle Jayme et comble de l’ironie, il supervise la construction de la route. Il m’explique qu’il s’agit du dernier tronçon non asphalté de la route principale de 800 km de long traversant l’Oriente. Car oui, j’étais sur la route principale de la región! Je comprends dès lors mieux pourquoi il n’y a pas de touristes car les trajets sont longs, compliqués et inconfortables. L’amélioration des routes semble d’ailleurs une des priorités de Rafael Correa, le président de l’Equateur, car depuis le debut de mon périple, j’ai croisé un nombre incroyable d’ouvriers travaillant à la réparation ou la construction des routes, ce que me confirme Jayme.
Nous rejoignons d’abord le QG local de l’entreprise de BTP où la cuisinière nous prépare un copieux et délicieux déjeuner que j’engloutis rapidement car j’étais affamé. Puis il appelle le technicien en charge de la maintenance des machines qui examine mon vélo pour voir ce que l’on peut faire. Le problème en effet cette fois-ci, c’est qu’il ne s’agit pas d’une pièce défectueuse que l’on peut changer facilement, mais d’un défaut dans le cadre lui-même. Rendez-vous est pris le lendemain matin pour “opérer” mon vélo. En attendant, Jayme me dépose à un hotel de Gualaquiza. Malgré la crasse, la boue, l’asphalte, l’accueil est encore une fois chaleureux. Et je profite du jet d’eau de l´hôtel pour nettoyer ¡Caramba!
Gualaquiza est une bourgade de quelques milliers d´habitants sans grand charme. Les étrangers doivent y être vraiment rares car je suis dévisagé par toutes les personnes que je croise. En ce samedi soir, on ne peut pas dire que la ville est très animée. Je peine à trouver un endroit ouvert pour dîner. Je rentre à mon hôtel de bonne heure et en profite pour faire une lessive à la main de mes vêtemnents couverts de boue en espérant pouvoir repartir demain matin…
Ce blog est vraiment énorme :
RépondreSupprimerA quel autre endroit aurais-je appris que le président de l'Equateur est Rafael Correa ?
Sans compter toutes les incroyables aventures de Dimitri et de son trike.
Adrien et Marie