samedi 15 octobre 2011

¡Chao Perú!

Aux termes d’une courte mais belle étape, nous arrivons donc à Arequipa la Blanche. La ville est surnommée ainsi pour ses belles maisons en sillar, une roche volcanique de couleur … blanche. Arequipa est en effet entourée de trois volcans, le Chachani, le Pichupichu et le Misti. Ce dernier est aussi beau - avec son cone parfait culminant à 5.825 mètres - que dangereux puisqu’il est encore actif. Malgré cette menace nous ressentons dès notre arrivée dans la ville une grande douceur de vivre. Arequipa, deuxième ville du pays avec environ un million d’habitants, est pleine de charme avec ses ruelles étroites, ses édifices coloniaux et son panorama splendide. Le climat doux et sec règnant ici et la tranquillité des Arequipeños achèvent de me conquerir. Beaucoup plus calme que Lima, c’est ainsi sans aucune crainte que nous y circulons en vélo.





Arrivés en début de matinée, nous gagnons immédiatement la Plaza de Armas où, une fois n’est pas coutume, nous pouvons nous reposer sans etre assaillis de questions. Deux heures plus tard, nous y retrouvons Bruno, qui nous a gentiment proposé de nous héberger durant notre séjour ici.



Rencontré sur warmshowers.com, un site communautaire de voyageurs à vélo, Bruno est en effet lui aussi cycliste. Il a notamment réalisé  l’an passé un voyage de près de dix mille kilométres à vélo en Chine, Asie du Sud-Est, et en Inde.
Médecin dans une mine de cuivre - un métal présent en abondance ici -, Bruno vit dans une très agréable villa située dans les quartiers chics d’Arequipa avec sa mère et son frère ainé. Leur accueil est fabuleux ; ils nous reçoivent comme des princes. En plus de nous offrir le confort matériel, Bruno prend le temps de nous montrer sa ville (en vélo!) et de nous guider dans le dédale des petites échoppes de la ville pour résoudre nos multiples problèmes mécaniques et techniques.
Christoph doit en effet réparer ses chaussures de vélo et renforcer son guidon, fragilisé par plusieurs chutes.

Il a aussi besoin de trouver des pneus crantés pour le Lipez car le paquet envoyé par ses parents à Bruno n’est jamais arrivé.
De mon coté, un de mes appareils photos et mon Ipod ne fonctionnent plus, et mon ordinateur a “bugué” de joie aprés la victoire contre l’Angleterrre en quart de finale de la Coupe du monde de rugby (la seule actualité que je suis meme si les matchs se déroulent pour moi en pleine nuit!)

Le vendredi soir, nous célébrons le trente-cinquième anniversaire de Bruno (et accessoirement la victoire du Pérou face au Paraguay lors de la première journée des éliminatoires de la coupe du monde de football 2014 au Brésil!) en compagnie de quelques-uns de ses amis, autour de quelques verres de Colca Sour. Variante du Pisco Sour, le Colca Sour se dstingue par l’utilisation de sancayo, un fruit de cactus de la région très proche du kiwi au lieu du citron vert et c’est un délice!


Avant de quitter Arequipa, je n’oublie pas de gouter les spécialités culinaires locales, notamment le Rocotto Relleno (poivron farci) et le filet d’Alpaga, une viande délicieusement tendre. Je consacre aussi une demi-journée à la visite de l’immense et magnifique Couvent Santa Catalina, une véritable petite ville au coeur de la ville dont je peux profiter, pour mon plus grand bonheur, en toute tranquillité. Car en ce début de mois d’octobre, le touriste se fait rare.

 


Mais après cinq jours de pause, il est temps de reprendre la route et de rejoindre la cote désertique menant au Chili car mon visa arrive à son terme. 




Une journée nous est nécessaire pour atteindre les bords de l’Océan, que Christoph n’a pas vu depuis six mois, dans le nord de la Colombie.



La route longeant le Pacifique - nouvellement asphaltée - est superbe et sauvage mais difficile. S’y enchainent en effet montées et descentes courtes (700-800 mètres) mais très pentues (8 à 10 %).




Malgré la difficulté, notre envie de passer rapidement la frontière nous fait progresser à bon rythme et après plus de neuf heures d’effort, nous arrivons à Ilo où les pompiers nous offrent l’hospitalité.



Le lendemain, la route s’aplanit quelque peu mais nous devons composer avec un fort vent de trois quart.




Nous évoluons dans des paysages désertiques, sans apercevoir une habitation, jusqu’en fin d’après-midi où nous arrivons au village de Boca del Rio qui semble lui aussi désert, comme vidé de ses habitants. En arrivant à la Plaza de Armas, nous trouvons finalement un peu de vie. On nous apprend que le village est une station balnéaire animée seulement pendant les deux mois d’été, mais morte le reste de l’année. 

Situé à une cinquantaine de kilomètres de la frontière chilienne, ce village constitue notre ultime étape au Pérou. Pour feter notre dernière soirée dans le pays, nous nous payons un festin. L’occasion de faire découvrir à Christoph le ceviche, le meilleur plat de la cuisine péruvienne pour moi. Car, honte à lui, en trois mois Christoph n’a pas gouté une seule fois ce plat de poisson cru (ou de fruits de mer) mariné dans du jus de citron vert et du vin blanc, et relevé d’oignons et de piment. Certainement la différence entre le Français et le Suisse, car comme le dit Christoph, “le Suisse n’est pas gourmet, sauf pour le chocolat”!
Après un dernier verre de Cusqueña, la bière la plus populaire du pays, nous allons nous coucher dans la salle municipale dont le gardien nous a chaleureusement ouvert les portes pour la nuit.

Le lendemain, c’est sous un superbe soleil que nous prenons la direction de la frontière. Une fois passé le dernier village, la route devient très mauvaise, à l’image des relations entre les deux pays, en particulier dans cette région.



Car cette zone a été l’objet d’une guerre entre les deux pays en 1880, à l’issue de laquelle le Chili a annexé la province de Tacna. Cette situation a ensuite perdurée pendant près de cinquante ans, précisément jusqu’au 28 aout 1929 où la population a décidée par référendum de réintégrer le Pérou.

Nous arrivons finalement au poste frontière en milieu de journée où nous changeons nos dernières Soles contre des Pesos. Je garde cependant dix soles avec moi pour payer l’amende de dépassement de séjour (un dollar par jour, sans aucune autre conséquence, je vous rassure) car la date d’expiration de mon visa est passée depuis deux jours. Finalement, personne ne me dis ni ne me demande rien et ce n’est pas sans une certaine émotion que je fais tamponner mon passeport, après avoir parcouru dans le pays près de 4.700 kilomètres en 92 jours. Je suis ainsi resté beaucoup plus longtemps que prévu au Pérou et je devrai peut etre modifier mon itinéraire pour atteindre Ushuaua dans les temps. Mais je ne regrette absoluement pas car ce pays est d’une richesse et d’une diversité incroyable et me laissera des souvenirs fabuleux.

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