dimanche 25 septembre 2011

La chasse au caïman !

Posés à une terrasse de restaurant donnant sur – la tranquille – Plaza de Armas de Puerto Maldonado, nous dégustons un délicieux jus de copahuasu, un fruit de la même famille que la fève de cacao. Puis nous organisons notre séjour dans la jungle. Christoph, qui a voyagé en sac à dos en Amérique du Sud il y a trois ans, est déjà venu ici et connaît un guide dont il a gardé un bon souvenir. Nous le retrouvons et coup de chance, il nous propose un départ pour le lendemain. Comme son tour partirait quand même sans nous, nous négocions un bon prix. Nous le faisons encore baisser en proposant de dormir sous tente plutôt qu'en lodge. Le séjour de cinq jours nous revient ainsi à 220 dollars chacun, contre 700 normalement.

Nous laissons nos montures à notre backpacker et embarquons donc dès le lendemain dans une pirogue à moteur avec deux autres touristes, Stewart et Heather - quinquagénaires canadiens forts sympathiques -, un guide, un aspirant-guide et deux motoristes. Nous commençons par descendre pendant plus de quatre heures le Madre de Dios, un des principaux affluents de l'Amazone.


Le fleuve est d'une largeur impressionnante et donne une idée de la taille gigantesque de l'Amazone, qu'il rejoint à Manaus.

Dès les premiers miles, nous rencontrons de nombreuses plateformes artisanales de chercheurs d'or, qui semblent avoir envahi le fleuve, avec toutes les conséquences néfastes que l'on connaît, notamment du fait de l'utilisation massive de mercure.
Nous remontons ensuite le Rio Heath, un affluent du Madre de Dios marquant la frontière entre la Bolivie et le Pérou. Si nous ne passons pas officiellement la frontière, nos passeports sont tout de même contrôlés par l'armée bolivienne. Le Rio Heath est sauvage et le niveau d'eau est assez bas en cette fin d'hiver rendant la navigation difficile. Régulièrement, les motoristes doivent descendre du bateau pour pousser la pirogue, bloquée par de nombreux bancs de sable.


Nous proposons de les aider mais le guide nous le déconseille fortement, nous expliquant que le fleuve est habité par des stingrays et des anguilles électriques, deux espèces pouvant être mortelles pour l'homme.
Plus nous progressons, plus nous rencontrons de difficultés. Le crépuscule approchant et la pirogue n'étant pas équipée pour naviguer de nuit, le guide décide de nous faire camper sur une plage, au bord du fleuve. Pour Stewart et Heather qui devaient dormir dans un lodge, c'est un peu la douche froide. Christoph et moi sommes au contraire ravis de cette expérience, malgré la présence de très nombreux moustiques qui, de plus, peuvent représenter une menace sous ces latitudes.

Nous reprenons la pirogue à l'aube, nous permettant de profiter d'un fabuleux lever de soleil accompagné par d’innombrables et incroyables cris d'animaux. Après trois heures de navigation, nous arrivons à une cabane flottante servant de poste d'observation ornithologique. Je m'installe sur un tabouret et fixe la paroi rocheuse en face de moi.


Pour l'instant, il ne se passe absolument rien, mais on me promet un grand spectacle. Celui-ci ne tarde en effet pas à arriver. Progressivement, des dizaines de perroquets dont les sublimes - et gigantesques, jusqu'à 80 centimètres de hauteur – perroquets Macaw, au plumage bleu et rouge, viennent s'accrocher sur cette paroi, appelée Collpa. Ce qu'ils viennent chercher ici est assez surprenant de prime abord. En effet, en les observant aux jumelles, je constate qu'ils mangent la roche ! Celle-ci contient du sel et de nombreux minéraux, essentiels à la digestion de ces oiseaux dont le régime alimentaire est principalement composé de fruits dont l'acidité attaque leur estomac. Le spectacle est fascinant et se termine brutalement par un magnifique envol groupé afin d'échapper à la menace d'un aigle.




