vendredi 27 janvier 2012

Carretera Austral, deuxième tentative !

¡Caramba! ressuscitée par Docteur Luis, je peux m'embarquer sur le ferry pour Chaitén afin de reprendre mon voyage là où je l'ai arrêté.
Arrivé au petit matin à Chaitén, je me mets immédiatement en route, non sans une certaine appréhension, ne sachant pas si la réparation va tenir sur cette route éprouvante pour le matériel qu'est la Carretera Austral. Je roule prudemment, à l'écoute du moindre bruit suspect et passe le virage où j'ai cru que l'aventure était terminée avec soulagement. Il ne s'agit cependant pas de s'emballer car après trente kilomètres l'asphalte fait place à une piste caillouteuse assez dégradée.

Je me fais dépasser par quatre cyclistes chiliens et un brésilien rencontrés sur le bateau. Ceux-ci me doublent presque sans un mot. Alors qu'au Pérou ou en Bolivie la rencontre d'un cycliste constituait l'événement de la journée, ici ça n'est pas le cas. Sur cette route magique, deux types de cyclistes se côtoient ainsi : ceux voyageant depuis de long mois – on les reconnaît aisément avec un matériel usé et une longue barbe - et ceux effectuant uniquement le trajet de la Carretera Austral. Alors que les premiers s'arrêtent systématiquement à la vue d'un vélo, les seconds vont rarement plus loin qu'un rapide salut.

Arrivé en fin de journée à Villa Santa Lucia, un village sans charme fondé en 1982 dans le cadre de la construction de la route, je m'arrête seulement le temps de faire le plein de provisions. Pourquoi payer pour un camping miteux dans village glauque - comme ont prévu de le faire les autres cyclistes - alors que quelques kilomètres plus loin, un magnifique endroit au bord du Rio Frio n'attend que moi ?


Le lendemain, sous un soleil radieux, je m'élance sur la Carretera encore plus prudemment que la veille car la piste est de plus en plus en plus dégradée. Le profil de la route - une succession de montées et descentes - n'arrange pas non plus mes affaires. J'ai tellement peur de briser de nouveau mon cadre que j'effectue les descentes agrippé aux freins. Résultat, je mets plus de huit heures pour parcourir une soixantaine de kilomètres et rallier le village de la Junta où je retrouve le cycliste brésilien. Cette fois, je me paie un camping pour prendre une bonne douche chaude. C'est aussi l'occasion de rencontrer d'autres voyageurs – cyclistes et backpackers - avec qui je passe une agréable soirée.

Les jours suivant, la Carretera se fait de plus en plus sauvage. J'enchaîne les panoramas somptueux, me donnant l'occasion d'admirer lacs, montagnes et fjords.






Le spectacle est rendu encore plus beau par un grand ciel bleu m'accompagnant la plupart du temps et un trafic quasiment inexistant. Chaque bivouac me donne également l'occasion de profiter de sublimes couchers de soleil et de ciels étoilés d'une rare intensité.
Emporté par la magie des lieux et des longues journées de l'été austral, j'effectue de longues étapes - plus de huit heures de pédalage chaque jour -, me permettant de rattraper le retard pris avec mon avarie. Cinq jours après mon départ de Chaitén, j'arrive ainsi à Coyhaique. Une arrivée en fanfare, mon compteur affichant désormais dix mille kilomètres parcourus.

Située exactement au milieu de la Carretera Austral, Coyhaique est la seule véritable ville de la Patagonie chilienne. Point de passage obligé pour les voyageurs en transit vers le nord ou le sud du Chili, ou vers l'Argentine, la ville est très touristique. Après plusieurs jours de solitude, le retour à la civilisation est donc quelque peu brutal. Malgré les hordes de touristes je décide de faire étape ici car j'ai besoin de me reposer. Je m'installe dans une chambre d'hôtel, la première depuis Santiago du Chili. Mais après un mois sous tente ou à la belle étoile, j'ai perdu l'habitude de dormir entre quatre murs. Je passe de très mauvaises nuits, pris dans des rêves de claustrophobie où les murs se rétrécissent jusqu'à m'écraser ! Cette pause à Coyhaique me permet tout de même de reprendre des forces, notamment en dégustant de délicieuses truites dont les environs regorgent et qui attirent d'ailleurs des amateurs de pêche sportive du monde entier.

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