Nous nous enfonçons ensuite dans la forêt amazonienne pour une marche, dont chaque minute est pour moi un émerveillement. On sent ici toute la force et la diversité de la nature. L'extraordinaire variété de sons, d'odeurs et de couleurs met tous mes sens en éveils.


Il m'est ainsi donner d'admirer plusieurs espèces de singes ...



... des dizaines d'insectes, parfois énormes et que je n'ai jamais vu jusqu'à présent, et des arbres incroyables soit par leur taille ...

...soit par leur forme comme cet arbre dont le tronc se divise en plusieurs parties à l'approche du sol, afin de pouvoir se mouvoir pour mieux capter la lumière du soleil !


Après plusieurs kilomètres de marche, nous débouchons sur une plaine immense car la forêt amazonienne est aussi naturellement – j'entends par là hors déforestation humaine - composée d'immenses étendues de pampas. Une cabane construite dans l'un des seuls arbres de cette pampa nous permet d'admirer le vol des perroquets regagnant leur nids, juste avant le coucher du soleil. Nous rentrons par le même chemin, avec un nouveau spectacle fascinant. La marche s'effectue en effet de nuit, nous donnant l'occasion de découvrir de nouveaux sons, les animaux diurnes ayant cédés la place aux espèces nocturnes. Marcher à la lueur de la frontale et des nombreuses lucioles est une expérience unique procurant une réelle excitation, excitation renforcée par le danger, même s'il est infime, que représente une telle entreprise.

Le lendemain, après une nouvelle journée fabuleuse passée dans la forêt et alors que nous dînons, Christophe, l'aspirant-guide et moi, sur la pirogue, nous apercevons dans l'obscurité, à quelques mètres du bateau, deux yeux oranges. Pas de doute, il s'agit d'un caïman ! Nous nous saisissons d'une lampe torche et découvrons non pas un mais toute une famille de caïmans blancs, le père, la mère et deux petits. Le caïman blanc vit dans les rivières et les fleuves et est moins dangereux que son homologue noir qui vit, lui, dans les lacs et les marécages. Le spécimen mâle que nous avons sous les yeux doit mesurer environ deux mètres, la femelle, 1m50 et les deux petits, une quarantaine de centimètres.


Dans un élan de folie, Christoph tente d’attraper un des petits mais sa tentative est vite avortée par la boue dans laquelle il se retrouve enfoncé jusqu'au genoux. Après un bon fou rire, il arrive à se dégager et à récupérer … ses tongues ! Car, oui, Christoph était parti à la chasse au caïman en tongues !

Nous passons les deux derniers jours au bord du Lago Sandoval, un magnifique lac situé à deux kilomètres de marche des bords du Madre de Dios, à une dizaine de kilomètres de Puerto Maldonado.



La faune et la flore sont, encore une fois, à couper le souffle. Et les conditions d'observations sont idéales puisqu'ici, point de bateau à moteur, mais de petites barques.


Sur le chemin du retour à Puerto Maldonado, nous admirons le tout nouveau pont enjambant le Madre de Dios, inauguré il y a peine deux semaines.


Représentant le dernier tronçon de la route Interocéanique, ce pont est une révolution pour les habitants des deux rives. S'il a mis une centaine de famille vivant de la traversée du fleuve au chômage, il devrait aussi offrir de nouvelles et nombreuses opportunités aux populations de cette région, jusqu'à présent très isolée. Les échanges avec le Brésil devraient en particulier se multiplier puisque la frontière n'est qu'à une centaine de kilomètres de là. En attendant, c'est l'attraction où chacun se doit de se faire prendre en photo par l'un des photographes officiels alors que les ouvriers - encore présents sur le site - passent les dernières couches de peintures.

Ce séjour dans la jungle, qui n'était pas prévu, a été fabuleux. Merci donc à vous pour ce superbe cadeau car c'est bien avec la cagnotte que vous m'avez offerte lors de ma soirée de départ que je me suis payé ce tour. J'en garderai un souvenir impérissable...

1 commentaire:

  1. Putain, il est bon ton récit de l'aventure dans la jungle.
    ça fait plaisir pour toi :

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